Malgré de nombreux progrès effectués en matière d’hygiène et de vaccination, ces dernières années ont été marquées par une accélération importante de l’émergence de nouveaux agents infectieux au sein des populations humaines. L’épidémie de Covid-19 a notamment remis sur le devant de la scène la nécessité d’agir face à ces menaces émergentes, qui peuvent désormais facilement passer les frontières, et se transformer en pandémie mondiale.
Qui sont les coupables ? Les émergences sont imprévisibles, par définition. Il est donc fondamental pour les services publics, en France comme ailleurs, de se préparer et d’organiser leur coordination en amont de ces dernières pour être en mesure d’y répondre de la façon la plus efficace possible, le tout sans pouvoir préjuger de leur origine, de leur gravité ou de leur contagiosité. Dans cet article, Alcimed analyse le rôle des services publics dans la lutte contre ces maladies émergentes et présente des actions pour soutenir les acteurs publics dans la recherche.
« Une maladie émergente est l’irruption au sein d’une population humaine d’un agent pathogène nouveau, à partir d’un réservoir animal ou environnemental, ou à la suite d’une modification génétique d’un agent pathogène existant » résume Caroline Demangel (Responsable de l’unité Immunobiologie et thérapie et co-responsable de l’axe Maladies infectieuses émergentes de l’institut Pasteur)
Ces maladies émergentes peuvent être des maladies nouvelles (sida), des maladies éradiquées qui réapparaissent (fièvre jaune), des maladies anciennement connues mais dont les causes ont été trouvées récemment (virus Ébola), des maladies nouvelles pour une zone géographique donnée (comme la maladie de Lyme en Île-de-France).
Les causes de ces émergences et ré-émergences, ainsi que leur diffusion, sont multiples : l’urbanisation, les perturbations d’écosystèmes (déforestation, création de barrage, réduction de biodiversité, etc.), les modifications des conditions de cultures et d’élevage, la disponibilité croissante des transports aériens, le déplacement des populations, les changements climatiques, constituent autant de facteurs favorables à la survenue et à la propagation de pathogènes émergents ou ré-émergents.
Bien qu’il y ait eu une amélioration notable de la connaissance autour des phénomènes d’émergence et de la capacité de réponse, l’explosion des facteurs leur permettant d’apparaître fait caractériser notre époque comme celle de « l’ère des émergences ». Pas moins de 335 maladies émergentes ont en effet été détectées entre 1940 et 2004 à travers le monde.1https://www.senat.fr/rap/r11-638/r11-6384.html
Dans ce pool de maladies infectieuses émergentes, certaines peuvent périodiquement être responsables d’épidémies, voire de pandémies bouleversant les sociétés et provoquant des crises nationales et internationales. Les États, le monde de la recherche, les organisations régionales, internationales, gouvernementales et l’industrie pharmaceutique sont aujourd’hui interpellés par la répétition de ces crises et par leurs conséquences sur les équilibres sanitaires, sociaux, économiques et politiques.
En France, ce constat est d’autant plus réel avec notamment des cas de Zika autochtone en aout 2019 en métropole ou encore un risque d’émergence de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (présente en Afrique et Asie) en 2023 du fait de la présence du vecteur qu’est la tique Hyalomma depuis 2015 sur le littoral méditerranéen.
En 2012, à la suite de la pandémie de grippe AH1N1, le premier consortium multidisciplinaire d’envergure voit le jour : le consortium REACTing qui ne cible aucune maladie en particulier mais qui se veut comme une force de frappe efficace et facilement mobilisable via une approche transversale et multidisciplinaire.
Malgré des moyens limités au départ, REACTing a débuté ses premières actions et soutien de projet lors de l’épidémie de chikungunya aux Antilles et Guyane françaises et en Amérique du Sud en 2013.
Ainsi, REACTing a évidemment été mobilisé durant la crise Covid notamment au sein du conseil scientifique de l’Etat, des orientations de la recherche mais également dans la recherche de financement. En revanche, cette mobilisation ne fut pas à la hauteur pour réagir efficacement à cette pandémie, mettant en exergue la préparation insuffisante des pouvoirs publics. Ce constat a permis d’aboutir à la création de l’ANRS MIE (maladies infectieuses émergentes) le 1er janvier 2021, une agence autonome de l’INSERM ayant pour missions l’animation, l’évaluation, la coordination et le financement de la recherche sur le VIH/sida, les hépatites virales, les infections sexuellement transmissibles, la tuberculose et les maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes (notamment les infections respiratoires émergentes, dont la Covid-19, les fièvres hémorragiques virales, les arboviroses).
Fin septembre 2022, la création de COVARS (Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires) incluant les enjeux de recherche et en particulier « One Health » sous l’égide des deux Ministres de la Santé et de la Recherche, permet d’entrevoir de nouvelles perspectives. En effet, les autorités politiques semblent avoir pris conscience de l’importance de la structuration nécessaire à mieux anticiper les futures crises sanitaires, en s’appuyant sur les structures interdisciplinaires d’excellence françaises.
Dans ce contexte d’augmentation des évènements épidémiques, deux maitres mots doivent régir les actions des pouvoirs publics : anticiper et prévenir. En ce sens, plusieurs actions sont possibles comme :
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En revanche, malgré toutes ces évolutions positives, certains écueils organisationnels ont pu être mis en lumière et des perspectives d’améliorations subsistent comme par exemple :
En conclusion, l’émergence de maladies met en lumière l’urgence d’une action concertée à l’échelle supra-nationale. Malgré les progrès qui ont pu être effectués ces dernières décennies, la pandémie de Covid-19 a souligné la fragilité de nos systèmes de santé. Bien que la France ait su réagir à la suite de cette crise en mettant en place diverses actions, des défis persistent, notamment en termes d’organisation et de collaboration entre les acteurs impliqués. Dans cette ère des émergences, une approche proactive, axée sur la recherche et la coopération internationale, semble essentielle pour préserver la santé publique, qu’elle soit française ou mondiale.
Dans ce cadre, Alcimed peut vous accompagner dans les défis liés à la gestion de ces crises. N’hésitez pas à contacter notre équipe !
A propos de l’auteur,
Mathieu, Consultant au sein de l’équipe Innovation et Politiques publiques d’Alcimed en France
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