Politiques publiques
Comment peut-on atteindre la souveraineté numérique en France ?
Quels sont les enjeux de la souveraineté numérique et comment l’atteindre ? Alcimed a relevé plusieurs solutions, découvrez-les !
La crise sanitaire du COVID 19 a mis en exergue les faiblesses de la France sur sa souveraineté sanitaire et a également montré l’interdépendance des Etats et ses conséquences en termes d’approvisionnement de produits de première nécessité. Désormais, les territoires souhaitent renforcer leur souveraineté sanitaire, ce qui implique plusieurs changements fondamentaux, dont la relocalisation de la production et de l’innovation. Alcimed accompagne de nombreux acteurs du secteur de la santé sur ces sujets clés et revient dans cet article sur les initiatives qui ont émergé pour contribuer à la souveraineté sanitaire de nos territoires.
L’industrie française du médicament est en déclin depuis près de 15 ans, avec un outil industriel divisé par deux depuis 2005. Si la France occupait la 1ère place en Europe il y a encore quelques années, elle est aujourd’hui située au cinquième rang mondial et au quatrième en Europe derrière la Suisse, l’Allemagne et l’Italie : un positionnement certes honorable, mais qui ne semble pas aller en direction d’un retour prochain sur le podium.
Aujourd’hui, les difficultés d’approvisionnement de médicaments qui se multiplient en Europe, associé à des prix de plus en plus élevés, impactent les capacités à fournir un accès équitable aux médicaments.
La hausse des coûts de production et les contraintes règlementaires et environnementales relatives aux produits de santé en France ont entrainé une délocalisation massive des productions de médicaments et de dispositifs médicaux. A titre d’exemple, sur les 488 médicaments autorisés en Europe entre 2016 et 2021, seulement 42 étaient produits en France. En juin 2023 on estimait d’ailleurs que 70% des principes actifs utilisés pour des médicaments étaient produits à l’étranger alors que dans les années 90, la France produisait 80% des principes actifs qu’elle utilisait.
La crise COVID a toutefois permis de faire émerger de nouvelles politiques publiques, avec la mise en place de la stratégie Innovation Santé 2030 qui entend placer la France au premier rang européen en termes de recherche et de souveraineté dans le domaine de la santé ainsi que la création de la Health Emergency Response Authority (HERA) au niveau européen.
La nouvelle Autorité de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) a été créée pour renforcer les capacités de l’Europe à prévenir et à détecter les urgences sanitaires transfrontières, ainsi qu’à y réagir rapidement, en garantissant le développement, la production, l’acquisition et la répartition équitable des contre-mesures médicales essentielles.
Trois nouvelles stratégies viennent appuyer la réponse aux grandes problématiques liées à la souveraineté sanitaire :
La relocalisation de nos productions passe en premier lieu par le renforcement et/ou la modernisation des usines de production déjà existantes sur le territoire européen. En effet, environ 600 existent à l’échelle européenne et leur performance n’est pas remise en question, bien au contraire. Afin de renforcer ces sites, l’idée porte davantage sur la possibilité d’étendre leurs capacités de production et de développer des usines polyvalentes, permettant de fabriquer plusieurs typologies de produits pharmaceutiques (ex : production de vaccins et de médicaments au sein de la même usine).
On peut prendre l’exemple de Recipharm qui a obtenu un financement de 35M d’euros pour adapter deux lignes de production pour la production de seringues et flacons de vaccins ou encore Valdepharm qui a mis en place une nouvelle ligne de production de corticostéroïdes.
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Le développement des « Contract Development Manufacturing Organisations » (CDMO) au sein des territoires est un objectif pertinent pour notre souveraineté sanitaire, étant donné que la production pharmaceutique en France est déjà largement sous-traitée. Les CDMO sont des industriels qui proposent des services de production pour des tiers. Elles rassemblent les compétences et les capacités nécessaires pour prendre en charge partiellement ou entièrement le développement et la production d’un produit ou un dispositif médical. L’objectif d’une CDMO est de proposer des solutions globales aux laboratoires pharmaceutiques, leur permettant à la fois d’accéder aux technologies les plus récentes et de réduire leurs coûts et ainsi d’’être plus compétitifs.
« En accompagnant des territoires dans leur développement économique, un des leviers d’action que nous proposons à nos clients est l’installation de nouveaux CDMO, permettant de répondre aux besoins de production et d’encourager le développement de pôles d’expertises sur les territoires, comme cela existe déjà dans certains de nos pays frontaliers », explique Marie Fauchadour, Directrice de l’équipe Innovation et Politiques publiques d’Alcimed »
Cependant la relocalisation de la production n’est pas la seule solution pour garantir notre souveraineté sanitaire. Il faut également supporter le développement des thérapies de demain par l’appui au développement des biothérapies et le développement d’une offre de bioproduction.
La France est aujourd’hui en troisième position des pays développant des programmes de recherche et développement autour des thérapies cellulaires et géniques, derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Cependant ses sites de bioproduction se concentrent principalement sur les biomédicaments matures commercialement, tels que les vaccins, et non sur des molécules en devenir, avec un faible nombre d’essais cliniques avancés. De plus, la France dépend à 95% de biothérapies étrangères.
Pour répondre à ces enjeux, Alcimed a repéré une initiative qui émerge sur nos territoires : la mise en place de biofonderies. A l’instar de la biofonderie industrielle inaugurée dans la métropole lilloise, ces nouvelles structures dédiées à la recherche en génétique ont vocation à automatiser des tâches auparavant manuelles (pipetage, introduction de matériel génétique, etc.). Elles permettent ainsi aux scientifiques d’étudier et programmer à très grande échelle des cellules, et in fine d’accélérer considérablement les cycles de développement.
« Nous sommes passés de 10.000 tests par mois à 10.000 tests par jour. A terme, nous visons 100.000 », explique Christine M’Rini Puel, Directrice recherche et développement de l’entreprise Lesaffre, dans une interview de France 24. Aujourd’hui Il semble donc crucial pour le secteur de la santé d’investir dans ces nouvelles technologies qui constituent certes un défi majeur pour la science, mais un véritable potentiel de développement pour l’économie, le système de soins et la souveraineté sanitaire.
La souveraineté sanitaire, enjeu majeur de nos territoires, voit dans la relocalisation et le développement des industries de santé des pistes de solutions prometteuses pour sa souveraineté sanitaire. Mais outre les bonnes intentions, comment s’assurer de la faisabilité scientifique, technique et économique de ces projets ? Quels acteurs seront prêts à s’engager ? Qui portera les risques et les investissements ? Nos équipes sont en mesure de vous accompagner sur la compréhension de ces enjeux et la mise en place des solutions à mettre en œuvre pour y répondre. N’hésitez pas à contacter notre équipe !
A propos de l’auteur,
Charlotte, Consultante au sein de l’équipe Innovation et Politiques publiques d’Alcimed en France
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