Malgré les progrès scientifiques en matière de diagnostic et de traitement, ainsi que les avancées en matière de soins et de prévention, le cancer reste la deuxième cause de décès dans le monde (9,6 millions en 2018). Outre les symptômes de la maladie, les patients souffrent des effets indésirables des traitements lourds, provoquant parfois des séquelles à vie. Dans cet article, nous nous intéressons à la thérapie photodynamique, un traitement pour le cancer qui se développe depuis une quarantaine d’années et qui offre de nombreux avantages aux patients.
1. Qu’est-ce que la thérapie photodynamique ?
La thérapie photodynamique (PDT) est un traitement apparu au début des années 1980 mais qui a récemment gagné en popularité pour diverses affections comme l’acné, le psoriasis ou la dégénérescence maculaire aiguë. D’abord utilisée pour le traitement des cancers de la peau, puis rapidement étendue pour les cancers de la prostate et du système respiratoire, elle repose sur l’action combinée de trois composants inoffensifs lorsqu’ils sont pris séparément : l’oxygène, les agents photosensibles et la lumière.
La thérapie photodynamique tue ainsi les cellules cancéreuses par apoptose, en produisant des espèces réactives de l’oxygène (ROS). Des agents photosensibles sont introduits sur le site de la tumeur sous forme de crème pour les cancers de la peau ou par voie intraveineuse à proximité de la tumeur pour les autres cancers. Ces agents sont absorbés en quelques heures par les cellules cancéreuses (ils s’accumulent de préférence dans les cellules qui se multiplient rapidement), puis sont activés par une source de lumière d’une longueur d’onde spécifique, qui les fait réagir avec l’oxygène des cellules pour former des radicaux libres.
En plus de cette action directe sur la tumeur, la photothérapie a également deux effets indirects :
– La PDT endommage le réseau vasculaire de la tumeur. Des études ont démontré que cet effet joue un rôle important dans la destruction de la tumeur.
– La PDT déclenche une réponse immunitaire. Son rôle sur l’activation d’une réponse immunitaire, notamment par une régulation à la hausse de l’expression des protéines de choc thermique, est moins clair mais continue d’être étudié.
2. Quels sont les avantages de la thérapie photodynamique dans le traitement du cancer et quels défis restent-ils à relever ?
Bien qu’elle soit étudiée depuis 4 décennies, la PDT est toujours considérée comme un traitement du cancer prometteur, notamment en termes de potentiel d’amélioration de la qualité de vie des patients. C’est là que son rôle sur la stratégie anti-tumorale est de plus en plus important en raison de ses effets positifs sur la guérison et la qualité de vie des personnes traitées.
Il est important de noter que la thérapie photodynamique est rarement utilisée seule ou en première ligne. Elle est souvent envisagée en clinique après une chimiothérapie ou une chirurgie pour améliorer à la fois la qualité de vie et le taux de survie. Par exemple, pour les patients traités en premier lieu par chimiothérapie, la PDT a montré une amélioration du taux de survie à un an. En France, une étude menée sur le cancer de la prostate à un stade précoce a également démontré l’efficacité de la PDT sur l’élimination de la tumeur.
Les avantages de la thérapie photodynamique
L’un des principaux défis du traitement du cancer consiste à cibler spécifiquement les cellules cancéreuses et à épargner les tissus sains. Aujourd’hui, la microchirurgie permet d’être plus précis lors des interventions et les thérapies ciblées très spécifiques se multiplient, néanmoins les principaux traitements sont encore assez dommageables. La thérapie photodynamique répond à ce besoin car elle est très sélective et non invasive.
Outre la préservation des tissus sains, la thérapie photodynamique présente d’autres avantages, notamment en termes de qualité de vie :
– Les patients sont traités en ambulatoire et ne nécessitent ni de longs traitements, ni une hospitalisation complète.
– Il y a peu d’effets secondaires à court et à long terme. La plupart des médicaments sont bien tolérés par les patients et aucune cicatrice ne reste sur le site de la guérison.
