Vehicle-to-grid : le véhicule électrique de demain sera-t-il une source de stockage d’énergie à part entière ?
Avec le développement de l’électromobilité et le nombre croissant de véhicules électriques en circulation, de nombreuses questions se posent sur l’impact de leur recharge sur le réseau électrique. En effet, la recharge simultanée d’un volume important de véhicules pourrait perturber le réseau électrique, notamment si la puissance maximale disponible localement se voyait dépassée. Des solutions émergent pour contrebalancer l’impact de leur recharge, voire pour tirer profit de leurs atouts, en particulier leur capacité de stockage. Alcimed fait le point sur l’une de ces technologies prometteuses, le vehicule-to-grid.
Si la révolution de l’électromobilité est bien en marche, il est crucial de s’interroger sur la capacité du réseau à accueillir un parc important de véhicules électriques, avec un risque de surcharge. Des solutions innovantes de gestion de l’énergie apparaissent afin de mieux maîtriser l’impact des véhicules électriques sur le réseau (Recharge intelligente, V1G, développement de micro-grids,… ). La voiture étant de manière générale en sous-utilisation chronique (en France, l’utilisation quotidienne moyenne avoisine les 5% du temps), cela ouvre d’autant plus la voie vers de nombreuses possibilités d’optimisation.
Le Vehicle-to-Grid : une des solutions les plus prometteuses pour soulager les réseaux !
Le vehicle-to-grid (V2G), comme son nom l’indique, permet au véhicule non plus seulement de capter l’électricité du réseau, mais également de la lui restituer au moment le plus opportun. Ainsi, le véhicule électrique peut soulager le réseau lors d’un pic de consommation et absorber les surplus d’énergie lors des pics de production, grâce à la fonction bidirectionnelle offerte par des chargeurs spécifiques. A titre d’exemple, le projet pilote Parker au Danemark a déjà pu démontrer la capacité des véhicules électriques à venir en soutien aux besoins du réseau électrique via le V2G : en se connectant au réseau pendant plus de 12 000 heures, la flotte des 10 véhicules électriques de Frederiksberg Forsyning a permis de limiter les variations d’énergie sur le réseau et de maintenir la fréquence de celui-ci constante. Au-delà de son impact positif sur l’environnement (130 000 kg de CO2 ont pu être économisés en 2 ans), le projet a montré le potentiel commercial du V2G : chaque véhicule a généré 1 860 € de revenus par an pour l’opérateur de la flotte revendant l’électricité stockée au gestionnaire de réseau. Le Johann Cruiff ArenA Project est un autre exemple de projet V2G ambitieux, dans lequel le stade d’Amsterdam a été repensé pour optimiser sa consommation d’énergie et son impact sur le réseau durant les événements sportifs et autres divertissements énergivores.
Ainsi, le V2G offre de multiples bénéfices pour une grande variété d’acteurs :
– Pour les gestionnaires de réseau: limiter la congestion du réseau et offrir des services de flexibilité.
– Pour les constructeurs automobiles: diversifier leurs offres en proposant de nouveaux services énergétiques autour des véhicules électriques (recharge à coût réduit, recharge gratuite, etc.).
– Pour les consommateurs finaux (industriels, pôles d’activités, particuliers…): réaliser des économies en bénéficiant d’offres de rémunération en échange du service rendu au réseau (injection d’électricité aux heures de pointes).
Quel futur possible pour le V2G ?
Imaginons une mobilité de demain tout électrique, partagée, durable, interconnectée et autonome, fondée sur une économie de la fonctionnalité, c’est-à-dire un moyen de transport unique où l’on roulerait au quotidien à bord de navettes électriques intelligentes et autonomes.
– Celles-ci s’alimenteraient selon leurs besoins en électricité propre dans des stations ou « mega-hubs » de recharge rapide couplées aux énergies renouvelables, où seraient stationnés les véhicules. Ces hubs seraient répartis proportionnellement à la demande et en quantité suffisante pour tout le parc automobile.
– Grâce aux bornes bidirectionnelles, couplées à des systèmes de gestion intelligente et à la capacité de stockage des véhicules électriques, la saturation des réseaux n’existerait plus : la mise à profit de l’ensemble de la flotte de véhicules électriques permettrait d’apporter une meilleure flexibilité au réseau.
Pour obtenir ce schéma de mobilité du futur, la coopération entre tous les acteurs de la mobilité et de l’énergie, mais aussi d’acteurs tiers (intégrateurs, EMS, gestionnaires, facility managers, etc.), accompagnée par le gouvernement, serait une des clés de succès.
Avec le vehicle-to-grid, la voiture électrique a la possibilité de devenir un maillon important dans l’équation complexe des futurs Smart Grids. La voiture électrique ne serait plus seulement un moyen de transport mais pourrait devenir également un pilier du réseau électrique en étendant ses fonctions au stockage mobile. Le véhicule électrique associé au V2G constitue non seulement une opportunité pour le système électrique dans son ensemble, mais également pour un ensemble d’acteurs très différents (gestionnaires de réseau, constructeurs automobiles, etc.) qui pourraient créer, seuls ou en partenariat, de nouvelles offres autour du V2G.
A propos de l’auteur
Jakub, Responsable d’activité dans l’équipe Energie Environnement Mobilité d’Alcimed en France
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