Promesse n°1 : un traitement ciblé des infections bactériennes persistantes
La phagothérapie consiste à utiliser des virus qui ciblent et tuent des bactéries de manière spécifique afin de traiter des infections bactériennes. La spécificité des phages et leur sélectivité leur permet de cibler des bactéries avec une grande précision tout en épargnant le reste du corps humain.
Mais la vraie promesse de la phagothérapie réside en sa capacité à traiter des infections bactériennes au caractère persistant. En effet, on observe dans certains cas d’infections bactériennes la présence de biofilms. Les biofilms sont des agrégats structurés de cellules bactériennes enrobés d’une matrice polymérique qui ont la vertu de protéger les bactéries et de fait, de leur permettre de survivre dans des conditions environnementales hostiles. Dans ces cas de figure, les bactéries résistent davantage à la réponse immunitaire de l’hôte et aux antibiotiques, faisant de ces infections bactériennes, des infections persistantes. Les bactériophages pourraient ici constituer une solution de lutte, par leur capacité à produire certaines enzymes capables de dégrader les polysaccharides de la matrice du biofilm et ainsi provoquer sa dispersion. La spécificité des bactériophages pour un groupe de bactéries bien précis suggère toutefois que pour faire face à un groupe de bactérie bien précis, il faudra faire appel à une action commune de plusieurs bactériophages.
Promesse n°2 : une réponse à l’antibiorésistance
Les bactéries exposées aux antibiotiques évoluent et développent des mécanismes de défense qui leur permettent d’échapper à leur action. Lorsque la résistance s’est développée au sein de ces espèces bactériennes, elle peut être transmise à d’autres espèces, contribuant ainsi à l’expansion du phénomène et à sa diffusion, rendant les antibiotiques inefficaces. Les maladies infectieuses multirésistantes sont devenues un problème mondial important, tant en termes de santé publique que de coûts pour les systèmes de santé. En 2015, l’antibiorésistance a coûté 110 millions d’euros à la France selon la perspective de l’Assurance Maladie. La thérapie par les phages, parce qu’elle repose sur des mécanismes d’action différents des antibiotiques classiques, peut se révéler une alternative efficace au traitement des infections multirésistantes .
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Promesse n°3 : un traitement abordable financièrement et accessible
La phagothérapie peut être une option de traitement abordable pour les infections bactériennes, et ce pour plusieurs raisons :
- Les phages naturels sont largement disponibles car ils sont présents dans tous les environnements où l’on trouve des bactéries, y compris le sol, les plantes, les animaux, les lacs et les océans.
- Le coût de production des phages est relativement faible, car la production consiste essentiellement à prélever les bactéries à l’origine de l’infection, les mettre au contact de phages qui se multiplient, récolter les phages, les purifier et les administrer au patient. Ce processus s’avère être bien moins onéreux que la production traditionnelle d’antibiotiques.
- Le retour sur investissement est meilleur que pour les antibiotiques traditionnels. En effet, classiquement, il faut compter 10 ans de R&D et plusieurs millions d’euros pour développer et mettre sur le marché un antibiotique, qui ne sera véritablement efficace que quelques années du fait du développement de la résistance à cet antibiotique. Dans le cas des phages, en l’absence de résistance, le temps de commercialisation peut être beaucoup plus long, et donc le retour sur investissement amélioré.,
- Les phages ont également le potentiel de réduire les coûts de traitement en tant que tel, car les densités in situ atteintes avec ces produits thérapeutiques permettent d’administrer des doses de phages plus faibles.
Promesse n°4 : un potentiel au-delà des infections bactériennes
En outre, la phagothérapie pourrait être utilisée à d’autres fins thérapeutiques. Les recherches croissantes à son sujet révèlent en effet qu’elle pourrait être utilisée dans des cas bien différents des infections bactériennes classiques. Une étude menée au sein de l’Université de Californie – San Diego, a notamment montré que la phagothérapie pouvait servir au traitement des maladies hépatiques chroniques liées aux troubles de la consommation d’alcool. Pour ces affections-ci, les niveaux d’une bactérie en particulier, Enterococcus faecalis, sont corrélés à la sévérité de la maladie et à la mortalité chez les patients atteints d’hépatite alcoolique, et les bactériophages permettraient de s’attaquer à cette bactérie-même.
En définitive, la phagothérapie annonce de nombreuses promesses, qui plus est dans un contexte de prolifération de bactéries multi-résistantes. Toutefois, elle reste confrontée à d’importants défis, notamment en matière de réglementation. La démonstration de l’efficacité et de la sécurité de ces traitements au sein d’essais cliniques contrôlés est délicate pour des thérapies qui sont aussi nombreuses que les infections bactériennes que nous connaissons. En d’autres termes, la spécificité de ces thérapies rend difficile la génération de preuves générales, et cela cantonne ainsi l’usage de ces traitements à des fins expérimentales, pour le moment. Alcimed peut vous accompagner dans vos projets liés à la phagothérapie. N’hésitez pas à contacter notre équipe !
A propos de l’auteur,
Marie, Directrice de la Business Unit Innovation et Politiques publiques d’Alcimed en France