PharmaPack 2020 : quel avenir pour les emballages pharmaceutiques ?
Le salon PharmaPack s’est tenu le 5 et 6 février 2020 à Paris, rassemblant plus de 400 exposants et plusieurs orateurs nous invitant à réfléchir sur le futur des emballages pharmaceutiques. Concevoir et développer les packagings de demain nécessite une réelle volonté d’innover tout en répondant aux nombreux défis et contraintes du secteur : réglementation stricte, adhérence des patients aux traitements, part de plus en plus importante accordée aux molécules biologiques… Cette année, le devant de la scène a été occupé par l’enjeu croissant et aujourd’hui incontournable de développement durable, tandis que les progrès technologiques en matière de connectivité et de miniaturisation électronique ont été porteurs de belles promesses. Entre effets d’annonce et réalité du marché, Alcimed fait le point.
Développement durable : entre promesses et applications concrètes dans les emballages pharmaceutiques
La problématique de durabilité a été mise à l’honneur lors des conférences avec une demi-journée entière dédiée au sujet. Entre le plan d’action concret présenté par le groupe Merck, la thématique de recyclabilité illustrée par les actions d’Adelphe et les réflexions engagées par le consortium HPRC, c’est toute la chaine de valeur qui s’engage dans une dynamique plus vertueuse. Un nouveau type de blister recyclable a même été récompensé lors de cette édition. Et pourtant, la majorité des emballages à ce jour reste encore conçue avec des matériaux non recyclables comme le PVC et les applications concrètes des promesses tenues lors des conférences ne sont que peu représentées sur le salon !
Seule éclaircie dans ce paysage qui repose encore majoritairement sur des ressources pétrochimiques : le bioplastique issu de coproduits de canne à sucre du Brésil. Mais ce matériau détient-il les propriétés barrières nécessaires à la protection des molécules actives ? On peut également se demander si cette solution sera en mesure d’approvisionner un marché mondial.
Connectivité et centricité du patient : comment favoriser l’adhérence aux traitements grâce aux packagings ?
50%, c’est le taux d’adhérence des patients aux médicaments prescrits dans le monde. Véritable défi de l’industrie pharmaceutique, il mobilise tous les acteurs du secteur qui rivalisent d’ingéniosité pour concevoir des solutions souvent portées sur la connectivité. La conception d’emballages primaires intelligents s’appuie aujourd’hui sur des connectiques toujours plus petites qui sont capables de suivre en temps réel l’heure ou le nombre de pilules ingérées et de construire des tableaux de bord sur des applications dédiées pour le médecin ou le patient lui-même. Également capables de programmer des rappels sur smartphone ou des alertes lumineuses directement sur l’emballage primaire, plusieurs acteurs allient aujourd’hui sciences comportementales et analyse de données pour développer des solutions innovantes. Encore loin de pouvoir résoudre le défi d’adhérence aux traitements, ces progrès technologiques montrent néanmoins des résultats prometteurs.
Nouveaux horizons en matière d’innovation : la technologie au service de l’emballage
L’IoT et la miniaturisation des dispositifs électroniques ouvre de nouvelles portes au packaging pharmaceutique, notamment en matière de traçabilité et de lutte contre la contrefaçon :
– Une meilleure traçabilité des produits grâce à de minuscules puces RFID qui peuvent être intégrées aux contenants primaires tels que des seringues.
– Des emballages intelligents grâce à de nouveaux dispositifs électroniques hybrides pouvant être aujourd’hui imprimés sur des surfaces flexibles telles que des étiquettes ou bien grâce à des encres électroniques capables de réagir à de faibles courants électriques. Associés à des capteurs sensoriels, les emballages apportent alors de nouvelles fonctionnalités au produit (suivi en temps réel de la température, traçage du médicament…).
Ces deux jours de salon furent riches d’innovations au service des grands enjeux du monde pharmaceutique avec pour fer de lance le digital et la connectivité. Davantage centrées sur le patient, nombre d’entre elles favorisent le suivi thérapeutique et l’adhérence au traitement. En revanche, malgré une demi-journée de conférences dédiée au développement durable, trop peu de solutions concrètes sont aujourd’hui capables de satisfaire aux contraintes réglementaires inhérentes au secteur. Ce cadre contraignant, propre à l’industrie pharmaceutique, créé une inertie qui ralentit le progrès dans les emballages pharmaceutiques. Il est aujourd’hui nécessaire de développer des produits concrets, au déploiement rapide et à réelle valeur ajoutée, à la fois pour le client final et pour l’environnement, sans nécessairement chercher l’effet d’annonce ou le côté tendance d’une solution.
A propos de l’auteur
Paul, Consultant, Alcimed Paris Santé
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