Les maladies rares font l’objet d’une attention croissante de la part des chercheurs et des industries
Au cours des dernières décennies, les connaissances sur les maladies rares se sont développées, ce qui a conduit à une expertise sur le terrain, à des centres de recherche spécialisés et à des associations de patients. En fait, le nombre de maladies rares nouvellement enregistrées a diminué, alors que les essais cliniques nouvellement enregistrés ont été multipliés par cinq en moins de vingt ans. Dans une certaine mesure, nous sommes de plus en plus conscients des maladies rares qui existent dans le monde et de plus en plus prêts à déployer des efforts de recherche pour les étudier.
En 2021, les 193 États membres des Nations unies ont adopté, pour la première fois, une résolution visant à accroître la visibilité et le soutien des personnes vivant avec une maladie rare. En 2022, la Fondation française des maladies rares, née de la volonté de cinq acteurs majeurs en France, achève 10 ans de soutien à la recherche clinique et aux associations de malades et organise des colloques annuels depuis 2019. De même, en mars 2023, la Grèce accueillera la troisième conférence internationale sur les maladies rares, qui remettra en question le statu quo avec différentes parties prenantes, des professionnels de la politique de santé aux patients.
Avec ce besoin croissant de solutions et de traitements dans ces marchés de niche, les parties prenantes se positionnent dans la course où le premier défi consiste à choisir, parmi environ 7 000 maladies, celle(s) à laquelle/lesquelles s’adresser. Étant donné que le marché des traitements devrait doubler entre 2020 et 2030, les maladies rares deviennent un axe d’action majeur pour les sociétés pharmaceutiques et les autres acteurs des industries voisines.
Le recrutement de patients atteints d’une maladie rare pose des problèmes pour les essais cliniques
Un manque inhérent de participants aux essais cliniques sur les maladies rares
Par définition, la prévalence de chaque maladie rare est faible. Le manque de patients pouvant participer aux essais cliniques compromettra la robustesse de la conception de l’essai et l’importance de ses résultats, ce qui diminuera l’attrait des promoteurs et conduira donc à une réduction du nombre d’essais cliniques. Avec moins de moyens d’investigation, les chercheurs ne peuvent pas améliorer les connaissances sur les pathogènes et les diagnostics, l’expertise stagne et, avec elle, la promesse d’un traitement pour ces patients. Les patients se retrouvent avec peu d’options disponibles, voire aucune. En outre, par rapport aux maladies non rares, les essais sur les maladies rares recrutent généralement moins de participants et sont plus susceptibles d’être à bras unique (c’est-à-dire sans contrôle), non randomisés et ouverts. En outre, les proportions d’abandon sont plus élevées et le nombre d’arrêts prématurés est encore plus important.
Critères d’éligibilité qui excluent d’emblée de nombreux participants potentiels aux essais cliniques
Le contexte susmentionné de la petite taille des échantillons entraîne d’autres restrictions. Une fois qu’un patient a trouvé un essai clinique dans lequel il souhaite s’inscrire, le défi suivant consiste à devenir participant. Les critères d’éligibilité peuvent être aussi restrictifs que la taille de la population touchée par la maladie est petite. Avec les nombreuses conditions à passer sur l’histoire clinique, l’âge, la comorbidité, les effets secondaires et les antécédents familiaux, de nombreux candidats potentiels ne restent que cela et retournent à la case départ.
Un conflit entre la recherche clinique et le traitement réel
Enfin, dans le cas des maladies rares, le respect de la nécessité statistique de procéder à des contrôles est une véritable bataille. En particulier, le contrôle par placebo soulève une difficile question d’éthique. Dans certaines maladies, l’évolution rapide de l’affection, qui met rapidement la vie en danger, incitera tout parent ou patient à s’inscrire à des options de traitement actif dans le cadre du bras interventionnel, plutôt que de parier sur l’assignation au bras de l’étude de référence.
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2 solutions pour surmonter les défis liés aux essais cliniques sur les maladies rares
Solution n°1 : capitaliser sur les communautés de maladies rares pour trouver des participants potentiels aux essais cliniques
Le nombre réduit de patients par maladie permet aux entreprises d’avoir un impact direct et plus intime sur la vie des patients. Cela améliore la communication entre les professionnels médicaux, les professionnels cliniques et les patients, en répondant à leurs besoins réels et à leurs difficultés. Cela peut inspirer de nouveaux flux de travail pour faire avancer la lutte contre les maladies rares. Par exemple, les proches des patients utilisent désormais les médias sociaux pour attirer l’attention sur les recherches urgentes d’essais cliniques. Ces cercles sociaux émotionnellement engagés offrent de grandes possibilités de changement.
Solution n°2 : exploiter les nouvelles recherches et les possibilités de collaboration
Il existe un élan mondial indéniable en faveur de l’action, qui séduit les acteurs établis de l’industrie de la santé avec des start-ups intéressantes à suivre telles que Keros Therapeutics, Imara ou Dyne Therapeutics. Il reste des opportunités à saisir avec de nouvelles collaborations et de nouveaux programmes pour rafraîchir le paysage de la recherche clinique et du traitement des maladies rares. Précisément, de nouvelles approches de recherche sont en cours d’analyse. Des publications récentes suggèrent une pensée innovante pour contourner le nombre limité de sujets disponibles et le processus standard d’approbation des médicaments. Par exemple, démontrer la « non-efficacité » au lieu de l’efficacité, mais aussi adopter un modèle d’essai adaptatif en deux étapes et sans rupture [5].
Les patients, leurs proches et les équipes médicales prouvent constamment que le besoin d’innovation dans ce domaine est réel et croissant. La conception des essais cliniques peut-elle être adaptée au petit nombre de patients atteints de maladies rares ? Quels nouveaux programmes de financement peuvent être créés pour faire avancer la science ? Quelles nouvelles collaborations peuvent être imaginées pour rafraîchir le paysage de la recherche clinique ? Et ce ne sont là que quelques-unes des questions à poser.
Alcimed est là pour aider les différents acteurs, établis et nouveaux, à trouver comment se positionner dans cette course et à explorer leur voie vers l’innovation. N’hésitez pas à contacter notre équipe !
A propos de l’auteur,
Thaïs, Consultant au sein de l’équipe Sciences de la vie d’Alcimed en Suisse