Énergie - Environnement - Mobilité

Résilience climatique : 3 enjeux clés pour une meilleure gestion de la ressource en eau

Publié le 04 septembre 2024 Lecture 25 min

L’eau figure en tête de liste des nombreuses ressources directement impactées par les changements climatiques. De moins en moins disponible et plus inégalement répartie à l’échelle mondiale, sa gestion doit être repensée et optimisée. De nombreux progrès sont nécessaires, à commencer par la réutilisation des eaux usées traitées en stations d’épuration, notamment en France où moins de 1% des eaux usées sont recyclées contre 12% en Espagne et 8% en Italie*. Le dessalement permet également de lutter contre le stress hydrique notamment au Moyen-Orient, en Chine et en Inde où plus d’un demi-milliard de personnes reçoivent leur eau potable quotidienne par ce processus de dissolution des sels minéraux contenus dans les océans.

Dans cet article, Alcimed décrypte trois autres grands enjeux liés à la gestion de l’eau qui sont à prendre en considération pour une meilleure résilience climatique.

Enjeu n°1 : désimperméabiliser les sols

Ayant pris de l’ampleur avec l’industrialisation et l’urbanisation croissante à l‘échelle mondiale, l’artificialisation des sols a de nombreux impacts négatifs sur la ressource en eau. Tout d’abord, les surfaces bétonnées imperméables empêchent l’infiltration des eaux de pluie dans les sols et limitent donc la recharge des nappes phréatiques. Elles augmentent aussi les phénomènes de ruissèlement et les risques d’inondation. Enfin, elles contribuent à la création d’îlots de chaleur urbains impactant la qualité de l’air, le confort et la santé des habitants, et augmentant la consommation énergétique du fait de l’utilisation accrue des systèmes de ventilation et de climatisation. Par exemple, à Paris la différence de température entre le centre-ville et les bois peut parfois dépasser les 10 °C dans une même journée**.

Réintroduire l’eau dans les villes à travers un aménagement urbain résilient est donc devenu une priorité pour les pouvoirs publics. Les politiques d’urbanisme et d’aménagement du territoire s’y attèlent de plus en plus sérieusement via la réduction de l’imperméabilisation des sols, la création de surfaces perméables et la réintroduction de la nature en ville pour une infiltration naturelle des eaux de pluie.

Enjeu n°2 : stocker les eaux pluviales

En plus de permettre l’infiltration des eaux pluviales dans les sols, les zones urbaines devront être équipées de systèmes de gestion des eaux de pluie durables permettant de collecter et stocker si nécessaire les eaux de pluie excédentaires avant de les envoyer en station d’épuration. Les systèmes actuels sont parfois inadaptés et surchargés comme à Paris, où les égouts et les stations d’épuration sont régulièrement saturés. Lors de fortes intempéries les eaux usées superflues sont alors déversées dans la Seine polluant ainsi le fleuve. Motivée par l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 et la volonté de permettre la réalisation d’épreuves dans le cours d’eau, la ville a déployée en 2015 un « plan baignade » constitué de diverses initiatives devant permettre d’assainir la Seine. Des bassins ont ainsi été construits pour stocker les surplus d’eau pendant les épisodes de fortes pluies et les renvoyer dans les stations d’épuration une fois les intempéries terminées. Notamment, un bassin avec une capacité de stockage équivalente à celle de 20 piscines olympiques a été érigé à Austerlitz.

Enjeu n°3 : soutenir la juste sobriété hydrique dans l’agriculture

Les défis liés à la disponibilité de l’eau sont également un sujet majeur pour l’agriculture alors que 25% des prélèvements d’eau douce en Europe sont consommés par cette activité d’après l’INRAE. Ce chiffre monte même à 70% à l’échelle mondiale d’après l’OCDE. La baisse des précipitations dans certaines régions régulièrement touchées par la sécheresse et le manque de ressources en eau compromettent la viabilité des cultures et mettent ainsi à risque la production alimentaire. Par exemple, en 2022 la France a connu d’importantes baisses de rendement au niveau des cultures de maïs grain (-16%), ainsi que pour le tournesol (-17%) et le soja (-12%)***.

Le conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux s’attend d’ailleurs à des surcoûts liés à l’eau pour l’agriculture et l’agroalimentaire de l’ordre de 1 milliards d’euros d’ici à 2050. Assurer la résilience des systèmes agricoles face au manque d’eau est donc primordial pour permettre la survie des exploitations et la sécurité alimentaire de tous.

Cela passe par des pratiques agricoles économes en eau avec des techniques d’irrigation efficaces comme le goutte-à-goutte et la micro-irrigation consistant en des réseaux alimentant directement les racines des cultures en eau plutôt que de les arroser en surface avec des canons à eaux et asperseurs rotatifs. Ces systèmes permettent des économies d’eau pouvant aller jusqu’à 20%, tout en réduisant les pertes par évaporation et ruissellement. Aujourd’hui déjà largement utilisé en France pour les cultures sous serre, ils pourraient aussi être déployés pour les grandes cultures comme le font de plus en plus les Etats-Unis.


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L’utilisation de capteurs et de systèmes de télédétection surveillant et maitrisant efficacement l’humidité du sol permet également d’optimiser l’utilisation des ressources en eau dans l’agriculture. L’agritech nantaise Weenat l’a bien compris puisqu’elle a installée depuis 2014 plus de 20.000 stations de mesures météorologiques et agronomiques en France et dans d’autres pays européens mesurant notamment le vent, la température de l’air et du sol ou encore les précipitations, dont 10.000 capteurs mesurant l’humidité du sol afin d’informer en temps réel les agriculteurs du niveau d’eau dans leurs cultures. Selon l’entreprise, ses technologies auraient déjà permis d’économiser 32 millions de mètres cubes d’eau. Elle compte aller plus loin, et s’apprête à combiner l’ensemble de ces données avec les données météorologiques et satellitaires afin de proposer en temps réel une évaluation de la teneur en eau des sols agricoles européens au kilomètre carré près.

La limite planétaire sur l’eau douce a été dépassée en 2022**** du fait de l’action des hommes qui a profondément altérée le cycle de l’eau affectant ainsi la santé de la planète entière. Il est donc impératif de prendre à bras-le-corps les enjeux liés à l’eau. Il faut notamment permettre la réutilisation des eaux usées, le dessalement de l’eau de mer, la désimperméabilisation des sols, le stockage des eaux pluviales et la sobriété hydrique dans l’agriculture tout comme agir pour la réduction des fuites dans les réseaux ou encore pour la juste sobriété des usages de l’eau. Alcimed peut vous accompagner dans vos projets liés à ces enjeux. N’hésitez pas à contacter notre équipe !


A propos de l’auteur, 

Sébastien, Consultant au sein de l’équipe Énergie Environnement Mobilité d’Alcimed en France

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