La pandémie de Covid-19 a de graves répercussions sur les humains en perturbant les normes sociales/sociétales, éducatives et médicales. Plus de 2,5 millions de personnes sont décédées dans le monde à cause de la Covid-19, et de nombreux anciens malades en ressentent encore les effets secondaires plusieurs mois après avoir contractés la maladie. Cependant, un des effets secondaires de la Covid-19 est le nombre de décès qui ne sont pas directement liés au virus. Dans cet article, nous faisons la lumière sur les effets négatifs de la Covid-19 sur la qualité de vie des actuels et futurs patients atteints de cancer.
La pénurie de personnel, le confinement et la distanciation sociale ont considérablement réduit le nombre de diagnostics et le niveau de prise en charge du cancer.
Durant les vagues successives de la pandémie de Covid-19, le personnel hospitalier a été confronté à différents problèmes. Les lits des unités de soins intensifs étaient fortement occupés par des patients atteints de Covid-19, ce qui limitait grandement les capacités, à la fois en termes d’équipements et de personnel. La situation a encore été aggravée par le fait que le personnel était souvent testé positif au Covid-19 et devait donc se mettre en quarantaine. Le manque de personnel a entraîné l’impossibilité d’assurer un service normal, avec des salles d’opération fermées, des programmes de dépistage raccourcis et des diagnostics reportés. En conséquence, la détection des cas de cancer a été plus faible et les débuts de traitement ont été retardés, ce qui a entraîné une baisse de la qualité de vie et un taux de mortalité plus élevé pour les patients.
Outre le diagnostic et le traitement, le niveau de prise en charge du cancer doit être considéré. Le monde a été témoin d’une adaptation rapide et sans précédent de la numérisation des soins médicaux, la télémédecine ayant fait son apparition au premier plan. Bien que la Covid-19 soit à l’origine de ce changement positif, l’utilisation des systèmes à distance est biaisée par les différences sociales et n’est pas répandu de manière égale au sein de la population. De plus, dans la prise en charge du cancer en particulier, l’interaction personnelle est essentielle lors des premiers contacts avec les professionnels de santé afin d’établir une relation de confiance. Même lorsque les rendez-vous en face à face sont possibles, le port du masque peut perturber la communication et affaiblir la confiance, ce qui entraîne une diminution de la qualité de la prise en charge.
En conclusion, la pandémie de Covid-19 a réduit le nombre de patients diagnostiqués, diminué les taux de survie et la qualité de vie des patients.
La pandémie de Covid-19 et la pénurie de lits de soins intensifs qui en a suivi ont entraîné une réduction du nombre d’interventions chirurgicales essentielles pour les patients atteints de cancer.
« Un retard de trois mois seulement dans les opérations chirurgicales pourrait entraîner plus de 4 700 décès en Angleterre de patients avec des cancers aux stades 1 à 3. »
En raison des problèmes décrits précédemment, et notamment le manque de personnel pour gérer les salles d’opération, de nombreuses procédures chirurgicales non essentielles, mais également certaines essentielles, ont dû être annulées ou reportées. Cette situation affecte tous les types d’interventions chirurgicales, mais a un effet particulièrement dramatique dans le domaine de l’oncologie.
Les chiffres montrent qu’un retard de trois mois seulement dans les opérations chirurgicales pourrait entraîner plus de 4 700 décès en Angleterre de patients avec des cancers aux stades 1 à 3 (avec des variations en fonction du type de tumeur) et les taux de décès les plus élevés sont observés dans les cancers très agressifs, où même un court retard dans les opérations a un impact particulièrement négatif sur la durée de survie.
Pour de nombreuses tumeurs solides, une survie de 5 ans équivaut à une guérison. Les rapports antérieurs à la Covid-19 montrent que chaque chirurgie du cancer, tous cancers confondus, était responsable de 18 années de vie gagnée, alors qu’un retard de 3 mois de la chirurgie ferait chuter cette valeur à 17 et un retard de 6 mois à 15,9 années de vie gagnées.
Enfin, les retards ont également pour conséquence que les patients développent des stades plus avancés de leur cancer. Cela signifie non seulement que la survie est diminuée, mais aussi que les coûts des traitements ultérieurs sont plus élevés. De plus, le stade de la tumeur est beaucoup plus avancé et la qualité de vie des patients est fortement réduite.
La distanciation sociale augmente les facteurs de risque du cancer, entrainant une augmentation du nombre de patients atteints de cancer à l’avenir.
La troisième façon dont la pandémie de covid-19 a eu un impact sur la qualité de vie et le nombre de cas de cancer est la distanciation sociale. Il est désormais clair que de nombreuses personnes, seules chez elles, boivent plus d’alcool, fument plus qu’avant, et ne font plus de sport ou activité physique. On peut facilement imaginer que ces habitudes pourraient augmenter le nombre de cas de cancer dans un avenir (proche), car il s’agit de facteurs de risque du cancer, à l’opposé des actions de prévention. En bref, la pandémie de covid-19 va très probablement augmenter le nombre de cas de cancer à l’avenir.
En conclusion, l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les patients atteints de cancer est immense, la qualité de vie est fortement réduite, tout comme les résultats de guérison. Pour les patients dont les opérations sont reportées, la mortalité augmente et leur survie diminue. De plus, les hôpitaux et le système de santé supportent des coûts plus élevés dans le cas de reports/annulation des opérations ou des programmes de dépistage et diagnostic car ces patients se présenteront plus tard à des stades plus avancés. Les dépistages, les diagnostics et les opérations chirurgicales dans les parcours de soin doivent donc être maintenus à tout prix pour éviter une crise du cancer après la crise de Covid-19.
A propos de l’auteur
Volker, Grand Explorateur Oncologie dans l’équipe Santé d’Alcimed en Allemagne