L’absence de médicaments efficaces
Jusqu’à présent, la prise en charge médicamenteuse d’Alzheimer consistait à ralentir l’aggravation de ses symptômes. Mais selon la HAS, des études ont prouvé que le service médical rendu pour les patients est minime, avec des effets secondaires non négligeables tels que fractures et chutes. Dans un contexte de réduction du déficit de la sécurité sociale, ces éléments ont conduit la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, à décider du déremboursement de ces médicaments à partir du 1er août 2018. Décision largement controversée, puisque, certes limitée, l’efficacité n’en restait pas moins statistiquement significative selon une « lettre ouverte » à la ministre signée par 194 médecins, neurologues, gériatres et psychiatres.
Vers une thérapie uniquement non médicamenteuse
La prise en charge de la maladie d’Alzheimer en France est désormais entièrement non médicamenteuse, visant à maintenir les niveaux fonctionnels physique, sensoriel, intellectuel, psychologique et social des patients. Elle s’appuie sur l’intervention d’équipes spécialisées d’Alzheimer – ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes, kinésithérapeutes, psychologues,… – se déplaçant à domicile pour assurer des soins de réadaptation. Mais bien que ce type de prise en charge soit déjà bien ancré dans les pratiques – en 2017, 99% des lieux de diagnostic mémoire prescrivaient déjà une prise en charge non médicamenteuse, d’après le rapport de la Fondation Mederic Alzheimer [2]– il ne répond pas à l’enjeu majeur : soigner le patient à la cause.
De nouvelles pistes thérapeutiques
C’est ici que le bât blesse : cette prise en charge devrait rester non médicamenteuse tant que l’efficacité de nouveaux médicaments n’aura pas été démontrée. Le problème ? L’origine de la maladie n’est pas précisément connue, rendant compliquée l’identification de cibles thérapeutiques et le développement de médicaments efficaces. Bien que des lésions cérébrales spécifiques soient observées chez les patients atteints d’Alzheimer, la recherche sur cet aspect, et notamment sur les plaques amyloïdes, s’est soldée par de nombreux échecs au fil des ans. Une étude présentée fin juillet dernier lors du congrès mondial sur la Maladie d’Alzheimer à Chicago [3] a cependant fait renaître l’espoir en révélant les résultats très encourageants d’un médicament ciblant la protéine amyloïde. Les 854 patients inclus dans cet essai de phase II, conduit par les laboratoires Biogen et Eisai, ont non seulement montré une diminution importante de leurs lésions cérébrales, mais aussi de leur déclin cognitif. En outre, d’autres pistes, bien que beaucoup moins prometteuses à court terme, sont également envisagées. Parmi celles-ci, une origine infectieuse de la maladie : une étude publiée fin juin [4] révèle en effet la présence du virus de l’herpès de manière plus fréquente chez les malades d’Alzheimer, tout en démontrant que l’infection n’est pas facilitée par la maladie. L’herpès serait ainsi plutôt cause que conséquence. Quel impact auront ces découvertes sur les nouvelles modalités de prise en charge ? Après plus de 1000 essais cliniques conduits depuis le début des années 2000 sur cette affection, la patience est de mise…
[1] https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/alzheimer-maladie
[2] https://www.fondation-mederic-alzheimer.org/sites/default/files/lettre_fma_4950_web_100718.pdf
[3] http://investors.biogen.com/news-releases/news-release-details/eisai-and-biogen-announce-detailed-results-phase-ii-clinical
[4] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0896627318304215?via%3Dihub