– La morbidité à long terme est réduite par rapport aux autres traitements.
– Ces traitements sont relativement peu coûteux et peuvent être répétés plusieurs fois si nécessaire, contrairement à la radiothérapie, et n’empêchent pas le patient de recevoir d’autres traitements à l’avenir.
Les défis actuels de la thérapie photodynamique
La photothérapie a un usage limité pour le moment en raison de l’accessibilité de la lumière à la zone à traiter. Ainsi, les cancers profonds ou étendus ne peuvent pas être traités par cette thérapie pour le moment. Il est également recommandé aux patients de se protéger du soleil pendant un certain temps après le traitement, et certains effets secondaires (douleur, gonflement, ampoules…) peuvent être ressentis.
3. Quels sont les traitements par thérapie photodynamique actuellement approuvés pour le traitement du cancer ?
La première PDT approuvée pour le cancer a été le Porfimer Sodium, en 1993, pour le cancer de la vessie. Depuis lors, elle a été étendue à d’autres cancers comme le cancer de l’œsophage et le cancer du poumon non à petites cellules, et fait toujours l’objet d’études en vue d’une expansion continue. Une deuxième génération est apparue, comme l’acide aminolévulinique pour les maladies cutanées précancéreuses, et de nombreux PS à base de chlore comme la témaporfine ou la talaporfine pour divers types de cancers (exclusivement pour la peau ou les organes luminaux) ont été approuvés.
La PDT est un domaine de recherche dynamique, où environ 50 essais cliniques en cours pour les cancers sont enregistrés dans clinicaltrials.gov. La plupart des acteurs sont de petites entreprises hautement spécialisées qui se consacrent à la thérapie photodynamique ou à l’oncologie.
4. Quelles sont les évolutions potentielles de la PDT dans le traitement du cancer ?
Comme évoqué plus haut, le principal défi de la PDT consiste à étendre cette option de traitement à tous les cancers. La lumière ne traversant pas les tissus, il s’agit de rapprocher le plus possible la source de lumière de la tumeur à traiter. Différentes stratégies ont été élaborées en ce sens et semblent prometteuses. La PDT induite par les rayons X à l’aide de nano-scintillateurs est l’une des possibilités les plus étudiées. Contrairement à la lumière, qui pénètre peu profondément dans les tissus, les rayons X pénètrent facilement et peuvent stimuler l’émission de lumière par ces nano-scintillateurs. Cette technique combine donc deux traitements, la radiothérapie et la thérapie photodynamique.
D’autres chercheurs évaluent de nouveaux composés excités par les lumières infrarouges et qui ne dépendent pas de l’oxygène pour tuer les cellules.
En s’inspirant de l’exemple des combinaisons réalisées pour d’autres traitements du cancer, les chercheurs cherchent à développer de nouveaux photo-sensibilisateurs combinés à l’albumine. Ainsi, dans une étude, la combinaison d’organoiridium et d’albumine a été identifiée comme un candidat prometteur en raison de sa grande photo-stabilité, de sa longue photo-phosphorescence et de sa capacité à s’intégrer dans les cellules cancéreuses.
Grâce au faible profil d’effets secondaires de la thérapie photodynamique et donc à son impact positif sur la qualité de vie des patients, nous pensons que le potentiel de marché de cette technologie est prometteur. En effet, la qualité de vie devient un facteur de plus en plus important dans les considérations des payeurs et des médecins. Ainsi, la possibilité d’une combinaison de la thérapie photodynamique avec d’autres thérapies pour obtenir de meilleurs résultats sans impact sur la qualité de vie des patients offre des perspectives de développement engageantes. Chez Alcimed, nous continuerons à explorer ce domaine dynamique de la thérapie photodynamique pour vous tenir informé de son évolution !
A propos de l’auteur,
Volker, Grand Explorateur Oncologie dans l’équipe Santé d’Alcimed en Allemagne