L’engagement RSE des parcs d’activités ? Depuis la loi NOTRe en 2015, les intercommunalités ont repris la compétence sur les parcs d’activités, faisant face à de nombreux défis pour redonner vie à ces zones et en faire un vecteur d’attractivité pour le développement économique territorial. De plus, dans un contexte de réindustrialisation et de souveraineté des territoires, avec 100 Md € prévus par le plan France Relance entre 2020 et 2022 par exemple, les zones d’activités offrent un potentiel certain pour la relocalisation des entreprises. Pour répondre à ces enjeux, l’équipe Innovation & Politiques Publiques d’Alcimed vous proposent d’explorer dans quelle mesure la RSE est un facteur clé de renouvellement des zones d’activités en France.
Le dilemme des parcs d’activités pour les collectivités
En plein essor depuis les années 1950, les parcs d’activités ont longtemps représenté un emblème de modernité et d’attractivité pour les territoires. On estime que la France compte près de 32 000 zones d’activités économiques, qui couvrent environ 450 000 hectares. Pourtant, force est de constater que l’enthousiasme initial s’est essoufflé avec le temps : vieillissement des bâtiments, sous-occupation des locaux, sentiment d’insécurité, mauvaise connexion aux réseaux informatiques, manque de services proposés aux salariés… Les parcs d’activités n’ont plus autant bonne presse qu’auparavant.
L’engagement RSE des parcs d’activités : nouveau levier d’action pour booster leur attractivité et en faire un vecteur de développement économique territorial
La nécessité d’intégrer les enjeux du développement durable dans les organisations publiques ou privées n’est plus à démontrer. L’application du concept de développement durable aux parcs d’activités se traduit par des mesures de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) permettant d’aménager de manière cohérente le territoire, en préservant le paysage et en améliorant la qualité de vie locale.
Au-delà de ces bénéfices sociétaux, environnementaux et économiques directs, mener une démarche RSE à l’échelle des parcs d’activités permet aux intercommunalités de :
- Faire un état des lieux de l’existant, en prenant du recul sur des actions isolées mises en place depuis plusieurs années par les entreprises installées, mais également sur les programmes déployés à l’échelle d’un EPCI pour la transition numérique, énergétique, la formation etc.
- Identifier des pistes de progrès pour développer de nouveaux atouts.
- Renforcer les partenariats en s’ouvrant à d’autres acteurs du territoire sur les questions de recyclage, d’inclusion des personnes en situation de handicap, d’accès à la culture, etc.
- Valoriser son engagement dans sa stratégie de marketing territorial, pour attirer de nouveaux prospects locaux voire internationaux.
- Saisir l’opportunité d’innover sur la question de la requalification nécessaire des zones d’activités, en les (re)connectant aux centres urbains.
Les 3 piliers d’une stratégie RSE de parc d’activités
La méthodologie classique de structuration d’une stratégie RSE consiste à décliner la norme internationale ISO 26000, qui propose 7 lignes directrices pour mettre en œuvre la responsabilité sociétale des entreprises. Pour les parcs d’activités, les parties prenantes sont multiples : aménageurs, concessionnaires, gestionnaires, dirigeants d’entreprises, associations d’entreprises, salariés et usagers. On peut alors imaginer 3 principaux piliers d’une stratégie RSE, à adapter selon les spécificités locales et les typologies de zones d’activités.
1er pilier RSE : la qualité du cadre de travail
La qualité de l’aménagement des parcs d’activités passe aussi bien par la présence de mobilier urbain, d’installations sportives, de conciergeries d’entreprise, ou encore l’organisation d’événements culturels. En effet, ces éléments contribuent fortement au bien-être et à l’épanouissement des salariés, en repositionnant les zones d’activités comme de nouveaux quartiers de ville.
L’évaluation du niveau de satisfaction des salariés des entreprises en présence et de leurs besoins doit permettre de faire monter régulièrement en gamme les parcs d’activités. Réciproquement, la qualité perçue des services proposés à l’échelle d’un parc d’activité devient un critère de choix pour l’implantation des entreprises.
Au-delà de l’aménagement, la capacité à mutualiser certaines offres, comme un catalogue de formations continues, voire à créer des synergies entre acteurs, contribue fortement à la montée en compétences des salariés. In fine, les expertises développées au sein des zones d’activités contribuent au rayonnement du territoire.
