Foudroyante et potentiellement mortelle, la méningite bactérienne continue de toucher environ 500 personnes par an en France, laissant des séquelles. La vaccination protégeant contre le sérogroupe C est disponible depuis 2010 et est devenue obligatoire en 2018 avec des résultats encourageants. Les autres vaccins existants sont aujourd’hui recommandés uniquement aux populations à risque. Faut-il aller plus loin ? Alcimed fait le point.
Qu’est-ce que la méningite bactérienne ?
La méningite correspond à une infection des méninges, membranes enveloppant notre système nerveux central. La plupart des méningites sont causées par un virus et sont majoritairement bénignes. Plus rares et plus dangereuses, les méningites peuvent également être d’origine bactérienne et sont alors mortelles dans 10% des cas. La bactérie Neisseria meningitidis est la principale responsable de ces infections invasives à méningocoques. Il existe 6 sérogroupes, les plus fréquents en France étant les sérogroupes B, C, W et Y. Ces infections touchent en particulier les nourrissons et les adolescents/jeunes adultes. Le nombre de cas de méningite bactérienne à méningocoques étant relativement réduit à l’échelle de la population française – environ 500 cas par an – difficile de faire des statistiques ! On note cependant que le sérogroupe B est à l’origine d’environ la moitié des cas en France depuis plusieurs années et affecte essentiellement les enfants de moins de 1 an. Ensuite viennent les sérogroupes C et W, et l’on observe très récemment ce qui semble être une inversion de tendance : alors que la circulation du sérogroupe C diminue, les cas de méningite bactérienne ayant pour origine le sérogroupe W sont en croissance. L’épidémiologie de ces sérogroupes demeure toutefois imprévisible d’une année à l’autre.
Comment lutter contre les méningites à méningocoques ?
La forme la plus sévère, le purpura fulminans, peut mener au décès du patient en l’absence d’une prise en charge dans les heures qui suivent l’infection. Par ailleurs, fait trop peu relayé, 10 à 20% des patients guéris développent des séquelles lourdement invalidantes sur le long terme, allant de la surdité à la cécité, aux problèmes neurologiques jusqu’à l’amputation de membres nécrosés. Pourtant, le diagnostic de la méningite bactérienne à méningocoques demeure délicat. Les premiers symptômes typiques : forte fièvre, raideur de nuque, photophobie, voire dans les cas de purpura, des plaques violacées sur les membres et le buste qui ne s’estompent pas à la palpation, demeurent insuffisamment connus du grand public. Mais surtout, les schémas sont rarement typiques et la maladie peut être confondue avec bien d’autres causes, dans les premières heures. Le vaccin est par conséquent un dispositif de prévention central pour combattre les méningites bactériennes.
Quelle vaccination contre la méningite bactérienne à méningocoques en France ?
Le vaccin monovalent contre le sérogroupe C est recommandé en France à 12 mois depuis 2010. Il est devenu obligatoire en janvier 2018 avec 2 injections à 5 et 12 mois. Le taux de couverture, relativement faible avant 2018, est alors passé à 78,6% des bébés de 24 mois vaccinés d’après Santé Publique France. Les professionnels de santé se félicitent de la couverture atteinte et observent des effets qui semblent bénéfiques : le recul du nombre de cas liés à ce sérogroupe est net, passé chez les moins de 1 an de 15 cas en 2017 (11% des cas) à 4 cas en 2018 (6,7% des cas), et au global sur tous les âges de 145 cas en 2017 (28% des cas) à 60 cas en 2018 (13% des cas). Dès lors se pose la question d’étendre la vaccination aux autres vaccins disponibles : les vaccins monovalents contre le sérogroupe B et les vaccins quadrivalents contre les sérogroupes A, C, W et Y, aujourd’hui recommandés et remboursés uniquement pour les populations particulières à haut risque telles que les personnes aspléniques ou voyageant en zones endémiques.
Quelles prochaines étapes pour la vaccination ?
Les professionnels de santé sont globalement favorables à une vaccination contre la méningite étendue, afin d’augmenter la prévention et d’éviter des décès et des prises en charges de séquelles à long terme. La recommandation et le remboursement de la vaccination pour tous repose sur des critères exigeants quant à la sécurité et l’immunogénicité des produits disponibles, mais aussi sur la question de l’impact budgétaire attendu. Si le coût de la vaccination est clair, celui du fardeau évité reste complexe à évaluer, d’autant plus ici du fait du mauvais suivi et de la sous-documentation des séquelles liées aux méningites à méningocoques. Cependant, le contexte actuel très particulier de pandémie a considérablement rebattu les cartes. La posture vis-à-vis des vaccins pourrait en ressortir transformée.
La Haute Autorité de Santé a publié en mai dernier deux notes de cadrage pour enclencher la révision du calendrier vaccinal français concernant les infections invasives à méningocoque. Un premier pas en avant très encourageant. Affaire à suivre !
Ce sujet vous intéresse ? Découvrez notre projet de « feuille de route européenne sur les vaccins » développé pour la Fédération Européenne des Industries et Associations Pharmaceutiques (EFPIA).
A propos des auteurs :
Benjamin, Consultant dans l’équipe Sciences de la Vie d’Alcimed en France
Christelle, Responsable de Mission dans l’équipe Sciences de la Vie d’Alcimed en France