Pour permettre l’utilisation d’un médicament à l’hôpital, celui-ci doit être inscrit sur une liste appelée liste des « médicaments agréés aux collectivités ». Certains de ces médicaments sont réservés à l’usage hospitalier et leur utilisation en dehors des hôpitaux est strictement interdite. Ceux qui ne le sont pas peuvent faire l’objet d’un « passage en ville » et devenir disponibles pour les patients ambulatoires dans les officines de ville. Pour cela, ils doivent être inscrits sur la liste « ville ». On observe ces dernières années une politique dite de « virage ambulatoire » ayant pour objectif d’améliorer le parcours de soins et générer des économies pour le système de santé. C’est dans cette tendance que s’inscrit ce processus de passage en ville des médicaments hospitaliers. Dans quel contexte s’effectuent les passages en ville ? Alcimed a décrypté 3 éléments de contexte essentiels.
1. Dans ce virage ambulatoire, la loi de « simplification de l’action publique » oblige le passage en ville de certains médicaments
En juin 2021 a pris effet la mesure de la loi du 7 décembre 2020 dite de « simplification de l’action publique » concernant les médicaments non réservés à l’usage hospitalier.
La loi exige dorénavant que :
« toute demande d’inscription sur la liste collectivités d’une spécialité n’étant pas classée dans la catégorie des médicaments réservés à l’usage hospitalier devra être accompagnée d’une demande d’inscription sur la liste ville » [1]
Avec cette loi, le gouvernement affiche sa volonté d’externalisation des produits hospitaliers, en ligne avec sa politique de virage ambulatoire.
2. La mise en place d’un parcours de soins coordonné avec un suivi du patient est clé dans la réussite d’un passage en ville
Le parcours de soins intra-hospitalier présente un certain nombre d’avantages comme le contrôle des soins prodigués et la centralisation des données. Il permet également une action groupée des différents professionnels de santé et assure le suivi du patient, réduisant le risque d’évènements indésirables.
Lors du passage en ville d’un médicament, les différents acteurs constituant le nouveau parcours de soins n’ont pas nécessairement l’habitude de travailler ensemble et n’ont par définition pas pour habitude d’utiliser le médicament. Ce phénomène est susceptible de générer un parcours de soin décousu dans lequel le patient ne retrouve pas le suivi et la confiance qu’il avait lorsqu’il était pris en charge à l’hôpital.
Dans ce virage ambulatoire, la nécessité de mettre en place un parcours de soins coordonné associée à la formation des professionnels de santé et l’éducation thérapeutique des patients est clé pour éviter des potentiels évènements indésirables.
3. Les acteurs de santé, patients et autres parties prenantes sont réceptifs au virage ambulatoire
Les gagnants d’un passage en ville sont dans la plupart des cas les patients qui voient leur qualité de vie s’améliorer et la possibilité pour certains d’une réinsertion dans la vie sociale. Mais ce parcours de soins nécessite aussi la participation active des professionnels de santé, nécessaire à son bon déroulement.
Ayant à cœur l’intérêt des patients avant tout, les médecins, pharmaciens et infirmiers sont favorables au virage ambulatoire sous réserve d’un parcours de soins coordonné qui permettra aux patients de retrouver une vie sociale plus stable et une hausse de leur qualité de vie. Cependant, il est important de noter que trois obstacles peuvent parfois dissuader les officines de villes :
- La trésorerie : les officines de villes peuvent manquer de liquidité pour des commandes isolées de médicaments onéreux.
- Le stockage : certains médicaments nécessitent des installations de stockage dont certaines officines ne disposent pas (stockage en condition de très basses températures par exemple).
- Le remboursement : une officine de ville ayant commandé un médicament onéreux, mais finalement invendu ne sera pas remboursé par la sécurité sociale qui ne prend en charge que les ventes effectives.
Ainsi, de nombreux éléments de contexte sont à prendre en considération lors de l’évaluation du passage d’un médicament depuis l’hôpital vers la ville. En dépit de la volonté du gouvernement et des acteurs de santé de promouvoir un virage ambulatoire, la réalité des parcours de soins et des questions financières associées peuvent se dresser comme de réels défis. Vous êtes une entreprise pharmaceutique disposant de produits hospitaliers et vous vous posez la question de passer un produit hospitalier en ville ? Si c’est à explorer, Alcimed peut vous accompagner.
A propos de l’auteur,
Julien, Consultant au sein de l’équipe Santé d’Alcimed en France
[1] https://webzine.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2012-07/notice_depot_ct_v27072012.pdf