Cross-sectoriel
4 leviers pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’hôpital
Avec 8% des émissions de GES en France, les acteurs de la santé doivent agir. Quels leviers sont à leur disposition ? Zoom sur le cas des hôpitaux.
La gestion des déchets est une problématique de plus en plus prégnante pour les établissements de santé. Les hôpitaux publics et privés produisent 700 000 tonnes de déchets par an ce qui représente 3,5% de la production nationale de déchets.1 Gestion des déchets hospitaliers – Association Nationale des Cadres et Experts Techniques Hospitaliers Dans cet article, Alcimed revient sur la définition des déchets hospitaliers, le cadre réglementaire et les solutions de réduction de la production de ceux-ci.
Les déchets hospitaliers sont l’ensemble des déchets issus de l’activité de l’hôpital. Il ne s’agit donc pas uniquement des déchets issus des activités de soins !
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), seuls 15% des déchets produits par les établissements de santé sont considérés dangereux, c’est-à-dire infectieux, chimiques ou radioactifs. Les 85% restants sont comparables à nos déchets ménagers et doivent donc être traités comme tel.1Déchets liés aux soins de santé – Organisation Mondiale de la Santé
Une bonne gestion de ces déchets permet de réduire les répercussions sur l’ environnement mais aussi sur la santé des personnes.
Déchets anatomiques | Tissus et organes du corps humain Liquides corporels et carcasses d’animaux contaminées | Objets pointus et tranchants | Seringues, aiguilles, scalpels et lames de rasoir jetables, etc. |
Déchets infectieux | Déchets contaminés par du sang et d’autres liquides corporels Cultures et stocks d’agents infectieux utilisés en laboratoire Déchets de patients hospitalisés placés en isolement et matériels | Produits chimiques | Solvants utilisés pour des préparations de laboratoire Désinfectants et métaux lourds présents dans des dispositifs médicaux Piles
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Produits pharmaceutiques | Médicaments, vaccins et sérums périmés, inutilisés et contaminés | Déchets génotoxiques | Cancérogènes, mutagènes ou tératogènes, par exemple les médicaments cytotoxiques utilisés dans le traitement du cancer, et leurs métabolites |
Déchets radioactifs | Produits contaminés par des radionucléides, y compris matériel de diagnostic radioactif ou matériel de radiothérapie | Autres déchets | Qui ne présentent aucun danger biologique, chimique, radioactif ou physique particulier |
Figure 1 – Types de déchets hospitaliers selon l’OMS
En France, le cadre réglementaire est à ce jour très peu contraignant concernant l’aspect environnemental de la gestion des déchets hospitaliers. La loi du 15 juillet 1975, appliquée à l’échelle nationale, établit le principe du pollueur-payeur : l’établissement est responsable des déchets qu’il produit. La loi n’apporte pas d’autres précisions.
La planification écologique du système de santé, publiée en mai 2023 par le gouvernement français, est une feuille de route ayant pour but d’accompagner le secteur de la santé vers la sobriété écologique. Concernant la gestion des déchets, elle fixe pour objectifs d’accélérer la réduction des déchets et leur valorisation d’ici 2030, d’optimiser le périmètre des déchets d’activités de soins à risque infectieux (DASRI) ainsi que former et sensibiliser tous les professionnels de santé. Cependant, il n’y a ce jour aucun cadre contraignant pour pousser les établissements vers ces démarches.
La réduction des déchets produits par les établissements de santé est un levier majeur de réduction de leur empreinte carbone. De nombreuses pistes d’améliorations sont aujourd’hui possibles. Cette réduction peut se faire à toutes les étapes de la vie du produit : achat, utilisation et post-utilisation. Voici quelques exemples d’actions déjà mise en œuvre dans certains établissements.
De grands établissements publics de santé ont déjà intégré dans leur processus de sélection des produits un critère RSE en plus des critères de choix économiques et technologiques. Cela peut reposer sur la prise en compte de la quantité d’emballage lors du choix du fournisseur par exemple, ou encore par le fait de privilégier l’achat de produits re-stérilisables lorsque cela est possible, pour ainsi diminuer les produits à usage unique..
L’éco-conception des soins vise à intégrer des pratiques respectueuses de l’environnement dans la conception, la fabrication et la gestion des produits et services de santé pour réduire leur empreinte écologique tout en maintenant leur efficacité. Par exemple, certains établissements de santé réévaluent régulièrement le contenu des kits de soins afin de réduire ou augmenter la quantité de tel ou tel dispositif médical ou médicament en fonction de leur usage réel.
Le « Green Bloc » est une initiative suivie par de nombreux hôpitaux afin de rendre les blocs opératoires écoresponsables. Cette démarche part du principe que les blocs opératoires sont les plus gros producteurs de déchets et doivent donc revoir régulièrement leurs procédures de tri et identifier les gisements de déchets.
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La réutilisation est une autre piste permettant de réduire la quantité de déchets produite. Par exemple, les draps et textiles sont couramment réutilisés dans les hôpitaux mais cela peut s’étendre à d’autres produits comme les fournitures de bureau, les emballages, etc.
Le recyclage est au centre de la gestion des déchets. De nombreuses initiatives sont mises en place par les établissements de santé avec notamment l’ouverture de nouvelles filières, la mise en place de partenariat avec des prestataires afin de valoriser certains déchets ou encore la récupération des produits périmés ou inutilisables par le fournisseur. Par exemple, de nombreux fournisseurs viennent récupérer les palettes de transport après usage.
La mise en place de nouvelles pratiques de réutilisation ou de recyclage doit alors s’accompagner d’une formation à l’ensemble du personnel afin de favoriser son adhésion à ces nouvelles pratiques et éviter les erreurs de tri.
L’ensemble de ces solutions demandent des ressources financières importantes mais permettent aussi des économies importantes de par leur capacité à réduire la quantité de déchets produite. Par exemple, une tonne de DASRI coûte entre 500 et 1000 euros en traitement et une tonne de déchets ménagers et assimilés coûte 150 à 200 euros.2Référentiel national des coûts de gestion du service public d’élimination des déchets en 2007-2008 – Ademe
La gestion des déchets hospitaliers est un enjeu environnemental et financier important pour les établissements de santé. A l’heure actuelle, il existe de nombreuses solutions d’optimisation de la gestion des déchets hospitaliers. Alcimed peut vous accompagner dans vos démarches d’amélioration de la gestion de vos déchets, d’état des lieux et de formation du personnel de santé. N’hésitez pas à contacter notre équipe.
A propos de l’auteur,
Océane, Consultante au sein de l’équipe Innovation et Politiques publiques d’Alcimed en France