Cosmétique

5 leviers pour améliorer l’éco-conception des produits cosmétiques et répondre aux ambitions du Green Deal

Publié le 11 décembre 2024 Lecture 25 min

Les entreprises du secteur cosmétique affichent ont toutes des objectifs de réduction de leur impact environnemental. En effet, les industriels de la cosmétique doivent s’adapter aux directives résultant du Green Deal et parfois même réussir à anticiper les futures réglementations. Dans cet article, Alcimed résume les enjeux techniques actuels et futurs posés par le Green Deal et explore les solutions qu’apportent les industriels à chaque étape de la vie des produits cosmétiques.

Levier n°1 : la conception de la formule, une étape d’anticipation

Avec le Green Deal, plusieurs nouvelles interdictions sont apparues afin de protéger l’environnement (PFAs, microplastiques non biodégradables, importation d’huile de palme sans traçabilité) et des centaines de substances doivent toujours être évaluées en vue de nouvelles restrictions. Certains industriels cherchent à anticiper ces restrictions en mettant en place un criblage de l’ensemble de leurs ingrédients afin de vérifier leur sureté. Cependant, les méthodologies actuelles ne permettent pas toujours de cribler de manière adaptée une grande quantité d’ingrédients. Les industriels travaillent donc en collaboration ensemble, et avec des instituts de recherche ou organisations intergouvernementales pour mettre en place ces nouvelles méthodes, comme dans le cadre de l’ICCS (International Collaboration on Cosmetic Safety).

D’autre part, certaines marques comme Typology font le choix de simplifier leurs formules afin de limiter le nombre d’ingrédients et ainsi, les potentiels effets sur la santé et l’environnement. Cela fait écho au travail de l’ECHA à la mise en place d’un « facteur d’évaluation en mélange » afin de mieux appréhender les effets des substances après formulation.

Levier n°2 : la traçabilité nécessaire des matières premières

Le Green Deal a pour ambition de promouvoir un maximum de traçabilité afin de prévenir les risques sociaux et environnementaux. Ainsi, le consortium TRASCE a été lancé en 2024 par 15 industriels leaders du marché cosmétique français afin de mutualiser leurs moyens et connaissances pour tracer de manière précise les étapes et acteurs de l’approvisionnement des matières premières (production, extraction, transformation…).

Levier n°3 : la production et les opérations de transport, des enjeux énergétiques majeurs

La production est une étape que de nombreux industriels leaders du marché maitrisent en grande partie en ayant leurs propres usines de production. Dans leurs propres usines, ils peuvent alors développer des procédés plus écoresponsables, en investissant dans la modernisation des machines et des infrastructures. Suite aux directives sur la consommation en énergie et en eau et sur la gestion des déchets, de nombreux industriels ont isolé leurs usines, introduit les énergies renouvelables, mis en place de nouveaux procédés efficaces à froid et réduit leur consommation en eau (lavage, refroidissement, …). Les impacts environnementaux liés à la production réalisée en sous-traitance sont plus difficiles à évaluer et à améliorer, mais les marques donnent des directives à leurs fournisseurs afin de les faire évoluer vers des pratiques similaires.

De la même manière, en ce qui concerne le transport, certains industriels mettent en place des moyens de transport électriques ou remplacent leurs camions par des systèmes intermodaux. Il est aussi à noter que le Green Deal a mis en place une forme de taxe carbone sur le transport maritime qui aura forcément un impact sur le prix des matières premières importées et les produits finis exportés, y compris pour l’industrie cosmétique.

Lire plus : 4 axes du Green Deal européen qui pourraient impacter l’industrie cosmétique

Levier n°4 : le packaging, outil historique de la communication auprès des consommateurs

20% des émissions de gaz à effet de serre liées aux produits cosmétiques sont dues aux emballages. Concernant la nature des packagings, le Green Deal tend à limiter ou interdire les plastiques à usage unique. Pour l’heure, les principales solutions envisagées par les industriels sont relatives à des transformations vers des plastiques recyclables et ou recyclés, mais certaines marques testent des solutions de flacons rechargeables. Par exemple, les laboratoires Pierre Fabre, Expanscience, Garancia, La Rosée Cosmétiques et Bioderma (NAOS) se sont associés pour proposer cette solution en pharmacie. La réduction du volume d’eau dans les cosmétiques voire les cosmétiques solides peut aussi être une solution pour réduire les packagings.

D’autre part, la création d’un passeport numérique produit, et l’interdiction d’allégations environnementales trompeuses doivent permettre aux consommateurs de faire des choix plus durables. Les industriels font donc face à deux challenges :

  • Donner des informations claires et transparentes aux consommateurs en étant acteurs de l’évaluation des risques liés aux produits. Un EcoBeautyScore est en cours de réalisation par un consortium d’industriels souhaitant mettre en place un outil d’informations harmonisé à destination des consommateurs.
  • Permettre aux consommateurs un accès facile à une documentation tout en réduisant le packaging. La transition vers des plateformes d’informations digitales est considérée comme une solution d’avenir (plus de clarté, moins de déchets plastiques).

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Levier n°5 : l’usage des produits et le traitement des déchets

Au global, l’usage des produits cosmétiques est responsable de 40% des émissions de GES du secteur. Parmi tous les produits cosmétiques, les produits « rince-offs » sont ceux avec le plus grand impact lors de l’usage.5 En effet, ils requièrent une grande quantité d’eau pour être rincés et leurs ingrédients se retrouvent dans les eaux usées, avec de potentiels impacts sur l’environnement aquatique si le traitement n’est pas adapté. Au sein de l’Union Européenne, 92 % des polluants toxiques retrouvés dans les eaux usées proviennent des secteurs cosmétique et pharmaceutique.13 Avec le Green Deal, les industriels devront payer en cas de pollution par leurs produits. Ils ont alors tout intérêt à concevoir leurs produits en conséquence.

Concernant la consommation en eau, afin d’aider les particuliers à réduire leur consommation, les entreprises les plus engagées proposent des solutions technologiques comme une mousse à rinçage rapide pour remplacer une crème (Procter & Gamble) ou encore un pommeau de douche à consommation réduite (L’Oréal et Gjosa).

Le secteur cosmétique représentait environ 0,5 à 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2020.9 Le Green Deal s’adresse à l’industrie cosmétique comme à toutes les industries, et a fourni aux industriels un guide pour l’éco-conception des produits à travers la règlementation ESPR (Ecodesign for Sustainable Products Regulation). Cette réglementation indique notamment la nécessité d’utiliser des produits et méthodes plus durables, mais aussi la nécessité de pouvoir le prouver. Cela implique que les industriels se donnent les moyens techniques, financiers et logistiques pour évaluer leurs produits et pratiques, assurer leur traçabilité, et adopter des outils et méthodes d’éco-conception avancés.

Des solutions techniques et logistiques sont développées chaque jour par des équipes de recherche et des industriels afin de répondre à des problèmes précis pour chaque étape. Cependant, la concurrence est forte et chacun cherche à trouver les solutions les plus optimales, le plus rapidement possible. D’autre part, le paysage du secteur cosmétique est composé de petites et moyennes entreprises en grande majorité, et ces entreprises n’ont pas toujours les moyens de mettre en place ces solutions en interne. Notre équipe spécialisée en cosmétique peut vous accompagner dans vos projets exploratoires de solutions d’avenir. N’hésitez pas à contacter notre équipe !


À propos de l’auteur,

Agathe, Consultante au sein de l’équipe Cosmétique & Luxe d’Alcimed en France.

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