Santé

Épilepsie pharmacorésistante : quelles sont les alternatives existantes ?

Publié le 16 janvier 2023 Lecture 25 min

L’épilepsie est la troisième maladie neurologique la plus fréquente aujourd’hui. Elle concerne 1% de la population française, ce qui représente 600 000 patients. On compte dans le monde, 60 millions de patients épileptiques, dont 50% sont des enfants. Actuellement, les principaux traitements sont médicamenteux et permettent de stabiliser 60% à 70% des épilepsies. Bien que ces médicaments réduisent le nombre de crises, un tiers des épilepsies restent pharmaco-résistantes et non contrôlées. Pour les patients dont les épilepsies ne sont pas stabilisées, les conséquences psychosociales de la maladie sont nombreuses et peuvent entraîner une augmentation de l’anxiété, des difficultés pour accéder à la scolarisation ou à l’emploi… Les crises survenant durant l’enfance peuvent aussi laisser des séquelles neuropsychologiques et neurodéveloppementales. Du côté médico-économique, ces pathologies sont coûteuses pour l’Assurance Maladie (on estime que chaque patient pharmacorésistant coûte entre 3200 et 6000€ par an). Alcimed a décrypté les autres voies thérapeutiques existantes et émergentes permettant de traiter les épilepsies réfractaires aux traitements conventionnels.

Avant tout, qu’est-ce que l’épilepsie ?

L’épilepsie est une maladie neurologique pouvant prendre différentes formes, toutes caractérisées par une excitation synchronisée et anormale d’un groupe de neurones du cortex cérébral, pouvant secondairement se propager à d’autres zones. Cette excitation anarchique va entrainer des crises, focales ou généralisées, provoquant des pertes de connaissance, des secousses et contractions musculaires, ainsi que divers troubles neurologiques (auditifs, moteurs, visuels, sensitifs). Les épilepsies entrainent également, au-delà des crises, des troubles de la cognition (mémoire, langage, attention), des troubles de l’humeur, des troubles du comportement ainsi que des troubles du sommeil.

La neurochirurgie, grande bénéficiaire des avancées technologiques

La chirurgie peut être envisagée dans certains cas, pour enlever ou détruire la zone à l’origine des crises d’épilepsie. De ce fait, cette zone doit être unique et bien identifiée pour pouvoir être opérée. De plus, elle doit se situer à distance des zones éloquentes hautement fonctionnelles, pour ne pas risquer de les endommager. Il existe plusieurs types d’interventions :

  • La chirurgie de résection qui permet principalement de soigner les épilepsies mésiotemporales. La chirurgie libère des crises dans 60 à 80% des cas. Il s’agit d’une opération de 6h, sous anesthésie générale pour les jeunes enfants, partielle pour les jeunes adultes. Au cours de la procédure, le chirurgien est guidé par une captation en direct des signaux électriques de l’activité cérébrale du patient (EEG).
  • L’ablation laser guidée par IRM (MRgLITT) : ablation de la zone épileptogène grâce à une fibre optique, très peu invasive et diminuant les durées d’hospitalisation et les séquelles.
  • La thermo coagulation ou thermo SEEG, permet une thermo coagulation des foyers épileptogènes, guidée par stéréoencéphalographie (utilisation des électrodes de SEEG déjà implantées sur des zones épileptogènes pour réaliser des thermo coagulations). Les lésions des zones épileptogènes sont réalisées par radiofréquence.

Traitement de l’épilepsie pharmacorésistante : quelle place pour les approches palliatives ?

