Énergie - Environnement - Mobilité

3 leviers à actionner pour accélérer le développement de la propulsion vélique et décarboner le transport maritime

Publié le 30 mars 2023 Lecture 25 min

Grâce aux nouvelles solutions présentes sur le marché, un transport maritime bascarbone est aujourd’hui envisageable. Cependant, la diffusion de ces innovations nécessite une plus forte mobilisation des acteurs du secteur et la construction de nouvelles filières industrielles. Dans cet article, Alcimed revient sur les conditions d’émergence d’une des technologies pouvant transformer le transport maritime : la propulsion vélique.

Propulsion vélique : une technologie à fort potentiel mais au développement aujourd’hui limité

La propulsion vélique est une des principales technologies existantes pouvant permettre la décarbonation du transport maritime. L’installation d’un système vélique sur un navire peut en effet réduire les émissions de gaz à effet de serre de ses trajets de 20%. Un rapport commandé par le ministère des transports du Royaume-Uni estimait en 2019 que fortes de cette proposition de valeur, et de nombreux avantages, les solutions de propulsion vélique pourraient être installées sur 40-45% de la flotte mondiale en 2050.


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Le gouffre séparant cet objectif des quelques navires à flot semble immense : seulement une vingtaine de grands bâtiments équipés de systèmes de propulsion vélique naviguent aujourd’hui. 3 moteurs doivent être actionnés pour permettre à la filière vélique d’accélérer son développement et d’avancer dans les temps vers cet objectif : la structuration d’un véritable système technico-économique, un positionnement renforcé des acteurs à l’amont et l’aval de la chaine de valeur et le développement de partenariats technologiques clés.

Les 3 leviers pour accélérer le développement de la propulsion vélique

Levier n°1 : structurer le système technico-économique de l’industrie vélique

Pour se structurer, et dé-risquer son développement, l’industrie vélique a avant tout besoin d’une véritable politique industrielle. Ce soutien des acteurs politiques et des investisseurs est plus important que dans d’autres secteurs, car la propulsion vélique bénéficie de peu d’effets d’échelles. À la différence d’autres solutions de décarbonation, comme les batteries par exemple, elle se développe en effet uniquement dans le secteur maritime.

Cette politique industrielle doit être accompagnée par le développement de nouvelles normes et certifications. Les organismes de certification jouent en effet un rôle clé dans la prise de confiance des parties prenantes en une nouvelle technologie. Eux seuls peuvent garantir le bon fonctionnement et le bon niveau de sécurité des navires équipés de systèmes véliques. D’une part, les normes de conception des navires datent pour la plupart des années 1970, et n’encadrent donc pas les systèmes véliques. D’autre part, les gains annoncés par les entreprises diffèrent fortement et sont difficilement comparables en raison d’hypothèses de travail très variables.

Enfin pour ancrer cette ambition dans la durée, les écoles de marine doivent se mobiliser et faire entrer la propulsion vélique dans la culture du transport maritime. Même si aujourd’hui les écoles de marine n’ont pas l’obligation d’inclure des compléments spécifiques à l’usage de systèmes de propulsion vélique, certaines initiatives ont déjà été enclenchées. Des modules dédiés à l’utilisation des technologies véliques ont ainsi déjà fait leur apparition dans des parcours spécialisés, comme à l’École Nationale Supérieure Maritime dans son cursus Ingénieur Maritime – ENG.

Levier n°2 : transformer en amont et en aval la chaîne de valeur de l’industrie maritime

En amont de la chaîne de valeur, les bureaux d’études et les chantiers navals doivent s’organiser pour proposer l’intégration des solutions de propulsion vélique sur les bâtiments existants et les navires en construction. Il est ainsi nécessaire que les bureaux d’études et les architectes navals montent en compétences sur l’optimisation du design des navires à propulsion hybride. Il est également indispensable qu’un nombre important de chantiers navals développent les capacités d’installation nécessaires au rétrofit, à la maintenance et à la réparation de ces solutions.

En aval de la chaîne de la valeur, les chargeurs doivent influencer individuellement et collectivement les compagnies maritimes sur le choix du mode de propulsion. On constate d’ores et déjà que des chargeurs soucieux de leur empreinte carbone et de l’opinion publique ont pu être décisifs dans le choix d’investissement des armateurs. Ce fut par exemple le cas¸ d’ArianeGroup dans le cadre du projet Canopée. L’entreprise a spécifié à son armateur, Jifmar, que le futur navire transportant la fusée Ariane 6 devait être « écologique ». Plusieurs solutions ont été envisagées et la propulsion vélique a été retenue. Ce fut également le cas de Michelin et du Groupe Renault. Ces deux entreprises ont signé un partenariat avec la compagnie nantaise Neoline en vue de transporter des véhicules Renault jusqu’aux îles Saint Pierre et Miquelon sur des rouliers à voile. Les chargeurs peuvent également favoriser le développement de la propulsion vélique en valorisant collectivement l’image du « fret vert ». C’est par exemple le cas de l’initiative Clean Cargo. Cette initiative rassemble à la fois les principaux armateurs mondiaux et de très nombreux chargeurs comme Danone, Michelin, Nestlé, Disney et IKEA.

Lire aussi : Propulsion vélique : le transport maritime se réinvente pour s’adapter à la crise climatique

Levier n°3 : développer des partenariats technologiques clés pour optimiser l’utilisation des systèmes de propulsion vélique

Pour optimiser l’utilisation de leurs nouveaux systèmes de propulsion, les fournisseurs de propulsion vélique ont commencé à développer d’étroites collaborations avec les sociétés de routage. C’est par exemple le cas de l’équipementier vélique AYRO avec la société D-Ice Engineering. Le système OCEANICS de D-Ice Engineering va ainsi être installé à bord du futur navire Canopée afin d’optimiser et de sécuriser les opérations du navire.

Ce type de partenariat est crucial car le développement de la propulsion vélique est contraint par les conditions d’exploitation des navires. Un même navire peut emprunter une grande variété de routes selon les contrats commerciaux signés. Or, certaines routes maritimes sont trop peu venteuses pour que les systèmes véliques soient rentables. Le routage maritime permet d’anticiper les phénomènes météorologiques à venir, d’adapter la trajectoire du navire en fonction des événements en cours et ainsi d’améliorer les performances du bâtiment. Dès lors, la collaboration entre les sociétés de routage et les équipementiers permet d’optimiser l’utilisation des systèmes de propulsion vélique.

Le développement actuel du transport maritime est incompatible avec la crise climatique. Le secteur doit se transformer et la propulsion vélique peut l’y aider. Alcimed peut vous accompagner dans vos projets de mobilité durable. N’hésitez pas à contacter notre équipe !


A propos de l’auteur, 

Maxime, Consultant au sein de l’équipe Energie et Mobilité d’Alcimed en Allemagne

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