2ème pilier RSE : l’excellence environnementale
Du fait de la concurrence croissante entre les espaces résidentiels, agricoles, et économiques, avec toute la palette des zones d’activités (vocation artisanale, commerciale, industrielle, mixte…), l’équation à trouver pour la plus juste utilisation des espaces n’est pas simple.
Pourtant, il est possible d’optimiser un parc d’activités dès son aménagement : sobriété foncière, maîtrise des nuisances, qualité de l’insertion paysagère, préservation de la biodiversité, compensation de l’artificialisation des sols, gestion de la qualité de l’eau et de l’air, recours à des matériaux biosourcés voire de réemploi, ou encore production d’énergies renouvelables pour de l’autoconsommation, sont autant de pistes pour le développement durable des zones d’activités. Certains aménageurs de parcs d’activités vont même jusqu’à imposer des contraintes aux preneurs par le CPAUPE (cahier des prescriptions et recommandations architecturales, urbaines, paysagères et environnementales), afin de garantir la limitation de l’impact de la zone sur le long terme.
Est-il trop tard pour les zones existantes ? En moyenne, 1/3 des émissions de GES d’un parc d’activités proviennent des entreprises installées, en phase d’exploitation du parc [1]. Le partage de bonnes pratiques entre entreprises installées permet d’accélérer la mise en place d’actions individuelles voire collectives pour réduire l’impact des parcs d’activités et de leurs entreprises, comme une solution de covoiturage par exemple.
3ème pilier RSE : l’insertion de la zone d’activité dans son territoire
Les parcs d’activités engagés dans une démarche RSE sont assurément moteurs d’un développement économique cohérent. En effet, l’innovation qui découle d’une réflexion RSE permet de positionner les parcs d’activités sur des expérimentations vitrines pour les territoires, sur les questions d’ESS (économie sociale et solidaire), de nouvelles mobilités, ou encore d’EIT (écologie industrielle territoriale). Les parcs d’activités retrouvent une place centrale en exerçant leur rôle d’articulation des filières et de mise en relation d’acteurs complémentaires. De ces synergies émergent de nouveaux projets collaboratifs vertueux, vecteurs de valeur ajoutée sur les territoires.
Les parcs d’activités sont également en mesure de développer des actions de promotion de l’emploi, pour pallier les problématiques de recrutement de certains territoires ou secteurs d’activités.
Enfin, l’animation des parcs d’activités, compétence souvent mise de côté ou dont la gouvernance n’est souvent pas définie, reprend une place centrale dans une stratégie RSE jusqu’à en devenir le facteur clé de succès.
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Aller encore plus loin avec une labellisation régionale pour les parcs d’activités engagés dans une démarche RSE
A l’occasion du Grenelle de l’environnement en 2007, le groupe de travail mené par l’association Orée pour « promouvoir des modes de développement écologique favorable à la compétitivité et à l’emploi », constatait que seuls 0,5% des parcs d’activités étaient engagés dans des démarches de progrès et de gestion durable.
Depuis, quelques initiatives ont germé en France pour valoriser les parcs d’activités engagés dans une stratégie RSE. C’est par exemple le cas du label PARC+ en région PACA, qui a récompensé une vingtaine de parcs d’activités exemplaires depuis 2018. De son côté, la Région Normandie a lancé le 16 décembre 2021 son label Normandie ReSponsablE dont l’objectif est de promouvoir les parcs d’activités engagés dans une démarche RSE ambitieuse, initiative à laquelle Alcimed a eu le plaisir de contribuer.
Ces positionnements stratégiques régionaux démontrent le virage opéré pour tenter de mettre la transition écologique au cœur du développement économique des territoires. Ils viennent soutenir une orientation vers l’éco-conditionnalité des aides et des marchés publics. Développer une stratégie RSE apparait désormais comme un étape incontournable pour les zones d’activités de demain. Forte de notre expérience, notre équipe Alcimed est là pour vous accompagner à explorer cette terre inconnue.
A propos de l’auteure,
Raphaëlle, Consultante au sein de l’équipe Innovation et Politiques Publiques d’Alcimed en France
[1] Les impacts des zones d’activités, Guillaume Gacon, ECO2 Initiative, 29 septembre 2020