Prise en charge du psoriasis : évolutions récentes et problématiques persistantes

Publié le 19 octobre 2017 Lecture 25 min

Avec plus d’un million et demi de français atteints et aucun traitement curatif existant à ce jour, le psoriasis représente un enjeu de santé publique majeur. A l’occasion de la journée mondiale du psoriasis le 29 octobre prochain, Alcimed, société de conseil en innovation et développement de nouveaux marchés, revient sur les dernières évolutions dans la prise en charge des patients et les grands chantiers qu’il reste à aborder.

Le psoriasis est considéré aujourd’hui comme la pathologie dermatologique la plus courante après l’acné et l’eczéma. Les patients atteints souffrent de l’apparition de plaques plus ou moins étendues, qui touchent aussi bien la peau que le cuir chevelu ou les ongles, et sont associées à de fortes démangeaisons. Cette maladie est souvent perçue comme stigmatisante par les patients, et les idées reçues telles que le fait qu’elle soit contagieuse ou liée au manque d’hygiène ont un impact sur les patients au-delà des symptômes physiques du psoriasis. Néanmoins, l’arrivée récente de traitements innovants et l’intérêt business du marché qu’ils visent ont modifié sensiblement la manière dont les patients sont pris en charge aujourd’hui.

De nouvelles solutions thérapeutiques plus efficaces pour les patients sévères

Historiquement, les traitements du psoriasis étaient surtout topiques et ciblaient avant tout les symptômes, notamment les éruptions cutanées, associés à la pathologie. Hormis chez les patients les plus légèrement touchés pour qui les traitements topiques ou bien l’utilisation de méthotrexate sont suffisants en première intention, les patients modérés à sévères, représentant près de 50%[1] des patients psoriasiques, nécessitent des options thérapeutiques plus efficaces.

Depuis le milieu des années 2000, les biothérapies ont fait leur apparition. Elles consistent à inhiber les mécanismes inflammatoires liés au psoriasis et ont montré une efficacité bien supérieure aux traitements usuels, permettant à certains patients atteints d’un psoriasis modéré à sévère d’aboutir à une gestion acceptable de leur maladie. Si des produits tels que Enbrel, Humira ou Stelara sont disponibles pour les patients depuis plus de 7 ans, une nouvelle classe thérapeutique constituée d’anti-IL 17, Cosentyx et Taltz, est venue s’ajouter à l’arsenal thérapeutique déjà en place. Les biothérapies consistent en des traitements sous forme d’injection à prendre régulièrement par les patients à une fréquence variant entre deux fois par semaine et une fois tous les 3 mois en fonction des produits. Ces traitements qui sont certes plus efficaces que ceux historiquement disponibles, sont réservés aux patients qui ont échoué préalablement à deux lignes de traitements systémiques, et ne peuvent être initiés que par une prescription hospitalière et nécessitent également un suivi biologique particulier.

Autre traitement récemment arrivé sur le marché ayant reçu son autorisation de mise sur le marché en 2016 en France, Otezla se pose en tant qu’alternative pour les patients psoriasiques après un premier échec de traitement systémique. Ce traitement se différencie avant tout par son mode d’administration oral, l’absence de suivi biologique ainsi que par la possibilité pour tout spécialiste d’hôpital comme exerçant en ville de le prescrire.

L’enjeu clé de l’amélioration de la qualité de vie des patients grâce à des applications

Dans un marché en mouvement qui évolue rapidement, les acteurs industriels actifs dans le psoriasis ont multiplié les actions visant à améliorer la qualité de vie des patients en lien ou non avec l’utilisation de leurs traitements.

Ainsi, différentes solutions d’accompagnement des patients dans la gestion de leur pathologie ont vu le jour. L’application DailyPso, sponsorisée par Janssen, et téléchargeable depuis 2013, se pose en tant que coach pour les patients atteints de psoriasis. Elle leur permet d’avoir accès à des conseils et astuces en termes de gestion de leur maladie. Elle offre également la possibilité de suivre l’évolution des plaques à l’aide de photos pouvant être partagées avec leur médecin, et elle propose des alertes à paramétrer en lien avec la prise de leur traitement ou leurs consultations.

De plus, de nombreuses actions promues ou bien financées par les laboratoires pharmaceutiques ont eu vocation à adresser la problématique de l’impact psychologique du psoriasis sur les patients. C’est le cas de Novartis qui a lancé en 2016 « Scènes d’un pso, scène d’impro», une tournée de pièces de théâtre, centrées autour du psoriasis, et faisant appel à une troupe d’acteurs, dans le but de dédramatiser les situations quotidiennes difficiles vécues par les patients. Ces représentations, ont également été souvent suivies de discussions ouvertes entre professionnels de santé et patients. Autre exemple servant le même objectif, plusieurs webséries, comme celle développée par Janssen, « Julie et le pso », ont vocation à traiter avec humour les moments de vie des patients avec leur maladie.

Des problématiques persistantes dans la prise en charge des patients psoriasiques

En dépit des avancées thérapeutiques et des actions mises en place à destination des patients, l’accès des patients aux biothérapies reste à améliorer et le manque d’observance au traitement prescrit limite toujours l’efficacité du schéma thérapeutique mis en place.

En effet, les biothérapies étant soumises à primo-prescription hospitalière uniquement, l’accès à ce type de traitement est conditionné au référencement du patient depuis un médecin de ville, dermatologue ou médecin généraliste, vers un praticien hospitalier. Néanmoins, les patients modérés à sévères sont encore, pour un grand nombre d’entre eux, référés tardivement à l’hôpital, voire ne sont pas référés.

D’autre part, le caractère chronique et cyclique du psoriasis conduit de nombreux patients à stopper par eux-mêmes la prise de leur traitement. Comme pour de nombreuses pathologies chroniques, le maintien d’un traitement sur le long terme nécessite une grande rigueur du patient qui n’est pas toujours pérenne dans le temps. De plus, le fait que la maladie soit sujette à des phases de poussées et rémissions conduit certains patients à sortir du schéma thérapeutique justement dans les phases de la pathologie où les symptômes sont moins importants.

Lambert Lacoste, responsable de mission chez Alcimed conclut qu’ « il y a un travail de prise de conscience à mener auprès des patients mais aussi des professionnels de santé. La problématique de l’observance ne pourra être résolue que par l’implication des médecins, dermatologues notamment, dans le fait de motiver les patients à suivre avec précaution les recommandations thérapeutiques. Il est également nécessaire de permettre aux patients d’avoir une vision claire de l’impact que le mauvais suivi de leur traitement peut avoir sur leur qualité de vie et de les impliquer encore davantage dans leur prise en charge

[1] Globaldata, 2016

 

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