Panorama des utilisations du numérique en santé pour une meilleure gestion du COVID-19
Dans le contexte actuel lié au COVID-19, l’un des plus grands challenges est de savoir comment gérer une maladie contagieuse qui nécessite dans certains cas une intervention médicale lourde, tout en respectant autant que possible la distanciation sociale. Le numérique s’impose aujourd’hui comme une partie de la solution. Alcimed explore dans cet article le panorama des outils numériques en santé qui permettent actuellement une meilleure gestion de l’épidémie de COVID-19.
Comment la crise du COVID-19 favorisera-t-elle le développement de la santé numérique ?
Le numérique au service de la science, de la recherche et du développement
Dans la lutte contre le COVID-19, le numérique met à disposition en santé des outils qui permettent de mieux appréhender la propagation du virus et d’accélérer la recherche et le développement de traitements, thérapies, vaccins, tests et autres dispositifs médicaux.
On peut tout d’abord citer l’utilisation du numérique en santé au service de l’étude épidémiologique par des algorithmes d’intelligence artificielle (IA), comme en témoigne l’activité de l’entreprise canadienne BlueDot, qui a commencé à croiser les données mondiales sur le trafic aérien, les épidémies de maladies animales et les bulletins d’informations mondiaux afin de prévenir les épidémies dès 2008. La collecte et l’analyse de données à l’échelle mondiale leur ont permis d’étudier la propagation et l’évolution du coronavirus et ainsi d’identifier les premiers signaux de pandémie une semaine avant l’OMS. Parallèlement à cela, la mise à disposition de ces données par NextStrain permet aux chercheurs du monde entier un suivi de la maladie en temps réel. D’autres outils comme celui de l’Université Johns Hopkins réunissent les informations de cas de contamination, de décès et la progression géographique du virus, et permettent à chacun d’être informé en temps réel. Le numérique en santé est donc à la fois un outil qui permet d’étudier et d’anticiper la propagation du virus, de surveiller l’évolution des cas et de communiquer ces informations de manière quasiment instantanée.
Le numérique est également utilisé en santé comme support à la recherche et au développement de thérapies, vaccins et d’outils de diagnostic. Si le numérique en santé ne permet pas en tant que tel d’inventer de nouvelles molécules ou de prédire précisément l’effet d’un médicament contre le COVID-19, il peut cependant recenser toutes les recherches passées ou en cours ainsi que l’état d’avancement de ces recherches, ce qui permet aux chercheurs de centrer leurs recherches sur les besoins réels. C’est ce que propose par exemple Insilico Medicines. D’autres plateformes telles que CORD-19 mettent à disposition une base de données de 45 000 articles scientifiques sur le COVID-19 qui ont notamment vocation à déclencher de nouvelles idées de développement.
Enfin le numérique soutient la production de matériel médical grâce à l’impression 3D. De nombreux hôpitaux y font appel pour pallier la pénurie de certains outils (sondes, écouvillons…) et produire de nouveaux objets spécialement développés dans le contexte du coronavirus. On peut citer par exemple les adaptateurs aux masques de plongée Decathlon pour en faire des respirateurs. Parmi les hôpitaux ayant investi massivement dans la 3D, les hôpitaux de Paris font figure d’exemple : ils se sont dotés d’un parc de 60 imprimantes 3D pour faire face au COVID-19. Grâce à ces imprimantes, il leur est par exemple possible d’imprimer les valves d’adaptation nécessaires à ces masques de plongée Decathlon pour en faire des respirateurs. L’imprimante 3D permet de passer du prototypage à la production en chaîne en 48h, contre plusieurs mois dans une procédure industrielle classique.
Le numérique au service de la prise en charge des patients
Le numérique s’est également avéré être un précieux allié en santé dans la prise en charge des malades, surtout en période de confinement, où le contact direct entre personnes, et donc également entre médecins et patients, a dû être réduit au minimum. La télémédecine existe depuis longtemps et est encadrée légalement et favorisée à grande échelle depuis septembre 2018, mais son utilisation a explosé depuis le début du confinement en France. Ainsi, le million de téléconsultations par semaine a été dépassé en avril, alors que seulement 10 000 téléconsultations par semaine étaient dénombrées au début du mois de mars [1], juste avant le confinement. L’entreprise américaine 98point6 est allée encore plus loin en proposant des consultations virtuelles utilisant une IA capable de rediriger les patients vers un médecin si nécessaire.
Certains outils numériques ont servi d’aide au diagnostic du COVID-19 et au suivi de patients diagnostiqués positifs. Ainsi, la startup Biofourmis a développé une plateforme à Hong Kong qui collecte plus de 2 millions de données numériques par jour et par patient. En cas de suspicion de contamination, un test de détection du virus est directement envoyé au patient. Des robots, comme par exemple les UVD Robots venus du Danemark ou les solutions robotiques chinoises CloudMinds Technology, ont également apporté une aide aux patients en quarantaine en mesurant leurs constantes vitales et en les aidant à gérer leur prise de médicaments ou encore à désinfecter leur lieu de vie.
Le numérique au service de la communication en santé
Enfin, le numérique a été utilisé comme un outil de prévention et d’information. Bien qu’Internet permette d’accéder à de nombreuses informations utiles, la circulation de fausses informations a également mené à une situation dangereuse d’« infodémie ». Des outils ont ainsi été mis en place pour contrôler la qualité de l’information accessible à tous, en particulier sur les réseaux sociaux, comme par exemple le COVID-19 Infodemics Observatory (« Observatoire de l’Infodémie COVID-19 »). De nombreux sites institutionnels ont également été mis en place pour transmettre des informations fiables sur le COVID-19. Le numérique permet en outre d’accélérer la dispensation de formations à grande échelle pour les professionnels de santé. Par exemple, l’Organisation Mondiale de la Santé a mis en ligne des entraînements de gestion clinique du virus.
Dans une période où le contact direct entre humains est très fortement limité et déconseillé, les outils numériques ont donc permis une circulation rapide de l’information, une mise à disposition mondiale de sources à destination des instituts de recherche ou du grand public, et une gestion plus concrète des malades. Ils ont permis de continuer à faire avancer la science et de contourner les dangers de l’interaction directe entre personnes en proposant des solutions virtuelles. Il reste maintenant à déterminer ce qui perdurera de l’utilisation des outils du numérique au service de la santé une fois la crise du COVID-19 terminée.
Pour plus d’informations sur le développement de la santé numérique, téléchargez notre livre blanc sur la Santé Numérique en période de pandémie.
A propos des auteurs
Amélie, Consultante dans l’équipe Sciences de la Vie d’Alcimed en France
Benjamin, Grand Explorateur Santé Digitale dans l’équipe Santé d’Alcimed en France
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