3 défis à relever pour les acteurs de l’élevage d’insectes

Défi n°1 : nourrir la planète tout en respectant la promesse d’un élevage responsable

L’objectif des élevages d’insectes est de produire des protéines de bonne qualité tout en ayant un impact environnemental nettement inférieur à celui d’autres protéines animales. C’est la promesse de nombreux acteurs du secteur. Cependant, quelques études contestent l’impact environnemental moins important des farines d’insectes comparées aux farines de poissons ou aux protéines végétales. Ces études sont basées sur la production à l’échelle pilote. Le secteur fait donc face à des sujets de scale-up et d’optimisation pour produire plus avec un impact limité.

De plus, pour avoir un impact significatif, le secteur de l’élevage d’insectes doit se préparer à produire des volumes suffisants pour concurrencer les protéines animales actuelles. On estime qu’à l’échelle mondiale l’ensemble des acteurs du marché seront capables de produire 30 millions de tonnes en 2030. A titre de comparaison, la production annuelle de viandes est 10 fois plus importante. La production à grande échelle reste encore un frein au développement du secteur même si de grands acteurs s’installent et ouvrent des sites d’élevages à grande échelle. C’est le cas de Ynsect et InnovaFeed, deux acteurs majeurs français. Ynsect a développé une ferme verticale à la pointe de la technologie, utilisant intelligence artificielle et robotique.

Ainsi, certaines innovations comme l’automatisation et l’intelligence artificielle pourraient permettre un développement à grande échelle de ce type d’élevage.

Défi n°2 : prévenir les risques associés à l’élevage intensif d’insectes

Les élevages d’insectes se multiplient et les premiers risques associés à l’élevage intensif apparaissent. En effet, des questions sanitaires se posent. Comme dans tout élevage intensif, les maladies se propagent très vite en raison de la proximité des animaux. Les Hollandais en ont déjà fait les frais avec une grande partie de la population d’un élevage de grillons décimée par un virus.

Les questions de bien-être animal commencent également à se poser. L’élevage d’insectes devrait répondre à des principes de bien-être animal, mais il est encore difficile de définir des normes quand la majorité des études ont été réalisées sur des bovins, des porcs ou des volailles. Les acteurs du secteur comme par exemple, InnovaFeed se penchent déjà sur le sujet. En effet, la start-up communique sur sa volonté de recréer les conditions environnementales qui imitent au mieux le milieu naturel des insectes. Ainsi, la gestion des risques de maladies, du stress, et de l’environnement permettra à la filière d’assurer une productivité nécessaire et de produire des protéines animales mieux acceptées par les consommateurs.

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Défi n°3 : dépasser les barrières culturelles à l’élevage d’insectes

Les acteurs de la filière d’entomophagie promeuvent l’intérêt nutritionnel des insectes : ils contiennent 50g de protéines pour 100g de matière sèche (comparé à 40g pour le bœuf), les 9 acides aminés essentiels, des fibres alimentaires, ainsi que des vitamines et des minéraux. Mais alors pourquoi ne consommons-nous pas déjà des insectes ? En réalité, c’est 2 milliards d’individus qui en consomment déjà, en particulier en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. En revanche, en Europe et en Amérique du Nord, où sont les plus grands consommateurs de protéines animales, il existe une répulsion pour la consommation d’insectes.

Pour autant, des acteurs vendent déjà des produits à base d’insectes comme Jimini’s qui commercialise des insectes pour l’apéritif qui attirent les consommateurs les plus curieux. Une étude réalisée en 2019 montre que les végétariens seraient les plus enthousiastes à l’idée de manger des insectes car cela représente une source de protéines durable et répond aux enjeux écologiques actuels.

Pour pallier le manque d’attractivité de l’insecte pour les consommateurs, les acteurs de la filière se lancent déjà dans de nouvelles applications comme l’incorporation de farines d’insectes dans des steaks végétaux. Certains orientent également le marketing de leurs produits sur la nutrition sportive pour valoriser les atouts nutritionnels des insectes. Enfin, il semblerait que les consommateurs soient plus enclins à accepter l’incorporation d’insectes dans la nutrition des animaux de compagnie (Pet Food) ou d’élevage (Feed), ce qui représente des débouchés prometteurs.

L’élevage d’insectes, qu’il se destine à l’alimentation humaine ou animale, se développe rapidement. Il est important pour les acteurs du secteur de comprendre les enjeux et les défis de demain pour développer leur activité durablement. Les questions autour de l’intensification des élevages d’insectes, du bien-être animal et des risques de maladies doivent être anticipées et les élevages devront faire preuve de transparence auprès des consommateurs. Alcimed est prêt à vous aider à relever les défis de l’élevage d’insectes. N’hésitez pas à contacter notre équipe !

A propos de l’auteur,

Ludivine, Consultante au sein de l’équipe agroalimentaire d’Alcimed en France.