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Comment les entreprises peuvent-elles se conformer à la nouvelle directive CSRD : comprendre la double matérialité

Publié le 26 août 2024 Lecture 25 min

La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), qui a été instaurée en juillet 2023 pour succéder à la Non Financial Reporting Directive (NFRD), s’affirme comme une directive cruciale au sein de l’Union européenne. Ce changement réglementaire d’envergure opère des ajustements substantiels dans la manière dont les entreprises rendent compte de leurs performances extra-financières. En implémentant 12 normes européennes de reporting (ESRS) subdivisées dans les catégories Environnement, Social, Gouvernance, la CSRD orchestre une transition graduelle entre 2024 et 2029, visant à affiner la précision des rapports extra-financiers, avec une emphase particulière sur les impacts et les risques liés à l’environnement.

La conformité à la CSRD se profile comme un défi de taille pour les entreprises, centré autour de la transition de la matérialité simple vers la double matérialité. Ce passage requiert une compréhension en profondeur pour garantir une mise en œuvre non seulement conforme mais également couronnée de succès. Dans cet article, Alcimed explore les défis liés à l’introduction de la double matérialité et les opportunités qu’elle offre aux entreprises.

Le contexte de la matérialité et son évolution avec la CSRD : la différence entre simple et double matérialité

Qu’est-ce que la matérialité ?

La matérialité, au sein de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), représente un pilier essentiel, ayant pour dessein d’identifier et de classer les enjeux susceptibles d’exercer un impact substantiel sur la performance globale d’une entreprise. En des termes plus explicites, il s’agit de repérer les questions et les préoccupations jugées cruciales par les parties prenantes, susceptibles d’influer sur la prise de décisions et les actions de l’entreprise.

Quelle est la différence entre simple matérialité et double matérialité ?

Traditionnellement, la matérialité simple dans le contexte de la RSE se concentre sur les dimensions financières et les risques concrets. Lors de l’élaboration d’une stratégie RSE, la matérialité simple permet de classer les enjeux selon leur pertinence pour l’entreprise et leur importance pour ses parties prenantes. Cela se traduit par une mise en lumière des questions ESG (Environnement, Social, Gouvernance) ayant un impact direct sur les performances financières ou représentant des risques palpables pour l’entreprise.

L’introduction de la CSRD apporte une évolution substantielle à cette approche en instaurant la double matérialité. Cette dernière, de manière plus approfondie, établit une distinction entre deux dimensions essentielles :

  • Matérialité financière : Cette dimension dépasse la simple identification des risques financiers. Elle implique une évaluation minutieuse des impacts, tant positifs que négatifs, des enjeux de durabilité sur les performances financières de l’entreprise. Autrement dit, elle cherche à comprendre comment les engagements en matière de RSE peuvent influencer la santé financière globale de l’entreprise, intégrant ainsi une perspective économique cruciale.
  • Matérialité d’impact : Cette dimension s’étend au-delà des frontières de l’entreprise en évaluant les répercussions, positives et négatives, de l’entreprise sur son environnement économique, social et naturel. Pour identifier ces impacts, diverses ressources sont mises à disposition, telles que la norme ESRS 1, des normes sectorielles spécifiques, et la surveillance des sujets déjà suivis par l’entreprise. Cette approche offre une vision plus holistique de la contribution de l’entreprise à la durabilité et à la responsabilité sociale.

Les défis de la double matérialité : une analyse nécessaire pour la conformité à la CSRD

Assurer la transparence à l’égard des parties prenantes

Avec l’avènement de la CSRD, les entreprises se voient désormais dans l’obligation de conduire une analyse approfondie de la double matérialité. Cette démarche devient un guide incontournable pour définir les sujets jugés matériels, c’est-à-dire ceux considérés comme cruciaux pour l’entreprise. En ce qui concerne ces sujets matériels, les entreprises sont tenues de publier l’intégralité des informations pertinentes, assurant ainsi une transparence totale à l’égard de leurs parties prenantes. En revanche, pour les sujets jugés non matériels, il devient impératif de publier les justifications sous-jacentes à cette considération, offrant ainsi une compréhension claire des choix opérés.

Identifier les normes applicables au cas spécifique de chaque entreprise

Dans une perspective concrète, la double matérialité émerge comme le point de départ indispensable pour déterminer les informations à rendre publiques, renforçant ainsi la responsabilité des entreprises dans la gestion transparente de leurs impacts. L’analyse de double matérialité permet à l’entreprise d’identifier avec précision les normes européennes de reporting (ESRS) les plus pertinentes pour elle. Cela se fait en prenant en compte ses spécificités sectorielles et en évaluant son impact sur l’environnement qui l’entoure. De plus, cette démarche offre également la possibilité de justifier de manière élaborée pourquoi certaines de ces normes ne sont pas applicables, créant ainsi une personnalisation de la conformité conforme aux particularités de chaque entreprise.


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Quelles sont les opportunités de la double matérialité pour les entreprises ?

Cette évolution complexe, bien qu’elle représente un défi de taille pour les entreprises, offre donc simultanément une opportunité significative d’améliorer la transparence et la compréhension des performances extra-financières. En plaçant les entreprises comme des acteurs clés dans la promotion de la durabilité et de la responsabilité sociale, elle les aligne ainsi sur les objectifs globaux de développement durable. Cela témoigne d’une volonté commune de créer un impact positif tout en répondant aux attentes croissantes en matière de reddition de comptes et d’engagement envers la durabilité.

De plus, les entreprises, incitées à repenser leur modèle économique, peuvent contribuer à des innovations stratégiques, améliorer leur efficacité opérationnelle et attirer des investisseurs et des consommateurs soucieux de l’éthique. L’intégration de la double matérialité stimule également l’innovation technologique, en encourageant les entreprises à explorer de nouvelles technologies et à investir dans des initiatives de R&D durables.

En outre, cette analyse pousse les entreprises à examiner leur chaine d’approvisionnement, à adopter des pratiques responsables et collaborer avec des fournisseurs durables. Cela peut améliorer la résilience, réduire les coûts à long terme et renforcer la réputation de l’entreprise.

La conformité à la CSRD représente un défi d’une ampleur considérable pour les entreprises, et apporte des changements significatifs dans la façon dont les entreprises communiquent sur leurs performances extra-financières. Alcimed peut vous aider dans la réalisation de vos matrices de double matérialité, depuis l’identification des enjeux clés lié à la matérialité, jusqu’à la consultation des parties prenantes et la comparaison avec les pratiques des acteurs de votre secteur. N’hésitez pas à nous contacter !


A propos de l’auteur, 

Charles, Consultant au sein de l’équipe Energie Environnement Mobilité d’Alcimed en France

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