Défi n°1 : Adopter des indicateurs communs et crédibles basés sur la science
En développant les bons outils de décision…
Les acteurs industriels s’efforcent de se doter d’outils et d’indicateurs pour évaluer l’empreinte environnementale (en particulier carbone) de leurs activités et ainsi prioriser les solutions désirables et évaluer leurs bénéfices environnementaux.
Il est essentiel que ces outils soient basés sur un consensus scientifique, afin de garantir leur objectivité et leur recevabilité. Le co-développement d’outils de décision par les chercheurs, les entreprises et les acteurs financiers peut améliorer l’utilité de ces outils pour une application pratique, comme évaluer les rendements non financiers.
Ces outils peuvent être conçus de diverses manières à l’interface entre la science et l’industrie :
- De la science vers l’industrie : L’ACV est la méthode courante pour évaluer l’empreinte environnementale de différentes ressources.
- Du business vers la science : Les engagements et feuilles de route des entreprises peuvent être confrontés aux experts scientifiques pour s’assurer de leur pertinence.
- De la science et de l’industrie : Co-développement multisectoriel d’indices scientifiques, tels que l’agrobiodiversité (ABDI).
… Qui rendent compte d’une vision holistique des impacts
Cependant, les différents outils de mesures qui existent aujourd’hui admettent des limites, à commencer par une limite commune forte : ils peinent encore à rendre compte d’une vision holistique des impacts, malgré leur volonté intrinsèque de le faire.
- Les résultats des ACV sont parfois discutables et ne fournissent pas toujours une image complète de l’impact environnemental d’un produit. Par exemple, elles peuvent indiquer que des produits issus de l’agriculture conventionnelle ont un impact environnemental moindre que des produits biologiques. Mais, elles ne prennent pas en compte les effets à long terme de l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques sur la santé des sols et des écosystèmes.
- En outre, le secteur agroalimentaire a la particularité de répondre à un besoin humain fondamental : se nourrir pour vivre. Cependant, il est important de souligner que cette industrie est souvent pénalisée par des indicateurs « one size fits all », tels que les émissions de GES, qui peuvent injustement discriminer certaines filières et acteurs. Bien que les émissions de GES soient un enjeu majeur, il est nécessaire de prendre en compte la criticité de l’activité pour en faire l’analyse. Autrement dit, cela pose la question d’une éventuelle pondération des objectifs et stratégies de réduction de GES en fonction de la criticité de l’activité.
Défi n°2 : Exploiter davantage la gestion et le partage des données
Dans ce contexte, une meilleure exploitation et un partage renforcé des données sont cruciaux, car ces dernières permettent de générer de nouvelles données scientifiques pour évaluer l’impact environnemental. Ces données incluent, entre autres, des informations sur les productions agricoles et les produits transformés, les échanges logistiques et commerciaux, ainsi que la composition, la qualité et la traçabilité des produits.
Aussi, les entreprises agroalimentaires et de production agricole sont confrontées à un défi croissant : collecter, produire, gérer et analyser toujours plus d’informations à chaque cycle de production. En effet, pour piloter leurs transitions environnementales, elles doivent être en mesure de suivre l’impact de leurs activités à chaque étape, de la production à la commercialisation, jusqu’au recyclage.
Mais la gestion des données ne se limite pas à un simple enjeu technique. Elle soulève de nombreux défis, tous plus complexes les uns que les autres : standardisation, exhaustivité, interopérabilité, mutualisation, fiabilité et certification, propriété et authenticité, gouvernance et pilotage, maîtrise et maintenance. Autant d’aspects qu’il est essentiel de prendre en compte pour assurer une gestion efficace des données et garantir leur qualité et leur pertinence sur le long terme.
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Défi 3 : Collaborer avec toutes les parties prenantes
Les défis liés à la création d’indicateurs pertinents et à la gestion des données sont interconnectés et nécessitent une collaboration entre les parties prenantes pour être relevés. Au-delà d’être la condition préalable au consensus sur les indicateurs à adopter (défi 1), la collaboration entre les acteurs est essentielle car elle doit également permettre la circulation des données de l’amont à l’aval de leur chaîne de valeur, jusqu’au recyclage (défi 2), afin d’accélérer la transformation des acteurs et des filières. Or, la mise en place d’une collaboration effective et efficiente est d’autant plus complexe que les parties prenantes sont nombreuses : consommateurs, acteurs de la chaîne de valeur, acteurs académiques, startups et apporteurs de technologies, autres secteurs économiques, et écosystème élargi.
Les indicateurs et le partage de données permettent à l’industrie agroalimentaire d’objectiver la mesure de la valeur, en renforçant la relation de confiance avec la marque et en valorisant les efforts environnementaux et éthiques.
Cependant, cela implique de relever des défis, à commencer par la prise en compte des spécificités des secteurs et des acteurs dans la définition d’indicateurs, une bonne interopérabilité, fiabilité et gouvernance des données, entre autres, une bonne collaboration entre les parties prenantes pour notamment atteindre un consensus sur les indicateurs et assurer la circulation des données. Nous pouvons vous accompagner dans vos projets liés à ces sujets. N’hésitez pas à contacter notre équipe !
A propos des auteurs,
Mathieu, Responsable de mission dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France
Sami, Consultant Senior dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France
Ludivine, Consultante dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France
Antoine, Consultant dans l’équipe Agrifood d’Alcimed en France