Cancers et allergies : des maladies à forte prévalence et hétérogènes
En France, le cancer est devenu la première cause de décès devant les maladies cardiovasculaires, et est responsable de près de 400 000 nouveaux cas chaque année (Source : INCa, 2017). De leur côté, les maladies allergiques affectent 20 à 30 % de la population française et ce pourcentage ne cesse d’augmenter du fait de l’augmentation des facteurs déclencheurs des allergies. A cause de cette prévalence élevée et des coûts directs et indirects associés, elles représentent aujourd’hui un fardeau économique pour le système de santé.
Cancers et allergies sont des maladies complexes pour lesquelles les prédispositions génétiques et expositions environnementales jouent un rôle majeur. Elles se caractérisent donc par une grande hétérogénéité des profils des patients.
- En oncologie, certains traitements innovants ne s’avèrent finalement efficaces que sur de petites populations cibles. En effet, on constate une grande variabilité inter-individuelle des phénotypes et de la réponse thérapeutique en fonction du profil génomique, du microenvironnement de la tumeur ou de l’influence du microbiome.
- De la même manière en allergologie, il est de plus en plus reconnu que les phénotypes cliniques de troubles allergiques varient considérablement d’un patient à l’autre selon le terrain atopique, la modulation du système immunitaire par l’exposition à des polluants atmosphériques et des micro-organismes, ou par la composition du microbiote.
La médecine de précision : un vecteur d’innovation qui façonne déjà les progrès en oncologie et construira l’avenir de l’allergologie
Ainsi, dans le domaine de l’allergie, il sera avant tout clé de caractériser l’ensemble des phénotypes cliniques et de modéliser les mécanismes moléculaires associés.
Les vecteurs d’innovation portés par la recherche en oncologie, tels que l’intelligence artificielle, l’immunothérapie ou la médecine de précision, permettront de faire face à ces enjeux. Le Leem prévoit, d’ici 2030, l’arrivée de vagues d’innovations thérapeutiques sans précédent. En particulier, avec plus de 4 000 essais cliniques en cours dans le domaine du cancer, l’horizon du progrès thérapeutique semble très prometteur. Ces opportunités d’innovation pourront ainsi contribuer à améliorer les traitements, développer la prévention, prédire les réponses des patients et ainsi réduire le fardeau de la maladie dans le monde.
La promesse de l’innovation s’accomplit également sur le terrain de l’organisation des soins avec le déploiement d’une médecine adaptée au profil de chaque patient, tout au long du parcours de soins. Ces opportunités font de l’oncologie un véritable catalyseur d’innovations qui pourront être déployées dans d’autres aires thérapeutiques, et notamment en allergologie.
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‘L’innovation en oncologie: un futur prometteur pour les patients’
Ainsi, dans le domaine de l’allergie, il sera avant tout clé de caractériser l’ensemble des phénotypes cliniques et de modéliser les mécanismes moléculaires associés. Les progrès récents en immuno-oncologie et l’attention croissante portée à la recherche translationnelle ont déjà aboutis à une expansion rapide des biomarqueurs immuns, inclus dans 39% des essais cliniques en oncologie en 2018. Ces derniers sont très prometteurs pour la découverte de futurs biomarqueurs en allergologie, comme le taux de certains anticorps spécifiques et cytokines ou les marqueurs de l’activité de certaines cellules immunitaires. De manière similaire à la recherche actuelle autour du comportement des cellules saines et cancéreuses, cette caractérisation des mécanismes de l’allergie à l’échelle moléculaire permettra de prédire la réponse clinique d’un patient.
La médecine de précision, ayant déjà fait ses preuves en oncologie, permettra ensuite de relier l’ensemble des informations concernant la biologie de la maladie à l’état clinique observable du patient, dans une perspective thérapeutique. En effet, l’augmentation actuelle des capacités de collecte, d’analyse et de stockage de données de santé permet désormais de créer de nouveaux modèles prenant en compte le malade dans sa globalité. Par exemple, une analyse récente a permis de distinguer des patients sensibilisés à certains aliments de patients non allergiques sur la base de différences de composition de leurs microbiotes respectifs. Ces nouveaux outils d’analyse, appelés technologies « –omics », fournissent déjà des connaissances qui guideront la mise en place de nouvelles stratégies de prévention, diagnostic et pronostic de l’allergie.
Déployer un modèle de médecine de précision en allergologie pour la prise en charge des patients allergiques : un défi prometteur
Le déploiement de ces solutions thérapeutiques s’adressant à une cible réduite de patients nécessitera des changements majeurs en termes d’équipements de diagnostic, de prise en charge des patients, d’organisation des soins et de modèle industriel.
Parallèlement au développement des connaissances des bases biologiques de l’allergie et de biomarqueurs, les thérapies ciblées faciliteront l’introduction de la médecine de précision en allergologie. De nouvelles thérapies biologiques ciblant cinq cytokines impliquées dans l’allergie, dont l’IgE, ont déjà été approuvées ou sont en cours d’essais cliniques.
Le déploiement de ces solutions thérapeutiques s’adressant à une cible réduite de patients nécessitera des changements majeurs en termes d’équipements de diagnostic, de prise en charge des patients, d’organisation des soins et de modèle industriel. Ainsi, quatre grands défis doivent encore être relevés par les chercheurs, cliniciens, entreprises et autres parties prenantes avant d’envisager le déploiement de la médecine de précision en allergologie :
- Définir des mesures efficaces de détection précoce des sensibilisations pour prévenir ou retarder le développement des allergies ;
- Développer de nouveaux outils de diagnostic plus précis qui guideront les décisions médicaleset orienteront les choix de traitements ciblés ;
- Développer les collaborations entre acteurs institutionnels et privés pour constituer un fonds commun de données concernant les différents types d’allergies, afin d’accélérer la recherche fondamentale et clinique et de connecter les parcours de soins ;
- Développer les outils numériques, tels que les capteurs connectés, afin de prévenir les épisodes allergiques grâce à la détection d’allergènes en temps réel, ou afin d’assurer un suivi personnalisé et à distance du malade, notamment en cas d’exacerbations.
Guidée par les progrès récents en immuno-oncologie, l’allergologie s’engage donc sur une nouvelle terre inconnue, que nous avons déjà commencé à explorer chez Alcimed. La prise en compte de la spécificité de chaque patient allergique permettra au professionnel de santé de proposer des traitements ciblés et un accompagnement adapté aux besoins de chacun. De nombreux efforts seront certes encore nécessaires avant d’envisager une évolution de l’allergologie vers ce modèle de médecine de précision, efforts dont les bénéfices seront, à n’en pas douter, multiples pour l’ensemble des acteurs de santé et pour les patients. Dans ce contexte de progrès thérapeutique, notre équipe vous accompagne dans votre stratégie de market access pour vos traitements innovants !
À propos de l’auteur
Céline, Consultante Senior dans l’équipe Santé d’Alcimed en France