Pollution et encombrement des centres-villes, accroissement des volumes transportés, problématique du dernier kilomètre : la logistique urbaine se trouve au centre d’attentes et de débats importants. Les flux de marchandises sont confrontés à des défis majeurs en ce qui concerne leur impact sur l’environnement. Leur décarbonation est devenue un enjeu critique et requiert une profonde transition qui englobe des transferts modaux. Dans cet article, Alcimed décrypte deux des principaux transferts modaux en cours : la cyclologistique et le transport fluvial.
La logistique urbaine peut être définie comme un ensemble d’opérations articulant stockages-déstockages, gestion des flux entrants/sortants de transport et livraison à destination et en provenance des clients urbains. Elle agrège à la fois les activités d’exploitation et de transport ainsi que le développement immobilier de bâtiments adaptés.
La logistique urbaine représente en France un marché annuel estimé à 20 milliards d’euros[1]. En raison de son utilité à la fois économique et sociale, la logistique urbaine constitue un enjeu majeur pour l’économie et les citoyens.
Pourtant, et de façon paradoxale, elle demeure peu visible et peu valorisée. Elle est même « malaimée » en raison de ses impacts environnementaux et sociaux. Selon le dernier rapport d’information du Sénat sur la logistique urbaine durable, le transport de marchandises représente 20% du trafic, et génère 25% des émissions de CO2, 35% à 45% des oxydes d’azote et 45% des particules fines à Paris[2].
Pour autant, ces externalités négatives ne sont pas inhérentes à la nature des activités logistiques : de nombreuses solutions alternatives aux véhicules thermiques existent. Explorons deux d’entre elles : la cyclologistique et le transport fluvial.
Le développement de la cyclologistique dans les hypercentres constitue un premier transfert modal clé. Vélo cargo, triporteur, remorque : ces nouveaux véhicules, utilisés aussi bien pour le transport de personnes que pour le transport de marchandises ont proliféré dans le paysage des grandes métropoles européennes ces 5 dernières années.
Les bénéfices de ces solutions logistiques sont à la fois économiques et opérationnels. Les cyclologisticiens bénéficient de coûts d’investissement et de coûts de maintenance plus faibles. L’usage du vélo leur permet de fiabiliser et de réduire leur temps de trajet grâce à la fois à une fluidité plus importante dans le trafic, et à un temps de parking et de chargement réduit. À ce titre, la demande s’accroît rapidement, et provient à la fois d’entrepreneurs qui travaillent seuls et de plus grosses structures.
Plus tardive que dans d’autres pays européens, dont l’Allemagne, l’émergence de la cyclologistique touche aujourd’hui la France. L’Union Sport et Cycle évaluait à 3000 unités les ventes de vélos cargos en 2019, contre 17 000 aujourd’hui[3]. Ce phénomène est amené à s’accélérer : Cycling Industries Europe estime qu’au vu de l’évolution actuelle des ventes, ce seront bientôt 1 million de vélos cargos qui seront mis sur le marché en Europe chaque année.
Le transport fluvial apparaît comme une autre solution alternative au transport routier, et permet d’allier barges et vélos-cargos ou véhicules propres. Ce mode de transport présente de nombreux atouts. Peu bruyant, il est économe en énergie (donc en émissions de CO2), son utilisation permettant de réduire la congestion sur la route et de limiter l’occupation de l’espace public. Encore très dépendant des énergies fossiles, il commence à relever le défi de la décarbonation.
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La logistique fluviale est une des solutions pour aller vers une logistique urbaine plus durable, et se révèle particulièrement pertinente pour certains secteurs industriels comme le BTP ou la gestion des déchets. De nombreux projets innovants sont actuellement développés. En juin 2021, Voies navigables de France a lancé un appel à projets en partenariat avec la ville de Lyon, la Métropole de Lyon et la Compagnie nationale du Rhône. L’objectif est de mettre en œuvre un service de logistique urbaine fluviale avec un post-acheminement terrestre en véhicules propres respectant la ZFE.
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[1] Mission LUD. (2021). Logistique Urbaine Durable.
[2] Le Sénat. (2022). Logistique urbaine durable : 14 propositions pour anticiper un défi majeur pour nos agglomérations.
[3] Union Sport & Cycle. (2022). Observatoire 2021.
A propos de l’auteur,
Emmanuel, Consultant Senior au sein de l’équipe Energie Environnement Mobilité d’Alcimed en France
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