Énergie - Environnement - Mobilité

Propulsion vélique : le transport maritime se réinvente pour s’adapter à la crise climatique

Publié le 03 janvier 2023 Lecture 25 min

Alors que depuis 200 ans les systèmes de propulsion thermiques dominent le secteur, des solutions décarbonées font aujourd’hui leur apparition. Parmi elles, les technologies de propulsion vélique. Alcimed décrypte les enjeux et la diffusion de ce nouveau mode de déplacement.

Une transformation indispensable

Aujourd’hui ce sont plus de 100 000 navires qui parcourent le monde. Pour propulser ces navires, 235 millions de tonnes de carburants sont consommées chaque année.

Le transport maritime est un secteur constitué d’un nombre limité d’acteurs. Porté par l’utilisation d’un fioul lourd extrêmement peu cher, très polluant et libre de taxe, il constitue aujourd’hui le maillon essentiel de l’organisation économique mondiale.

Aujourd’hui ce sont plus de 100 000 navires qui parcourent le monde. Pour propulser ces navires, 235 millions de tonnes de carburants sont consommées chaque année. Malgré son efficacité, le transport maritime représente ainsi 3% des émissions mondiales de dioxyde de carbone.

Remplacer les carburants fossiles est d’autant plus nécessaire, qu’adossé à la croissance mondiale, le transport maritime ne cesse de se développer. Si rien n’est fait les émissions de CO2 « maritime » pourraient encore augmenter de 50% d’ici 2050.

Un contexte réglementaire et économique favorable au développement de la propulsion vélique

La communauté internationale, au travers notamment de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) s’est saisie du sujet. L’OMI a mis en place des contraintes réglementaires strictes afin d’atteindre d’ici 2050 une réduction des gaz à effet de serre imputables au secteur de 50% par rapport à 2008. Les mesures prises englobent à la fois une conditionnalité d’accès à l’espace maritime, un indice de rendement énergétique pour les nouveaux navires et les navires existants, ainsi qu’un plan de gestion du rendement énergétique des navires.

La pression économique s’accentue également sur les acteurs du secteur maritime. Dans un contexte de marges faibles et de volatilité des prix des carburants, les armateurs cherchent à réduire leur dépendance aux combustibles fossiles. La consommation de carburants représente en effet la majorité des coûts d’exploitation d’un navire. Dans le même temps, de crainte de voir leurs sources de revenus chuter, les armateurs doivent s’adapter à l’évolution des mentalités de leurs clients. Conscientes des enjeux environnementaux, sociaux et éthiques de leurs activités, de nombreuses entreprises sont volontaires et actrices de la transition énergétique. Comme en témoignent des annonces et initiatives venues de tous secteurs, elles voient dans leur chaîne d’approvisionnement un outil indispensable pour réduire leur empreinte environnementale. Par exemple, dans le cadre de sa stratégie environnementale, dont l’ambition affichée est de diminuer son empreinte carbone de 25% entre 2010 et 2022, le Groupe RENAULT vise une réduction des émissions de gaz à effet de serre de sa chaîne logistique de 6% par rapport à 2016.

La propulsion vélique, une solution d’avenir déjà disponible

Actuellement, une vingtaine de grands navires naviguent avec un système de propulsion vélique.

De nombreuses solutions existent pour améliorer l’empreinte écologique du transport maritime. Cependant, une d’entre elle apparait comme particulièrement prometteuse : exploiter de nouveau la force du vent. Utilisée comme une assistance à la propulsion et installée en rétrofit, le propulsion vélique peut réduire les émissions de gaz à effet de serre d’un trajet maritime de 20%. Le potentiel est beaucoup plus élevé sur les navires neufs, avec une réduction pouvant aller jusqu’à’ 80%. En raison de ce fort potentiel, un rapport commandé par l’Union Européenne en 2016 estimait entre 3 000 et 10 000 le nombre de systèmes installés en 2030. En 2019, un rapport pour le ministère des transports du Royaume-Uni estimait quant à lui que des solutions de propulsion vélique pourraient être installées sur 40-45% de la flotte mondiale en 2050.

Cette technologie est déjà disponible. Actuellement, une vingtaine de grands navires naviguent avec un système de propulsion vélique. Le développement de ces technologies est assuré en majorité par des start-ups. On recense une trentaine de développeurs dans le monde, dont une dizaine en France.

Lire plus : 3 leviers à actionner pour accélérer le développement de la propulsion vélique et décarboner le transport maritime

De nombreux prototypes sont actuellement testés, et deux usines dont déjà en construction en métropole. Pour n’en citer que quelques-uns : à Caen, Ayro produira ses ocean wings, des ailes articulées. Quatre d’entre elles équiperont le roulier La Canopée qui transportera la fusée Ariane 6. A Nantes, Airseas compte produire 1 000 unités de ses ailes de Kite d’ici 2030. A Pornichet, Les Chantiers de L’Atlantique ont installé un mât de 40 mètres afin de tester un prototype des voiles Solid Sail qui équiperont le futur paquebot Silenseas. Le skippeur Michel Desjoyeaux, teste l’aile gonflable de WISAMO (Michelin) sur un roulier de la Compagnie Maritime Nantaise.

Le développement actuel du transport maritime est incompatible avec la crise climatique. Le secteur doit se transformer et la propulsion vélique peut l’y aider. Alcimed peut vous accompagner dans vos projets de mobilité durable. N’hésitez pas à contacter notre équipe !


A propos de l’auteur,

Emmanuel, Consultant Senior au sein de l’équipe Energie Environnement Mobilité d’Alcimed en France

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