Les approches palliatives correspondent à des actes de neurostimulation, consistant à moduler l’excitabilité neuronale à distance pour réduire la fréquence et la sévérité des crises. Ces techniques ont été expérimentées pour la première fois il y a 50 ans, afin de contrôler les crises d’épilepsies par une stimulation électrique. Ces différentes approches revêtent un caractère plus ou moins invasif :

  • Certaines techniques sont dites non invasives. C’est le cas de la stimulation magnétique transcrânienne (TMS), qui correspond à une courte série d’impulsions magnétiques dirigées vers le cerveau pour stimuler les neurones, modifiant leur excitabilité.
  • La stimulation du nerf vague (VNS) est dite semi-invasive. Elle s’effectue grâce à un appareil (type pacemaker) implanté sous la clavicule du patient. Le nerf est stimulé par courant intermittent, ce qui permet d’inhiber l’épilepsie et de réduire les doses médicamenteuses. La technique a gagné en efficacité au fil des années avec aujourd’hui 63% des patients qui diminuent leurs crises de moitié.
  • Enfin, certaines approches nécessitent une intervention La stimulation profonde du noyau antérieur du thalamus (ANT-DBS) en est un exemple. Il s’agit d’une thérapie de troisième ligne, sûre, efficace et bien tolérée. Pour stimuler ces noyaux, une électrode va être implantée au patient par stéréotaxie directement dans le thalamus. La technique permet à 70% des patients de réduire leur nombre de crises de 50%.

La chirurgie visant à soigner les épilepsies pharmacorésistantes et les approches palliatives restent aujourd’hui peu répandues. 40% des patients ayant une épilepsie partielle pharmacorésistante pourraient bénéficier de ce type d’acte en France, soit environ 57 600 patients. Cependant, seulement 500 patients sont opérés chaque année, soit moins d’1 pour 100 candidats potentiels. Il reste de nombreuses craintes liées aux actes chirurgicaux concernant le cerveau, bien que les dernières avancées technologiques en imagerie et sur les techniques interventionnelles permettent aux opérations chirurgicales d’être de plus en plus précises et de moins en moins invasives. Par ailleurs, l’étude des mécanismes de l’épilepsie reste extrapolable à d’autres maladies touchant la conduction de l’influx nerveux, tel que la maladie de Parkinson et la sclérose en plaque, pour lesquelles des applications sont déjà en cours de développement. Alcimed peut vous accompagner dans vos projets liés à ces sujets. N’hésitez pas à contacter notre équipe !

Sources :

Épilepsie ⋅ Inserm, La science pour la santé

Filipescu C, Lagarde S, Lambert I, Pizzo F, Trébuchon A, McGonigal A, Scavarda D, Carron R, Bartolomei F. The effect of medial pulvinar stimulation on temporal lobe seizures. Epilepsia. 2019 Apr;60(4):e25-e30. doi: 10.1111/epi.14677. Epub 2019 Feb 14. PMID: 30767195.

Begley CE, Beghi E. The economic cost of epilepsy: a review of the literature. Epilepsia. 2002;43 Suppl 4:3-9. doi: 10.1046/j.1528-1157.43.s.4.2.x. PMID: 12059995.

Hect JL, Alattar AA, Harford EE, Reecher H, Fernandes DT, Esplin N, McDowell M, Abel TJ. Stereotactic laser interstitial thermal therapy for the treatment of pediatric drug-resistant epilepsy: indications, techniques, and safety. Childs Nerv Syst. 2022 May;38(5):961-970. doi: 10.1007/s00381-022-05491-x. Epub 2022 Mar 11. PMID: 35274185.

P. Kahane, S. Chabardès, A. Depaulis, Neurostimulation dans l’épilepsie, Pratique Neurologique – FMC, Volume 6, Issue 2, 2015.

Ryvlin P, Jehi LE. Neuromodulation for Refractory Epilepsy. Epilepsy Curr. 2021 Dec 15;22(1):11-17. doi: 10.1177/15357597211065587. PMID: 35233189; PMCID: PMC8832352.

La thermocoagulation multiple de foyers épileptogènes guidée par la SEEG (thermo-SEEG) – ScienceDirect

Who will use epilepsy surgery nomograms, and why? – The Lancet Neurology


A propos de l’auteur, 

Romain, Consultant au sein de l’équipe Santé d’Alcimed en France

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