Qu’est-ce qu’un vaccin inverse ?
Les troubles cliniques tels que les maladies auto-immunes et auto-inflammatoires, ainsi que les allergies, résultent de réactions immunitaires inappropriées et d’une inflammation mal orientée. Les thérapies existantes pour ces affections, qui comprennent des médicaments immunosuppresseurs non spécifiques et des traitements de soutien, nécessitent un traitement continu et peuvent entraîner des effets secondaires importants.
Les vaccins inversés constituent une approche spécifique à l’antigène pour induire la tolérance à un antigène spécifique. Contrairement à un vaccin traditionnel qui demande au système immunitaire d’identifier un virus ou une bactérie comme une menace à combattre, un vaccin inverse est un vaccin thérapeutique qui agit différemment, en reconnaissant un antigène comme un ami et en apprenant ainsi au système immunitaire à cesser d’attaquer les propres tissus de l’organisme.
Ils suppriment la réponse adverse par la suppression, l’inhibition ou la déviation des cellules T effectrices spécifiques de l’antigène et en aidant à l’initiation et/ou à la croissance des cellules T régulatrices spécifiques de l’antigène.
Quelles stratégies vaccinales ont été étudiées pour développer des vaccins inverses ?
Le concept de vaccin inverse n’est pas nouveau. Il y a quinze ans, le Dr Lawrence Steinman, de la faculté de médecine de l’université de Stanford, en Californie, a introduit pour la première fois le terme de « vaccination inversée ». Il a réussi à tester ses deux vaccins inversés à base d’ADN dans le cadre d’essais cliniques, mais n’a pas été en mesure de démontrer qu’ils étaient plus efficaces que les médicaments standard existants.
En 2021, le Dr Krienke et ses collègues ont exploré un vaccin à ARNm dans des modèles murins expérimentaux de sclérose en plaques et ont pu montrer que la vaccination retardait ou diminuait la gravité des lésions à médiation immunitaire.
La dernière stratégie bien connue, communiquée en septembre 2023, a été mise au point par le professeur Jeffrey Hubbell et ses collègues de la Pritzker School of Molecular Engineering (PME) de l’université de Chicago. Leur nouveau vaccin inverse tire parti du mécanisme inhérent au foie qui consiste à marquer les molécules des cellules dégradées avec un sucre appelé N-acétylgalactosamine (pGal) et des signaux « n’attaquez pas » pour éviter les réponses auto-immunes aux cellules qui périssent dans le cadre de processus normaux.
Le concept de vaccin inverse progresse grâce à l’engagement croissant des acteurs de l’industrie. Des start-ups comme Anokion, COUR Pharma et Imcyse, ainsi que de grands acteurs comme Pfizer, Bristol Myers Squibb, Novartis, Roche et Boehringer Ingelheim ont déjà établi une présence dans ce domaine.
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Quels sont les avantages des vaccins inverses pour les patients ?
Les vaccins inverses présentent plusieurs avantages potentiels pour les patients atteints de maladies auto-immunes.
Avantage n°1 : une approche ciblée
Une étude a montré que le taux d’infection était particulièrement élevé chez les patients recevant plusieurs traitements par certains agents biologiques et que la survie des patients souffrant d’infections graves était considérablement réduite. Les vaccins inverses ciblent spécifiquement les antigènes associés à la maladie sans laisser le patient vulnérable aux infections.
Avantage n°2 : une réduction des effets secondaires
Les traitements traditionnels des maladies auto-immunes font souvent appel à des médicaments qui suppriment l’ensemble du système immunitaire, ce qui entraîne toute une série d’effets secondaires. Par exemple, des lésions du muscle cardiaque, des maux de tête, des crises d’épilepsie, une insuffisance rénale, etc. Les vaccins inversés visent à éviter ces effets en ciblant uniquement les réponses immunitaires problématiques.
Avantage n°3 : une approche adaptable à diverses maladies
La même approche de base pourrait potentiellement être adaptée au traitement d’une variété de maladies auto-immunes. À ce jour, le pipeline couvre non seulement la sclérose en plaques et le diabète de type 1, mais aussi d’autres maladies auto-immunes telles que la maladie cœliaque, la cholangite biliaire primitive, la maladie de Graves, le vitiligo et la myasthénie grave.
Quels sont les défis à relever ?
Défi n°1 : déterminer l’antigène critique pour une maladie donnée
Les maladies auto-immunes sont causées par des réponses immunitaires physiologiques à des auto-antigènes. Lorsque nous comprenons les mécanismes de la maladie et que nous identifions les auto-antigènes problématiques, il est théoriquement possible de modifier ces voies pour promouvoir la tolérance du système immunitaire à ces auto-antigènes, par exemple dans la sclérose en plaques et le diabète de type 1.
Cependant, pour la plupart des maladies auto-immunes, nous ne comprenons pas encore suffisamment le mécanisme. Par exemple, dans les maladies inflammatoires de l’intestin et le psoriasis, il n’y a pas de consensus sur la nature de l’auto-antigène.
Défi n°1 : faire face à des essais cliniques difficiles à concevoir
Malgré des progrès encourageants, les études animales prometteuses sur les vaccins inverses ne se sont pas encore traduites par une efficacité clinique. Pour concevoir des essais cliniques en vue de tests supplémentaires, il faut non seulement choisir une maladie appropriée et déterminer l’antigène critique pour concevoir un essai clinique, mais aussi répondre à des questions qui n’ont pas encore trouvé de réponse concernant le mécanisme de la stratégie vaccinale inverse existante. Selon l’immunologiste Jane Buckner de l’Institut de recherche Benaroya, le dernier vaccin inverse est « un bon premier pas », mais les mécanismes qui produisent la tolérance restent mal compris.
En conclusion, l’émergence des vaccins inverses marque une étape prometteuse dans la lutte contre les maladies auto-immunes, offrant une lueur d’espoir pour des millions d’individus dans le monde, accablés par ces conditions débilitantes. Cependant, malgré ces avancées remarquables, des défis persistent. Chez Alcimed, nous vous tiendrons au courant de l’évolution des vaccins inversés. Si vous avez des questions ou des projets sur ce sujet, n’hésitez pas à contacter notre équipe.
A propos de l’auteur,
Chaoyue, Consultant Senior au sein de l’équipe Sciences de la Vie d’Alcimed en France.