Data - IA
L’IA comme outil d’aide au diagnostic médical
L’intelligence artificielle a fait sa place auprès de nombreuses spécialités comme outil d’aide au diagnostic médical. Mais comment est-elle utilisée et quels défis restent à relever ?
La santé de la femme a longtemps été, et reste encore, une thématique insuffisamment explorée. Le développement de la recherche est notamment un des enjeux clés afin de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques spécifiquement féminins (ex : ménopause, menstruation), développer des traitements pour des pathologies féminines encore peu adressées telles que l’endométriose, ou mieux personnaliser les traitements au regard des besoins spécifiques des femmes.
En parallèle, l’intelligence artificielle (IA) s’impose de plus en plus comme un outil clé dans le domaine médical, permettant de transformer ou d’améliorer les pratiques, les diagnostics et les traitements.
Dans cet article, Alcimed étudie 4 axes sur lesquels l’IA contribue à améliorer la santé des femmes : l’aide au dépistage et au diagnostic, les soins personnalisés, la prévention et les essais cliniques.
Aujourd’hui en France, il faut en moyenne 7 ans pour diagnostiquer l’endométriose. Partant de ce besoin médical, plusieurs acteurs valorisent aujourd’hui les apports de l’IA pour accélérer la pose de ce diagnostic :
De façon plus générale, l’intelligence artificielle permet souvent de faire gagner du temps dans le dépistage et diagnostic de maladies, augmentant ainsi les chances de traitement précoce et une meilleure espérance et qualité de vie associées. Les apports de l’IA dans cette phase sont souvent liés à la lecture d’images médicales et l’aide à l’interprétation de résultats :
Bien que les femmes et les hommes ne présentent pas toujours les mêmes symptômes et ne réagissent pas de la même manière aux traitements, le critère du genre est bien trop souvent sous-considéré dans la prise en charge thérapeutique.
En analysant les informations génétiques individuelles, d’âge, de poids, de statut reproductif et d’antécédents, disponibles grâce aux dossiers de santé électroniques et aux appareils connectés, l’IA peut contribuer à personnaliser les soins et ainsi améliorer la prise en charge des patients et patientes.
La startup Tempus a par exemple développé des algorithmes d’IA permettant de prédire la réponse des patientes à divers traitements (notamment pour le cancer du sein), aidant ainsi à personnaliser les thérapies pour maximiser leur efficacité.
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42% des femmes ne se font pas examiner le cœur, alors que les maladies cardiovasculaires sont la cause principale de mortalité des femmes. De plus, plusieurs indicateurs utilisés reposent sur des modèles développés sur l’homme uniquement. Ainsi, tout outil qui permettrait d’augmenter le nombre de femmes qui se font tester ou examiner, et ce de façon plus spécifique, serait bénéfique. C’est le pari de la société Cardio Diagnostics, qui propose un test d’évaluation de risque de maladie coronarienne sur 3 ans, basé sur de l’IA, sensible à 78% pour les femmes et 76% pour les hommes. Ces chiffres sont particulièrement intéressants car ce test repose sur une analyse moléculaire, et non sur des symptômes physiques perçus qui diffèrent entre une femme et un homme.
Autre exemple, l’intelligence artificielle peut aussi aider les professionnels de santé à identifier les femmes enceintes avec un risque élevé de complications, comme la prééclampsie, le diabète gestationnel ou le travail prématuré, en analysant les données disponibles dans les dossiers électroniques de santé et dispositifs de santé connectés.
Enfin, en matière de santé mentale, l’IA pourrait détecter précocement les signes de dépression post-partum (affectant 15% des femmes) ou de troubles psychologiques liés aux traitements lourds, comme dans le cas de la plateforme Mika Health, qui soutient les patientes atteintes de cancer du sein. Ceci permettrait de réagir rapidement et d’accompagner au mieux la patiente ou la mère.
Les essais sur la digoxine (médicament conçu pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque) ont été menés sur un groupe composé à 80% d’hommes. Les résultats ont conduit à la recommandation de l’administration de la digoxine pour tous. Cependant, quelques années plus tard, une analyse « post hoc » a démontré que les femmes qui prenaient la digoxine décédaient plus rapidement en prenant ce médicament qu’en prenant le placebo : comme elles ne représentaient que 20% de l’étude principale, cet effet n’avait pas été relevé. Il y a donc un enjeu réel à augmenter le pourcentage des femmes présentes dans les études cliniques.
L’IA peut ici également jouer un rôle : en filtrant rapidement les profils des patients, tout en prenant en compte la diversité des profils, l’IA est un outil qui peut contribuer à une meilleure représentativité dans les essais cliniques, notamment des femmes. Cela passe entre autres par la détection et l’élimination des potentiels biais dans la conception de l’étude et la modélisation prédictive pour identifier les groupes susceptibles de rencontrer des barrières à l’entrée afin de mettre en place des stratégies pour les surmonter.
De plus, l’IA accélère le traitement de données, ce qui pourrait permettre aux chercheurs de ventiler par plus de catégories, notamment par sexe, ce qui n’était pas toujours fait au préalable. Cette ventilation par sexe permet de mettre en lumière de potentiels effets secondaires plus présents chez les femmes que les hommes, de vérifier l’efficacité du produit testé sur les différents sexes et d’acquérir des connaissances plus poussées sur le produit testé et sur le fonctionnement du corps humain, féminin et masculin.
L‘intelligence artificielle permet des avancées significatives en santé, avec notamment des applications en santé de la femme. Elle peut répondre à certains enjeux spécifiques en aidant au dépistage et au diagnostic, en facilitant la mise en place de soins personnalisés, en aidant à prévenir les risques physiques et psychologiques et en améliorant la représentativité dans les études cliniques. Les applications et exemples présentés ne sont pas une liste exhaustive de toutes les possibilités, et il est important de rappeler que cet outil reste avant tout un soutien au corps médical.
Plus largement, se pose la question de l’intégration des outils d’IA au sein des pratiques de soins : comment assurer la sécurité des données ? Comment garantir l’interopérabilité des objets intégrant l’IA avec les systèmes informatiques médicaux ? Et encore, comment articuler la place du professionnel de santé avec celle d’une IA ? Alcimed peut vous accompagner à investiguer les usages de l’IA au sein des parcours de soins et du développement de médicaments et à mieux préparer leur intégration sur le marché. N’hésitez pas à contacter notre équipe !
A propos de l’auteur,
Elia, Consultante au sein de l’équipe Santé d’Alcimed en France.