Santé
La méthode du patient traceur : un moyen d’intégrer la voix du patient pour optimiser les parcours de soins !
Qu'est-ce que la méthode du patient traceur ? Quel est l’intérêt pour les professionnels de santé et les industriels ?
Depuis plusieurs années, le système de santé français fait face à des enjeux considérables : crise dans les services d’urgences, pénurie de médecins, maintien à domicile, explosion des maladies chroniques, impact environnemental des produits et prestations de santé… Repenser l’organisation des parcours patients dans leur ensemble, pour les rendre plus efficients et adaptés aux enjeux actuels et futurs de santé est un objectif partagé par tous. Les industriels de la santé ont un rôle à jouer pour accompagner ces évolutions, ce qui se traduit déjà en pratique par la création de fonctions ou missions terrain centrées sur les parcours de soins. Aussi, favoriser l’innovation dans un écosystème organisé se joue généralement en repartant des spécificités locales de chaque service, centre de soin ou filière pour faire le premier pas vers la transformation à plus large échelle. Dès lors, comment promouvoir de nouvelles façons de faire et solutions innovantes autour des parcours ? Dans cet article, Alcimed développe 3 conseils pour soutenir les acteurs d’un écosystème de santé local dans leurs problématiques organisationnelles autour des parcours de soins.
Un parcours de soins se définit comme la suite des étapes de traitement, séquencées dans le temps, réalisées le plus souvent par des professionnels de santé entre la ville, l’hôpital et le domicile d’un patient.
L’enjeu d’efficience pour garantir un accès équitable aux soins et la qualité de la prise en charge, le tout dans un cadre économique soutenable pour le système de santé, n’est pas nouveau. Mais l’organisation reste l’un des fils rouges de l’Assurance Maladie, dont l’amélioration de l’efficience représente près de 50% de son programme de gestion du risque pour 2024[1]. Optimiser et renforcer les parcours de soins et de prévention reste donc un objectif prioritaire pour faire face aux défis qui y sont associés.
S’appuyer sur de nouveaux dispositifs de prise en charge (maisons de santé pluridisciplinaires, services d’accès aux soins, hospitalisation à domicile, dispositifs d’appui à la coordination, plateformes de téléconsultation, etc.) et sur les acteurs urbains (médecins généralistes et spécialistes, pharmaciens, professionnels paramédicaux, associations de patients, etc.) pourrait permettre de décharger les services à l’hôpital. À ces transformations seront associés de nouveaux besoins de formation et une coordination renforcée des professionnels de santé, ainsi qu’une plus grande implication des patients et de leur entourage.
Aujourd’hui, cette équité est fragilisée par la tension sur la démographie médicale de certaines professions et les inégalités de répartition territoriale. Aussi, les innovations organisationnelles, thérapeutiques, techniques ou technologiques, comme les nouvelles thérapies géniques et cellulaires (CAR-T cells, etc.), la e-santé, les outils d’aide au diagnostic ou encore les dispositifs médicaux à usage thérapeutique, constituent des leviers importants au service des patients comme des professionnels et bousculeront les pratiques de prise en charge. Pour gérer les implications liées à l’arrivée de ces innovations et favoriser leur intégration dans la pratique courante, il sera essentiel de garantir leur adéquation avec les besoins d’un écosystème de santé et construire les modes de prise en charge associés.
L’intégration de la composante environnementale dans les choix relatifs aux thérapies – qu’il s’agisse de la conception des parcours ou de la manière dont les soins sont dispensés ou du choix de l’intervention – sera clé pour réduire l’empreinte carbone du système de santé (contributeur à hauteur de 8% aux émissions de gaz à effet de serre en France[2]). Par exemple, les programmes d’éducation nutritionnelle et d’amélioration de l’hygiène de vie visant à réduire l’incidence du diabète de type 2 ont le potentiel de réduire les émissions liées au parcours patients de plus de 30%[3] .
Pour faire face à ces défis, il est nécessaire de les comprendre et d’imaginer et construire de nouveaux parcours, en repartant du contexte de chaque écosystème local. Trois conseils peuvent permettre aux industriels de la santé de contribuer à cet effort :
Organiser et animer des réunions pluridisciplinaires centrées sur le parcours des patients et les problématiques qui y sont associées est un premier levier pour questionner l’organisation et imaginer des pistes de travail pour l’améliorer.
Le point de départ de ces réunions est généralement l’identification d’un (des) enjeu(x) ou l’intuition de certains enjeux qui entravent la qualité de la thérapie pour les patients, qui pourraient être améliorés et qui font consensus parmi les parties prenantes de l’écosystème. Ces premiers constats peuvent par exemple concerner le besoin d’élaborer un protocole local de prise en charge pour réduire l’inertie thérapeutique dans des régions difficiles d’accès et qui ont du mal à faire évoluer leurs pratiques.
En s’appuyant sur ces constats, ces réunions rassemblent les parties prenantes concernées et créent un cadre propice aux échanges, par exemple autour :
Le changement ne se fera pas en un jour. Ces réunions doivent donc être modulées et vues comme le premier pas d’une démarche plus long-terme ayant pour vocation de construire des bases solides pour la mise en place de mesures concrètes d’optimisation.
Capitaliser sur les résultats de solutions déjà mises en place, comme par exemple un modèle de suivi à distance des patients en oncologie en coordination entre équipes hospitalières et médecine de ville (modèle du projet Onco’Link), et les faire rayonner est un levier important pour inspirer et déployer progressivement la transformation à plus large échelle. Cela peut passer par :
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Accompagner le changement dans un écosystème organisé peut enfin passer par la co-construction d’un plan d’actions d’amélioration, pragmatiques et adaptées aux contraintes et ressources d’un écosystème local. Cette approche passe par deux étapes incontournables :
Pour garantir le succès du plan, cette approche nécessite au préalable l’engagement de référents locaux motivés et influents pour se positionner comme porteurs de la démarche et mobiliser les autres parties prenantes à leur suite.
Accompagner les mutations en lien avec les parcours de soins offre la possibilité pour les industriels de la santé de générer de la valeur pour le système de santé et les acteurs de la prise en charge, en plus des thérapies qu’ils mettent à disposition. Ces solutions renforcent la connaissance d’un écosystème et l’engagement des parties prenantes, créent une expérience différenciante dans les interactions avec les professionnels de santé et posent les fondements d’un projet innovant et collaboratif, à fort impact sociétal. Il s’agit en outre d’une opportunité inédite de repenser la place et l’expérience du patient dans son traitement et de contribuer aux solutions, alors que les besoins et les aspirations des professionnels de santé évoluent rapidement. Forts de notre savoir-faire, avec plus de 60 projets d’optimisation de parcours menés dans de multiples aires thérapeutiques et géographies, nous pouvons vous accompagner dans vos projets autour des parcours patients. N’hésitez pas à contacter notre équipe !
[1] Assurance Maladie (2023). Synthèse du rapport de propositions de l’assurance maladie pour 2024.
[2] The Shift Project (2023). Décarboner la santé pour soigner durablement.
[3] Health Systems Taskforce. Sustainable Markets Initiative. https://www.sustainable-markets.org/taskforces/health-systems-taskforce/.
A propos de l’auteur,
Céline, Responsable de mission au sein de l’équipe Santé d’Alcimed en France