Construction neuve : 3 leviers à activer pour un approvisionnement durable dans le BTP

L’intérêt de limiter l’exploitation des matières premières n’est plus à prouver, l’épuisement des ressources naturelles étant devenue un sujet de première importance. Le sable, par exemple, est la seconde ressource exploitée après l’eau sur terre. Son prélèvement, excessif, a mené en Floride à la diminution drastique des plages : -80% en 20 ans. La France elle-même extrait tous les ans, l’équivalent de 4 dunes du Pila. De plus, certains évènements engendrent désormais des répercussions immédiates sur notre système d’approvisionnement mondialisé. Pensons au Canal du Suez qui accueille 12% du commerce mondiale annuel et aux conséquences d’un unique tanker bloqué en 2021 : 400 navires immobilisés de chaque côté du canal égyptien. Le secteur du BTP est directement affecté par la déplétion des matières premières et les crises d’approvisionnement, mais alors existe-t-il des leviers dans lesquels investir pour pallier à ces difficultés ? Alcimed a recensé 3 leviers à activer pour réduire l’impact environnemental du BTP et parvenir à un approvisionnement durable.

La capitalisation de l’existant par la rénovation et la réversibilité du bâtiment

Le premier levier de la capitalisation de l’existant est la rénovation plutôt que la construction neuve, permettant en plus de réduire de près de 40% l’empreinte carbone d’une maison individuelle.

Le second levier est la réversibilité du bâtiment, qui consiste à changer l’utilisation initiale du bâtiment afin de le conserver et ne pas le démolir, comme par exemple l’aménagement d’appartements dans des immeubles qui autrefois étaient des bureaux.

Cependant, on ne peut pas se contenter de rénover ou remployer les bâtiments, le monde manque toujours de logement : en France, suivant les projections, il manquerait entre 150 000 et 500 000 logements. La construction neuve reste donc à considérer et peut aujourd’hui être aussi intégrée à une logique de capitalisation de l’existant.

Les bâtiments existants comme sources d’approvisionnement durable pour la construction neuve

Un levier prometteur est le réemploi de matériaux de construction issus de la démolition d’un bâtiment qui engendre en effet une grande quantité de déchets de chantier.

Certains matériaux de construction peuvent être réemployés suite à leur intégration à un cycle de transformation. Le PVC des fenêtres, par exemple, peut être récupéré et réutilisé dans la fabrication de nouvelles fenêtres via des plateformes comme « Cycle Up » qui est un acteur de l’économie circulaire.

Ainsi, de nouveaux projets d’économie circulaire voient le jour comme celui de la Société du Grand Paris qui s’est fixé comme objectif de valoriser 70% des terres excavées pour de nouveaux projets. Dans ce cadre, des matériaux recyclés, issus de la démolition de l’ancien Campus de Central Paris (Chatenay-Malabry), ont été utilisés pour la construction de LaVallée, un écoquartier.

Découvrir comment mettre en place une démarche d’économie circulaire >

Cependant, la réutilisation de matériaux de construction pour d’autres chantiers est encore trop rare : en France, seul 1% des matériaux issus de démolition sont réutilisés dans la construction.

La réutilisation des matériaux de l’existant se heurte effectivement à une réelle difficulté de traçabilité : on ne sait pas ce qui se trouve dans un bâtiment. Il n’existe pas de liste exhaustive de la composition des bétons utilisés ou encore des isolants. Même si des plans détaillés existent, il est rare de connaitre l’emplacement exact des réseaux électriques par exemple. Si l’on veut utiliser le bâtiment comme la banque de matériaux qu’il est, il est essentiel de faire le recensement précis de ces derniers, leurs emplacements, leurs quantités et leurs compositions.

« Finalement, une gestion efficace de la chaîne d’approvisionnement dans le bâtiment couplée à l’apport de la data pour la traçabilité pourra favoriser et créer un avantage concurrentiel pour les entreprises sur le moyen terme » Vincent, responsable du Centre d’Excellence chez Alcimed.

La plateforme digitale « Looping » se veut ainsi outil de structuration de la demande de matériaux de récupération. Elle permet de mettre en relation les Maîtres d’Ouvrage qui vont détailler et quantifier leurs demandes de matériaux en amont de leurs projets avec des industriels, des plateformes physiques ou digitales, ou encore des associations qui auront accès de leur côté à cette demande et pourront y répondre.

Alcimed s’intéresse à l’apport des technologies digitales pour le développement de nouvelles stratégies d’économies circulaires plus efficientes dans le domaine de la construction. En complément de l’engouement du secteur du BTP pour des solutions bas-carbone, le réemploi plus efficace des matériaux de construction pourrait encore accélérer la transition vers une industrie du bâtiment plus durable. N’hésitez pas à contacter notre équipe pour échanger plus en détails sur le sujet.

A propos de l’auteur, 

Oriane, Responsable de Mission au sein de l’équipe Chimie et Matériaux d’Alcimed en France