Cross-sectoriel
Livre Blanc Alcimed – HEALTHY AGEING
Le vieillissement de la population est un phénomène mondial. Il s'intensifie dans la région Asie-Pacifique, étant la région du monde où il est le plus rapide. L'accroissement de la ...
Le vieillissement de la population, accompagné d’un phénomène de fragilisation des personnes âgées, impacte négativement notre système de santé publique, et plus largement, notre société. Pour en limiter les conséquences, il faut prévenir la perte d’autonomie des personnes âgées et leur dépendance pour leur permettre de vivre en autonomie le plus longtemps et le mieux possible. Pour cela, des outils et des initiatives voient le jour dans les territoires. Nous faisons le point sur ces enjeux avec notre équipe Innovation et Politiques Publiques de Santé, qui accompagne ses clients sur des solutions innovantes de prévention de la perte d’autonomie et de la dépendance.
« D’après le rapport Libault sur la dépendance remis en mars 2019, le nombre de seniors en perte d’autonomie va passer de 1,3 million en 2017 à 2,2 millions en 2050. »
Ce chiffre est alarmant, particulièrement dans un contexte général d’optimisation des budgets au niveau national. La question des dépenses liées à la dépendance apparaît donc comme légitime. D’ailleurs, et de manière préoccupante, un rapport de 2019 indique « que les recettes actuellement affectées au remboursement de la dette sociale ne suffiront pas, une fois cette dernière éteinte, à couvrir les dépenses de la dépendance à ce jour non financées ». Il est également inquiétant de constater qu’au niveau financier lorsqu’il s’agit pour la personne âgée de couvrir individuellement les dépenses d’accueil en EHPAD, on constate que : « le reste à charge après aides diverses atteint 1 850 € par mois […] et excède les ressources courantes de la personne âgée dans 75 % des cas » (extrait d’un rapport de la DREES).
Au-delà du coût pour la société, il faut aussi considérer le coût individuel de la perte d’autonomie qui est loin d’être négligeable pour un sujet âgé et ses proches. En effet, il est plus difficile pour un individu vulnérable d’exercer pleinement son droit à la qualité de vie. De même, la grande fragilité impacte les proches aidants des personnes vieillissantes, dont nombre d’entre eux sont aujourd’hui épuisés. D’après une étude de la DREES, 47% des aidants déclarent au moins une conséquence négative de l’aide apportée au sénior sur leur santé physique ou leur moral. La recherche sur ce sujet, ainsi que les stratégies nationales récentes soulèvent les principaux chantiers pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées : la prévention et l’accompagnement de la dépendance plutôt que le déni par des ressources au domicile et en établissement, la mise à disposition des ressources existantes souvent méconnues des personnes et de leurs proches, l’appui spécifique aux situations de rupture relationnelle…
Le bien vieillir est défini par la communauté scientifique comme « le maintien de l’autonomie fonctionnelle, surtout le fonctionnement physique, mental et social ».
Face à de tels constats, il devient urgent de penser préventif et non plus curatif afin de faire basculer notre modèle de société sur ce sujet. On remarque d’ailleurs que le « bien vieillir » prend de l’ampleur aujourd’hui dans les discours politiques. Ce bien vieillir est défini par la communauté scientifique comme « le maintien de l’autonomie fonctionnelle, surtout le fonctionnement physique, mental et social ». De la même manière, l’Institut des Sciences du Vieillissement distingue trois dimensions essentielles du maintien de l’autonomie des personnes vieillissantes : l’activité physique, la nutrition, et la stimulation cognitive. Cette idée d’une multiplicité des facettes de la dépendance est par ailleurs validée au niveau international par l’OMS qui a introduit en 2015 la notion de « vieillissement en bonne santé, définie comme le développement et le maintien des capacités fonctionnelles permettant le bien-être de la personne âgée ».
Opérer ce changement de paradigme dans la société est essentiel pour enclencher les leviers de la prévention de la dépendance : identifier de manière précoce la dégradation des fonctions conduisant à la perte d’autonomie, généraliser des mesures préventives ne relevant pas du soin (activité physique, ateliers mémoires, socialisation, etc.). Pour cela, la formation des professionnels aux méthodes d’accompagnement des personnes permettant de prévenir les enjeux de dépendance est essentielle, à la fois pour les salariés et les professionnels libéraux. En effet, l’enjeu de la prévention de la dépendance sous toutes ses formes est aussi bien réel au domicile qu’en établissement. Cette question de la formation est couverte par le 5ème axe du Plan national d’action de prévention de la perte d’autonomie publié en 2015, qui propose trois mesures phares ayant vocation à intégrer la notion de la prévention de la dépendance dans les formations initiales et continues.
La récente et actuelle crise de la Covid-19 a démontré qu’au-delà des aspects physiques et cognitifs, les aspects psychiques sont au cœur du bien-être de la personne âgée et donc du maintien de son autonomie. Comme le montre une étude des « Petits frères des pauvres », les mesures de confinement ont particulièrement affecté les personnes âgées. Dans le rapport de cette étude, 46% des personnes âgées interrogées déclarent que le confinement a eu un impact sur leur moral, 35% sur leur forme physique et 20% sur leur appétit. Pour répondre à ce phénomène inquiétant, les EHPAD en France se sont mobilisés pour mettre en place des dispositifs de maintien du lien social à distance en s’appuyant sur des outils numériques, notamment les systèmes de visio-conférence qui ont permis à de très nombreux résidents d’échanger virtuellement avec leurs proches de manière régulière.
Le numérique est un espace inépuisable de ressources, utilisé aujourd’hui pour contribuer à la prévention de la dépendance. Par exemple, Alcimed accompagne l’évaluation d’un programme innovant (programme ICOPE porté par le Gérontopôle de Toulouse) appuyé sur l’utilisation d’une application mobile. Le principe est simple : la personne âgée remplit un questionnaire via une application en ligne, lui permettant de balayer l’ensemble des volets de la dépendance (mobilité, mémoire, humeur, état nutritionnel, vue et audition). Si une anomalie est repérée, un accompagnement spécifique organisé par des professionnels de santé est proposé, en accord avec les besoins et les envies de la personne. Malgré la pertinence de ces innovations, il faut nuancer leur impact en rappelant qu’environ 30% des personnes de 60 ans et plus n’utilisent jamais Internet en France. La porte reste donc ouverte aux innovations pour rendre ces outils accessibles à un plus grand nombre de personnes âgées dépendantes, notamment celles du 4ème âge (~plus de 80 ans).
Alors que le vieillissement fait inévitablement partie de nos parcours de vie, l’idée de la perte d’autonomie et de la dépendance qui y est associée suscite un sentiment négatif. Certes, on peut comprendre que cela représente un coût inquiétant, à la fois au niveau national et individuel. Cependant, des leviers existent et sont aujourd’hui activés par différents acteurs menant des initiatives sur les territoires pour opérer le changement de mentalités vers l’importance de prévenir la perte d’autonomie, et progressivement changer notre regard sur le vieillissement. L’objectif de ces initiatives étant avant tout de permettre aux personnes âgées de bien vieillir en autonomie, notre équipe Innovation et Politiques Publiques a à cœur de les soutenir par l’appui à des projets d’avenir qui ne sont pas près de prendre une ride !
A propos des auteurs
Agnès et Célia, Responsables de Mission, Cassandre et Mélina, Consultantes et Joseph, Responsable de développement dans l’équipe Innovation et Politiques Publiques de Santé d’Alcimed en France