Cross-sectoriel
Comment accélérer le déploiement des protéines végétales en France ?
Quels sont les bienfaits des protéines végétales ? Quels sont les enjeux pour massifier leur déploiement en France ?
L’Union européenne doit à la fin de l’année désigner un unique indicateur nutritionnel et le Nutri-Score ne semble plus être le favori, alors qu’il répondait aux trois critères principaux : interprétatif, simple et associé à un code couleur. Face aux critiques, il évolue pour être plus cohérent avec les recommandations alimentaires. Au regard de ces dernières évolutions, Alcimed identifie 3 enjeux pour l’industrie agroalimentaire autour de la valorisation et de la reformulation de produits.
Il était jusqu’ici parfois difficile pour le consommateur de distinguer la qualité nutritionnelle au sein d’une même catégorie de produits. Par exemple, une huile d’olive ou une huile de noix ont toutes les deux un Nutri-Score D. Jusqu’ici, ni les polyphénols contenus dans l’huile d’olive, ni les oméga-3 dans l’huile de noix n’étaient valorisés dans la notation. Les industriels n’ont donc pas de marge de manœuvre, les producteurs d’huile d’olive étant coincés avec un mauvais Nutri-Score.
Le nouvel algorithme prévoit une meilleure classification au sein de la famille de produits des huiles. Une huile d’olive pourra afficher un Nutri-Score B, à l’inverse, l’huile de tournesol se cantonnant à un C. Les fromages bénéficieront également d’une réforme de leur notation avec moins de sévérité. Les fromages à pâte pressés, comme l’Emmental par exemple, pourront être mieux classés en raison de leur teneur en sel, largement plus faible que d’autres fromages comme le Roquefort.
Cette meilleure valorisation est bénéfique pour les producteurs d’huile d’olive, mais est aussi une opportunité pour les industries du secteur laitier dont les efforts de reformulation (en abaissant la teneur en sel des fromages, ou la teneur en sucre des yaourts) pourront être pris en compte dans le Nutri-Score.
La réforme en cours propose de pénaliser les viandes rouges (bœuf, veau, agneau, etc.) en leur imposant un Nutri-Score dégradé par opposition aux volailles ou aux poissons.
Dans la plupart des pays, les autorités de santé publique et les recommandations nutritionnelles s’accordent sur la nécessité de limiter la consommation de viande rouge et de viandes transformées. Ces recommandations sont fondées sur les récentes études montrant l’association entre consommation de viandes rouges et transformées avec les risques de maladies cardio-vasculaires et de cancer du côlon.
Dans le sens de ces recommandations, la réforme en cours propose de pénaliser les viandes rouges (bœuf, veau, agneau, etc.) en leur imposant un Nutri-Score dégradé par opposition aux volailles ou aux poissons.
Dès lors, les industriels commercialisant des plats préparés, s’ils souhaitent améliorer les Nutri-Scores de leurs produits, pourraient être fortement incités à se tourner vers d’autres sources de protéines animales comme les volailles ou les poissons gras, qui font, eux aussi, l’objet d’une classification plus souple. Ces évolutions pourraient également être un accélérateur pour les offres de viandes alternatives (plant-based ou cellulaires), qui devraient être moins pénalisées, voire valorisées.
L’une des demandes des industriels concernait la prise en compte de la portion consommée d’un aliment dans le calcul du Nutri-Score. Un des principaux arguments repose sur le fait qu’on ne consomme pas tous les produits dans la même quantité, et qu’il est nécessaire d’adapter les notations en fonction des quantités consommées en conditions réelles. C’est un point défendu depuis des années, par exemple, par les producteurs de Roquefort fortement pénalisés par le Nutri-Score.
Toutefois, prendre en compte la portion n’est pas envisagé dans la réforme en cours, et ce n’est pas non plus envisagé pour les prochaines évolutions à venir. En effet, plusieurs questions méthodologiques se posent : qui serait en charge du choix de la portion ? Comment influencerait-elle le score ? Pour le moment, le Nutri-Score se défend en restant sur un calcul basé sur les valeurs nutritionnelles aux 100g, « plus pragmatique ».
La reformulation complète du produit demeure donc le seul moyen d’améliorer le Nutri-Score. Les industriels, et spécifiquement ceux des aliments « plaisir », doivent donc poursuivre leur travail d’innovation, par exemple vers les sucres alternatifs, ou encore les nouvelles alternatives au sel, pour répondre aux demandes de consommateurs de plus en plus sensibles à la valeur nutritionnelle de leurs achats.
Si la réforme du Nutri-Score permet de revaloriser certaines catégories de produits comme les huiles, la reformulation et le choix des ingrédients reste un enjeu essentiel des industriels afin d’améliorer le score de leurs produits. Si les efforts sont déjà engagés en ce sens, l’accélération des transformations semble inévitable, à l’instar du secteur des boissons qui devrait également voir son algorithme modifié. Par ailleurs, l’anticipation des débats autour des ingrédients controversés semble indispensable, ces derniers n’étant pas encore pénalisés par le Nutri-Score, tandis que d’autres outils tels que Yuka les prennent déjà en compte. Alcimed se tient à vos côtés pour développer vos innovations produits, et les solutions répondant à ces nouveaux enjeux !
A propos de l’auteur,
Ludivine, Consultante au sein de l’équipe Agroalimentaire d’Alcimed en France
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