Un besoin d’autonomie exprimé par le patient et son entourage dans le suivi de la pathologie
Le « paternalisme » médical est aujourd’hui caduque, progressivement remplacé par un mouvement de professionnalisation du patient. On parle facilement de l’empowerment du patient, ou de la figure du « patient expert » de sa pathologie, ainsi que du savoir expérientiel des aidants, de plus en plus valorisé.
La qualité de vie de la personne tout au long de son parcours de soins est également un besoin fort exprimé par le patient et son entourage. Quel que soit le lieu de vie, la volonté est de pouvoir bénéficier des mêmes soins et accompagnement adaptés à la pathologie en préservant au maximum son quotidien.
La formation aux dispositifs médicaux : un enjeu de santé publique important notamment concernant les maladies chroniques
Les politiques publiques de santé actuelles s’inscrivent de plus en plus dans un mouvement de transfert du « tout hôpital » vers un système qui place les équipes de soins primaires (premier niveau de recours, par exemple, les médecins généralistes) au cœur de la coordination du parcours patient, notamment en ville, mais aussi à domicile. Cette évolution permet ainsi, certes de faire des économies, mais également de favoriser une qualité de vie du patient améliorée, notamment concernant les maladies chroniques.
Celles-ci sont d’ailleurs en constante augmentation, et concernent aujourd’hui entre 12 et 20 millions de français, contre 9,9 millions en 2014 [1]. Parmi ces malades chroniques, on retrouve par exemple les insuffisants veineux. Au sein de cette population, on estime le taux de récidive d’ulcère veineux à 80%, du fait d’une mauvaise pose des bandes de compressions. La bonne utilisation des dispositifs médicaux à domicile est donc au cœur de l’accompagnement de ces pathologies, notamment dans un souci de continuité des soins, entre l’hôpital et le domicile.
Une obligation réglementaire dont les implications incitent à une meilleure formation aux dispositifs médicaux
Une directive européenne datant de 2017 sera applicable en droit français à partir du 26 mai 2021 à ce sujet. Les dispositions prévues par le texte de loi comprennent de nouvelles obligations imputables aux dispositifs médicaux, notamment le suivi des incidents liés à leur utilisation. Cette traçabilité sera rendue publique sur une plateforme européenne qui recensera de manière renforcée tous les dispositifs médicaux existants et entrants sur le marché.
L’enjeu pour les fabricants est que le retour d’incidents majeurs ou sévères pourra donner lieu à des obligations d’évaluation plus contraignantes. Ainsi, s’assurer que l’utilisation par les patients des dispositifs médicaux à domicile se fera en toute sécurité avec un risque d’incident minimisé est une préoccupation réelle pour les fabricants. Un besoin de formation aux dispositifs médicaux est d’autant plus ressenti lorsque le risque associé au dispositif médical est élevé, et que le dispositif est non implantable, donc manipulé : classes de risque IIa (ex. : aiguilles pour seringue, pansements hémostatiques…) et IIb (ex. : machines de dialyse, respirateurs…) pour l’essentiel.
Des formations actuelles aux dispositifs médicaux qui ne répondent pas encore suffisamment à ces besoins
Les dispositifs médicaux prescrits par les médecins font l’objet de conseil d’utilisation lors de la consultation, ou par le pharmacien, eux-mêmes formés par les fabricants de dispositifs médicaux. Mais ces démarches sont insuffisantes. Les seules offres d’accompagnement du patient à domicile dans la formation à différents aspects de sa pathologie sont les programmes d’éducation thérapeutique assurés par des professionnels de santé. D’après les ARS qui les financent, ces programmes, contraignants pour les professionnels de santé, sont insuffisants aujourd’hui pour couvrir le nombre de patients qui pourraient en bénéficier. En effet, ces programmes dits d’éducation thérapeutique sont à mener par des binômes de soignants devant être formés en amont et sont par ailleurs peu rémunérés pour les infirmiers.
Toutefois, certains acteurs, conscients de ces besoins non couverts et souhaitant donner au patient la possibilité d’être au cœur de sa prise en charge, tentent d’y remédier. C’est le cas de la start-up MedTech Care qui a développé une offre de formation adaptée aux dispositifs médicaux sur deux thématiques pilotes : l’utilisation de stylos injecteurs dans le cadre de parcours de PMA, la pose de bandes de compression pour des patients insuffisants veineux. La formation est réalisée au domicile du patient, avec lui ou son aidant, et ce de manière pédagogique avec une manipulation du dispositif réalisée avec le professionnel formateur.
C’est dans le cadre d’un projet d’accompagnement de la StartUp MedTechCare qu’Alcimed a eu la chance d’explorer ce sujet porteur et plein de sens pour un grand nombre de patients et de professionnels de santé.
A propos de l’auteur
Mélina, Consultante dans l’équipe Politiques Publiques de Santé d’Alcimed en France