Les Troubles Spécifiques du Langage et des Apprentissages (TSLA) chez les enfants et adolescents : vers des réponses graduées pour éviter les ruptures de parcours

Publié le 11 avril 2017 Lecture 25 min

Dans une classe d’école primaire, on estime qu’en moyenne 2 à 4 élèves nécessitent un accompagnement spécifique pour un Trouble Spécifiques du Langage et des Apprentissages (TSLA). Malgré une prévalence importante, ces troubles restent insuffisamment diagnostiqués et pris en charge, ce qui peut provoquer notamment de grandes difficultés scolaires chez les enfants. Face à ces problématiques, les pouvoirs publics souhaitent mettre en place des réponses graduées, nécessitant l’intervention coordonnée des différents intervenants. Alcimed travaille en Normandie à accompagner ces structurations.

Les TSLA : de quoi parle-t-on ? [1]

Les principaux troubles de l’apprentissage chez l’enfant sont les troubles « dys » (dyslexies, dyspraxies, dysphasie, dyscalculie, etc.), qui sont spécifiques à une fonction cognitive (langage écrit, langage oral, gestes, etc.)

Ces troubles, s’ils n’impliquent pas une déficience intellectuelle, sont souvent associés à d’autres symptômes (troubles du comportement, agressivité, etc.) qui nécessitent l’intervention de multiples acteurs hétérogènes en charge de coordonner leurs interventions : suivi sanitaire et paramédical (orthophonie), accompagnement médico-social, adaptations scolaires, etc.

N.B.: Données de prévalence: Les troubles du langage, allant du simple retard à la dysphasie, auraient une prévalence de 15 % dans la population et la dyslexie (qui reste sous-diagnostiquée) de 10 %. En outre, les troubles de coordinations (dyspraxie) représenteraient 5 à 7 % des difficultés scolaires. Dans 70 à 80 % des cas, les troubles dyspraxiques impliquent une dyslexie, dont les conséquences peuvent cependant s’améliorer grâce à une bonne prise en charge.

De nombreuses difficultés rencontrées par les personnes et leur entourage ainsi que par les professionnels qui les accompagnent

Lorsqu’ils ne sont pas pris en charge de manière adaptée, les troubles peuvent entrainer de grandes difficultés pour les enfants, notamment des difficultés scolaires.

« Les parcours des enfants avec TSLA et leurs familles sont souvent complexes s’ils ne sont pas pensés à l’échelle d’un territoire. L’enjeu est celui d’organiser les parcours pour favoriser les prises en charge les plus précoces possibles, afin de prévenir l’entrée dans le champ de la compensation », explique Marie Sophie Ferreira, Responsable de Mission en Politiques Publiques de Santé chez Alcimed.

Penser cette structuration nécessite de dépasser certaines difficultés qui ont pu être observées lors d’une étude conduite par Alcimed en 2016 pour l’ARS de Normandie[2]:

  • – Une offre de services (soin, éducatif, médico-social…) fragmentée et peu visible sur les territoires, qui peut entraîner le découragement des familles et des ruptures de parcours.
  • – Des freins administratifs, notamment les difficultés rencontrées autour des doubles prises en charge, qui limitent la mise en place de solutions adaptées.
  • – Un manque d’interconnaissance et d’échange professionnel qui freine les acteurs des différents champs dans la coordination complémentaire de leurs interventions.
  • – Des blocages dans la mise en œuvre du repérage et du diagnostic des troubles qui peut être lié à la fragmentation de l’offre ou au défaut de formation de certains intervenants.
  • – Des centres de référence engorgés par des orientations de situations pouvant être prises en charge par des acteurs de proximité.

Pour éviter les ruptures de parcours ou l’errance des familles, les réponses apportées évoluent et tendent vers la structuration de parcours gradués

Pour faire face à ces difficultés, les recommandations nationales[3] convergent vers la mise en place d’organisations graduées pour coordonner les prises en charge sanitaire, éducative ou adaptative en partenariat avec la PMI et l’école dans une logique de subsidiarité entre acteurs.

Alcimed accompagne, en ce sens, les acteurs normands dans la définition de lignes d’intervention sur les territoires :

  • – 1ère ligne : repérage et dépistage des troubles (familles, équipes des PMI, de l’école, médecins de proximité, orthophonistes, etc.)
  • – 2ème ligne : évaluation, diagnostic pluridisciplinaire, annonce du diagnostic aux familles, et selon les besoins prise en charge sanitaire et/ou éducative et/ou accompagnement médico-social (CMP, CMPP, CAMSP, équipes pluridisciplinaires fonctionnant en réseau, etc.)
  • – 3ème ligne : appui, formation des professionnels de 1ère et 2ème ligne, animation territoriale, diagnostic et évaluation des situations complexes (Centre de Référence régional sur les TSLA).

« Les territoires doivent aujourd’hui se saisir des recommandations nationales, de bonnes pratiques et les adapter aux spécificités de l’offre en présence », Marie-Sophie Ferreira, Responsable de Mission en Politiques Publiques de Santé chez Alcimed.

[1] Plan d’action TSL 2006, CP AFPA mai 2015, guide CNSA, circulaire DHOS/O 1 n°2001-209
[2] Alcimed a accompagné l’ARS de Normandie dans la structuration d’un plan d’action pour la Normandie orientale visant à améliorer le repérage, le diagnostic et la prise en soin des troubles spécifiques du langage et des apprentissages.
3] Notamment le guide d’appui pour l’élaboration de réponses aux besoins des personnes souffrant des Troubles Dys, publié par la CNSA en décembre 2014

 

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