Gisement de valeur n°1 : Le “Licence to operate” ou la pérennisation des activités
Le premier gisement de valeur est le maintien de la « licence to operate », un concept de plus en plus répandu, qui traduit bien l’enjeu complexe auquel font face les industriels pour faire accepter et pérenniser leurs activités.
Licence to operate : Expression anglo-saxonne qui peut être traduite par “acceptabilité sociale d’opérer”. Désigne un processus par lequel une entreprise cherche à obtenir l’accord tacite des parties prenantes et des populations pour développer son activité économique.
Les entreprises qui intègrent le développement durable dans leur stratégie, en cherchant à conserver cette « licence to operate », assurent :
- La préservation des ressources naturelles dont dépendent leurs activités. Si tous les secteurs sont aujourd’hui face à la nécessité de réduire leurs émissions de GES afin d’atténuer le dérèglement climatique, pour le secteur et les industriels agroalimentaires, plus que tout autre, cela est
- L’adhésion de la société civile pour continuer à opérer. Consommateurs, citoyens et parties prenantes sont de plus en plus conscients des conséquences économiques, sociales et environnementales des activités agroalimentaires et ont des revendications nouvelles à ce sujet.
- Leur conformité réglementaire, en anticipant également les futures exigences, évitant ainsi les interruptions d’activité et les amendes potentielles. De plus, la concurrence qui ne jouerait pas le jeu en serait évincée ou affaiblie.
Gisement de valeur n°2 : L’optimisation opérationnelle et la réduction des coûts
Les industriels peuvent réduire leurs coûts en adoptant une stratégie RSE adéquate. Par exemple, l’efficacité énergétique (e.g. coût d’électricité, empreinte carbone) et la réduction des déchets peuvent entraîner des économies significatives.
De plus, les indicateurs, issus de la collecte et de l’analyse des données, sont de nouveaux supports d’interactions créatrices de valeur. Ils permettent d’optimiser les processus, fluidifier les échanges et réduire les coûts entre tous les acteurs de l’entreprise, de la filière et de la chaîne de valeur. Ils permettent aussi de piloter des démarches d’inventives (e.g. production de crédits carbone) poussant les utilisateurs à faire progresser leurs pratiques collectives. Enfin, l’adoption de nouvelles technologies devrait ouvrir de nouvelles voies d’optimisation et d’innovation.
Gisement de valeur n°3 : Le développement de nouveaux produits et services
Les entreprises peuvent développer de nouveaux produits et services à plus forte valeur ajoutée, mieux répartie entre les acteurs de la chaîne de valeur. Instigués par la prise en compte d’indicateurs de durabilité et combinés à une meilleure compréhension des clients et consommateurs (avec l’aide de l’analyse de données), ces nouveaux produits et services sont conçus par le biais de l’éco-conception et le recours à des approvisionnements plus durables.
De plus, de nouvelles opportunités résident notamment dans l’exploitation de nouvelles matières premières, les procédés de fabrication et la valorisation d’externalités. De plus, le modèle de l’« offset », ajoute une nouvelle source de revenus aux entreprises qui peuvent revendre des crédits carbone/environnement. Aujourd’hui, le marché mondial des crédits carbone est estimé à $0,6 Mds et devrait atteindre $50 Mds en 2030.
Gisement de valeur n°4 : La fidélisation des consommateurs
En rendant accessible des informations, par exemple la traçabilité, sur des plateformes tierces et/ou en se basant sur des méthodes scientifiques consensuelles, comme l’empreinte carbone, les industriels réduisent les asymétries d’information et offrent plus de transparence. Ils se prémunissent ainsi d’un sentiment de défiance de la part du consommateur et renforcent la relation de confiance avec la marque.
Les indicateurs et labels environnementaux (indice de recyclabilité, impact carbone) et éthiques (commerce équitable), dont l’accès est facilité par la mise à disposition d’une information « augmentée » en magasin ou en ligne, permettent de justifier un prix supérieur. Après l’apparition de la notation 1.0 centrée sur l’aspect nutritionnel (Nutri-Score, Yuka), nous assistons maintenant à l’émergence de la notation 2.0 multidimensionnelle et axée sur le développement durable. En témoignent des initiatives telles que Act For Food de Carrefour, Eco-score la deuxième note de Yuka ou encore des initiatives similaires à l’échelle de l’UE. Les notations environnementales devraient être exigées par les institutions, comme le montre la loi française « Résilience et Climat ».
Ainsi, les multiples indicateurs du développement durable gagnent en importance parmi les critères de choix des consommateurs et poussent les industriels à qualifier correctement leurs produits pour assurer leur succès.
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Gisement de valeur n°5 : Le renforcement de la crédibilité et de la réputation auprès de l’ensemble des parties prenantes
Enfin, la promotion légitime des progrès envers les engagements durables pris, au travers de rapports annuels RSE ou encore l’obtention de certifications RSE, aurait pour effet :
- Un meilleur engagement des salariés : Si les employés sont convaincus qu’ils travaillent pour une organisation utile et que leur travail est significatif, cela facilite leur embauche et leur rétention.
- Une réputation renforcée auprès des actionnaires : La prise d’engagements et la démonstration des performances de l’entreprise, de leur l’intégrité et de la fiabilité peut renforcer la réputation et la cotation financière des entreprises, attirant ainsi des investisseurs classiques plus exigeants ou tout simplement des fonds d’investissement verts (Mirova, etc).
En résumé, les principaux gisements de valeurs à la clé pour les industriels sont la pérennisation des activités, l’optimisation opérationnelle et la réduction des coûts, le développement de nouveaux produits et services, la fidélisation et la différentiation des consommateurs, et le renforcement de la crédibilité et de la réputation auprès de l’ensemble des parties prenantes. En témoigne l’essor de l’économie circulaire dans l’industrie alimentaire, qui n’est autre que le point de convergence de l’ensemble de ces valeurs.
La transformation des modèles est une condition sine qua non pour rester compétitif à long terme. Néanmoins, nous sommes convaincus chez Alcimed que le développement durable représente un levier de compétitivité essentiel dès maintenant. Nous croyons que les industriels agroalimentaires peuvent entreprendre ce pivot stratégique vers plus de résilience tout en allant puiser dans le gisement de valeurs qu’est la transformation vers des modèles durables. Et nous sommes là pour vous accompagner dans vos projets en agroalimentaire liés à ces sujets, n’hésitez pas à contacter notre équipe !
A propos des auteurs,
Mathieu, Responsable de mission dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France
Sami, Consultant Senior dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France
Ludivine, Consultante dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France
Antoine, Consultant dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France