Cross-sectoriel
Monkeypox : 3 inconnues qui inquiètent au sujet de cette maladie qui gagne du terrain
Quels défis majeurs pose l'épidémie de Monkeypox aux autorités de santé publique et à l'industrie des soins de santé ?
La nervosité des derniers mois semble disparaitre alors que la variole du singe (Monkeypox) fait encore souffrir dans de nombreux pays et pourrait ressurgir à plus grande échelle. Découverte chez le singe au Danemark en 1958 et après un premier cas humain en 1970, cette maladie virale zoonotique est restée longtemps oubliée, hormis quelques cas sporadiques suite à des voyages dans certains pays d’Afrique sub-saharienne où elle était considérée comme maladie endémique rare. Au printemps 2022, le virus se propage au sein de la communauté des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) « à risques » suite à des rassemblements festifs, pour atteindre son pic au cœur de l’été. Alors que 97% des contaminations concernent la communauté des HSH, des campagnes de vaccination ont été mises en place pour endiguer le phénomène. Aujourd’hui l’épidémie semble s’essouffler, cependant les raisons de croire qu’il ne faut pas la considérer comme une maladie révolue sont nombreuses. Elle pourrait régulièrement ressurgir de manière locale et se propager à nouveau, notamment hors de la communauté HSH « à risques ». La prévoyance est donc de mise pour cette année 2023. Alcimed s’est penché sur l’évolution possible de la pandémie de Monkeypox et a recensé 4 scénarios envisageables.
« Avec déjà 136 000 doses administrées, la France est le pays européen avec le plus fort taux de vaccination. »
La première vague de contaminations débute au mois de mai 2022, suite à plusieurs cas isolés en Europe et aux USA. La propagation de la variole du singe accélère après de grands rassemblements festifs alors que le virus est rapidement identifié comme Orthopoxvirus par la communauté scientifique. Des campagnes de prévention et de vaccinations sont déployées de manières inégales à l’échelle mondiale pour endiguer l’épidémie naissante. Le pic de contaminations sera atteint durant l’été, pour un total de plus de 80 000 cas et moins de 50 décès à ce jour.
Parmi ces cas, de grandes différences de symptômes ont été constatées. Alors que le Monkeypox provoque une poussée de fièvre suivi de l’apparition de nombreux ganglions et d’éruptions cutanées, près de 50% des personnes infectées ne manifestent peu ou pas de symptômes.
Toutefois, la communauté HSH « à risques », attentive à sa santé et très encline à se faire vacciner, a pu bénéficier d’une réaction rapide de la part des autorités sanitaires. Avec déjà 136 000 doses administrées, la France est le pays européen avec le plus fort taux de vaccination, notamment grâce à un stock initial de vaccin antivariolique en prévention d’une attaque bioterroriste, et à l’achat de plus de 250 000 doses pour contrer la propagation de la variole du singe et reconstituer ses stocks.
Bien que la quasi-totalité des cas soient répertoriés après un contact rapproché lors d’un rapport sexuel, la variole du singe n’est toujours pas considérée comme une infection sexuellement transmissible, au grand dam des associations LGBTQ+ qui luttent activement auprès des HSH.
Alors que le nombre de contaminations diminue en Europe, l’OMS rapporte que certains pays d’Amérique du Sud connaissent encore un fort taux de propagation de la variole du singe à l’instar du Brésil et de la Colombie où les cas ont respectivement explosé en Juillet et en Septembre. Ce qui mène la communauté scientifique à travers les derniers chiffres de l’OMS corrélés aux récentes projections court terme du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) à envisager quatre scenarii, du moins probable au plus évident.
Parmi les explications qui étayent ce quatrième scénario, les rassemblements festifs à risques, plus nombreux au retour du printemps, pourraient favoriser la reprise épidémiologique de la variole du singe alors que la baisse de la vigilance et le ralentissement des vaccinations sont déjà constatés.
Également, le risque d’une rétro-zoonose, qui consiste en la constitution d’un réservoir de la maladie dans le milieu sauvage, est bien réel et empêcherait l’éradication rapide du virus Monkeypox.
Enfin, la question du calendrier vaccinal pourrait être la plus importante. Alors que très peu de deuxièmes doses ont été administrées dans le monde, le schéma de vaccination complet nécessite un booster après deux ans pour prétendre à une immunisation totale. Or, on constate que ni les gouvernements, ni même les associations LGBTQ+ ne semblent sensibilisés sur le sujet.
La combinaison de ces différents facteurs ne peut que conforter les experts dans leurs prévisions, tandis que le variant Monkeypox « CLADE I », 10 fois plus mortel et qui sévit au Congo depuis des années pourrait bien venir jouer les trouble-fêtes.
Après une montée en flèche au début de l’été, la mise en place des mesures de prévention et de vaccination contre la variole du singe aura permis de contenir la propagation du virus à seulement 80’000 cas dans le monde. La guérison, censée être immunisante, aura certainement joué son rôle face à un virus qui mute peu. Si il n’est pas surprenant que la révélation au grand public de cette nouvelle épidémie au sortir du Covid-19 ait semée la panique, la désinvolture qui s’en suit pourrait sonner le retour de virus dans les prochains mois… Alcimed a suivi de près l’évolution de ce virus avant même l’apparition des premiers cas dans le monde occidental. Très impliqués dans les maladies rares nous pouvons vous accompagner dans la compréhension de ce phénomènes épidémiologiques.
A propos de l’auteur,
Lucas, Consultant, et Quentin, Responsable de Mission au sein de l’équipe Sciences de la Vie d’Alcimed en Suisse
Vous avez un projet d’exploration ?
Nos explorateurs sont prêts à en discuter avec vous