État de l’art des avancées et enjeux dans la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer

Enjeu 1 : développer des traitements pour guérir ou ralentir l’évolution de la maladie d’Alzheimer

En France, quatre traitements médicamenteux existent dans le but de traiter les symptômes cognitifs des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, mais ne sont pas remboursés : le donépézil, la rivastigmine, la galantamine et la mémantine. Les trois premiers sont des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, ils empêchent donc la dégradation du neurotransmetteur acétylcholine, sollicité pour le bon fonctionnement des neurones. Le quatrième médicament, la mémantine, bloque les récepteurs NMDA (N-méthyl-D-aspartate) et les protègent contre l’excitotoxicité. L’intérêt médical de ces traitements a été cependant estimé insuffisant par la HAS en 2016, ils ne sont donc plus remboursés depuis août 2018.

Ainsi, un des enjeux dans la maladie d’Alzheimer est de développer des traitements pour guérir la maladie, ou au-moins pour ralentir son évolution. La plupart de ces nouveaux traitements prometteurs sont des immunothérapies, mais sont encore en cours de développement. Les deux plus avancés sont le lecanemab des laboratoires Eisai et Biogen, et le donanemab du laboratoire Lilly. Ce sont deux médicaments anti-amyloïdes, les plaques amyloïdes participant à progression de la maladie. Le lecanemab a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) pour une commercialisation aux Etats-Unis en janvier 2023, mais l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) a refusé sa commercialisation sur le marché européen car les bénéfices ont été jugés insuffisants au regard des effets secondaires, tels que des saignements et œdèmes dans le cerveau. Le donanemab a reçu l’autorisation de la FDA pour être mis sur le marché aux États-Unis le 2 juillet 2024 et va être étudié par l’EMA pour une potentielle commercialisation en Europe.

D’autres approches thérapeutiques sont également étudiées, comme par exemple les oligonucléotides antisens . Cette problématique ne concerne pas seulement les biotechs, mais également d’autres acteurs du secteur de la santé. Par exemple, l’entreprise REGEnLIFE développe un dispositif médical non invasif de photobiomodulation ciblant le cerveau et l’intestin pour traiter la maladie d’Alzheimer et les commotions cérébrales. L’objectif est d’exposer les mitochondries à des émissions photoniques et magnétiques afin de réduire l’inflammation liée à la maladie.

Enjeu 2 : améliorer la prévention et rendre plus accessible le diagnostic de la maladie d’Alzheimer

Seuls 35 % des Français ayant une maladie neurodégénérative seraient diagnostiqués11 et 40% des cas de maladies d’Alzheimer pourraient être évités ou retardés avec une prévention adaptée¹https://alzheimer-recherche.org/la-maladie-alzheimer/quest-maladie-dalzheimer/prevention/. Améliorer la prévention, via une meilleure compréhension des facteurs de risque, et améliorer le diagnostic sont donc indispensables. Actuellement, le diagnostic repose soit sur l’imagerie médicale, une méthode coûteuse, soit sur la ponction lombaire, un acte invasif et douloureux qui peut présenter des risques.

Plusieurs tests sanguins sont en cours de développement pour détecter la maladie. L’un d’entre eux est élaboré par des chercheurs suédois et aurait une précision de plus de 91%²https://www.liberation.fr/societe/sante/alzheimer-de-nouveaux-resultats-prometteurs-pour-un-test-sanguin-avoir-un-diagnostic-le-plus-accessible-possible-est-crucial-20240801_HNXVE57AVJACFDOYS2IM66U4TM/³https://www.estrepublicain.fr/magazine-sante/2024/08/22/maladie-d-alzheimer-les-resultats-tres-prometteurs-d-un-simple-test-sanguin#:~:text=Un%20test%20sanguin%20serait%20capable,taux%20de%20pr%C3%A9cision%20de%2091%20%25.). Ce type de test permettrait de simplifier et de rendre plus accessible le diagnostic de la maladie d’Alzheimer.

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Enjeu 3 : adapter la prise en charge des patients à l’hôpital et à domicile

Prise en charge des patients à l’hôpital

L’âge moyen des patients atteints de la maladie d’Alzheimer au moment du diagnostic est de 70 ans⁴https://www.frm.org/fr/actualites/alzheimer-interview-florence-pasquier et la Fondation Vaincre Alzheimer estime que le nombre de nouveaux cas est de 225 000 chaque année⁵https://www.vaincrealzheimer.org/la-maladie/quelques-chiffres/ en France. L’hôpital doit donc s’adapter à l’accueil de personnes âgées avec ce type de maladie, car les séjours à l’hôpital peuvent induire une perte de repère pour ces patients, diminuer leur autonomie et aggraver leur état de santé. Cette adaptation peut être réalisée par la mise en place d’une organisation spécifique pour la prise en charge de ces patients et des formations délivrées aux professionnels de santé.

L’Hôpital Sainte-Périne (APHP) illustre cette volonté d’adapter l’environnement hospitalier aux patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Un nouveau bâtiment devrait ouvrir fin 2024 avec 260 lits en chambres individuelles incluant une filière spécialisée dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées. Les principaux points mis en avant sont l’organisation en sous unités, des locaux lumineux et favorisant la sécurité des patients, ainsi qu’une plateforme logistique modernisée.

Initiative remarquable dans ce domaine, la Fondation Méderic Alzheimer, en partenariat avec la Fédération hospitalière de France et la FEHAP (Fédération des Etablissements Hospitaliers et d’Aide à la Personne privés et solidaires) a renouvelé l’appel à projet « Vers un hôpital Alzheimer Friendly » avec un montant de 50 000€.

Prise en charge des patients à domicile

Pour les patients au début de la maladie, ou à un stade léger ou modéré, il s’agit plutôt d’optimiser leur prise en charge à domicile. Elle a notamment progressé grâce au plan Alzheimer 2008-2012 avec la création d’Equipes Spécialisées Alzheimer (ESA). Il s’agit d’équipes pluridisciplinaires ayant pour objectif de réaliser des séances de soins de réhabilitation et d’accompagnement à domicile sur prescription. En parallèle des EHPAD, généralement adaptés pour les patients atteints d’Alzheimer avec une perte d’autonomie, de nouveaux types d’hébergements sont mis en place pour les patients plus jeunes ou autonomes, comme les colocations. Cela leur permet de conserver des interactions sociales au quotidien, nécessaires pour limiter le déclin cognitif, tout en étant accompagnés par des animateurs, aides à domicile ou professionnels de santé.

En lien avec la transition démographique, améliorer les traitements, la prévention, le diagnostic et la prise en charge des patients pour la maladie d’Alzheimer est un enjeu de santé publique de plus en plus important. Les travaux de recherche pour comprendre l’origine et le mécanisme de la maladie sont également indispensables pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques et de diagnostic et donc améliorer la prise en charge des patients. L’association France Alzheimer a notamment lancé l’appel à projets « Programmes de recherche avec France Alzheimer » pour bénéficier d’une subvention allant jusqu’à 125 000€ sur 12 à 36 mois à partir de décembre 2024.

Alcimed suit de près les innovations du secteur de la santé et peut vous accompagner dans le développement et le lancement de vos nouveaux produits et nouvelles solutions de prise en charge pour les patients atteints de maladies neurodégénératives. N’hésitez pas à contacter notre équipe !

A propos de l’auteur,

Auriane, Consultante au sein de l’équipe Santé d’Alcimed en France.