Agroalimentaire
Viticulture durable : 3 stratégies innovantes pour se départir des phytosanitaires
Quels leviers d’innovation mettre en œuvre pour construire un modèle viticole plus durable ?
Le réchauffement climatique, la densification et les mouvements de population, ou encore les confinements engendrés par l’épidémie de COVID, ont fortement contribué à la recrudescence de la présence des nuisibles. En témoigne la prolifération des rongeurs en ville, l’accroissement des populations d’insectes voire l’exacerbation de la présence des punaises de lit au sein des habitations. La gestion de ces nuisibles est ainsi devenue une problématique majeure aujourd’hui, contrainte par une volonté accrue des consommateurs d’utiliser des méthodes plus naturelles et respectueuses de l’environnement pour éradiquer les organismes nuisibles et de diminuer l’usage des produits chimiques ; entrainant par conséquent une véritable transformation du secteur de l’hygiène publique et rurale. Alcimed s’est intéressé aux solutions naturelles qui représentent une évolution majeures du secteur de la dératisation et désinsectisation et permettront de répondre à la forte demande sociétale.
Avant tout, qu’est-ce qu’un nuisible ? Un organisme est appelé nuisible lorsque son activité a des effets néfastes sur la santé publique, et sur le bon fonctionnement des activités humaines, comprenant l’agriculture notamment ; on parle alors des animaux, des plantes, des virus, des champignons ou bien des bactéries. Dans cet article nous nous intéresserons uniquement aux insectes et aux rongeurs.
Les organismes nuisibles sont en forte croissance à la fois en milieu urbain et en milieu rural. Les populations de rongeurs (rats et souris) s’accroissent dans ces deux milieux du fait des conditions propices à leur pullulement, telles que l’augmentation des points de composts au sein des villes ou bien le stockage des denrées alimentaires pour animaux d’élevage.
Parmi les insectes nuisibles, la présence des punaises de lit en milieu urbain principalement a été accentué par les déplacements de population ainsi que par les confinements successifs. Une recrudescence des insectes piqueurs (guêpes ou frelons asiatiques) et rampants (fourmis) et a été fortement observée en raison du réchauffement climatique à la fois en milieux urbain et rural.
Pour lutter contre ces organismes nuisibles, de nombreuses substances chimiques sont utilisées, telles que les anticoagulants ou hypercalcémiants contre les rongeurs et des insecticides à base de carbamates, pyréthrinoïdes de synthèse ou encore des néonicotinoïdes de synthèse. Toutefois, l’usage des substances chimiques est de plus en plus remise en cause, avec des réglementations plus contraignantes dans ce secteur, telle que la fin de l’appâtage permanent (c’est-à-dire la mise en place de façon illimitée d’appâts rodonticide afin de prévenir les infestations de rongeurs), ou bien des substances moins efficaces dues aux résistances développées par les nuisibles. Enfin, la Commission européenne a présenté, le 25 avril 2022, une liste de produits chimiques à interdire à l’horizon 2030 dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe parmi lesquelles figurent certaines substances utilisées dans les produits raticide et insecticide. A ces différents éléments, s’ajoute une forte attente sociétale pour de nouvelles solutions plus alternatives, plus naturelles et vertueuses, à la fois pour la santé humaine et pour l’environnement.
De nombreux techniciens hygiénistes sont soucieux pour la santé de leurs clients ainsi que la leur, et cette volonté accrue de se protéger des effets nocifs des substances chimiques sur leur santé s’opère via le port d’Equipement de Protection Individuelle (EPI) mais également par l’utilisation de solutions plus naturelles, également plus vertueuses pour l’environnement.
Les particuliers, qui achètent principalement leurs produits anti-nuisibles en grandes enseignes de jardinage, sont également plus attentifs, en plus de l’efficacité des produits, à la santé de leur famille, aux produits respectueux de l’environnement et à l’origine des produits.
Enfin, dans de nombreux domaines, l’utilisation de méthodes alternatives ou naturelles sont de plus en plus préconisées, les produits chimiques y étant restreints, tels que dans les élevages biologiques ou encore l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique.
Pour faire face aux différents enjeux rencontrés dans le secteur de la dératisation et désinsectisation, des méthodes préventives et de luttes alternatives se développent. Parmi celles-ci on retrouve les solutions mécaniques; les solutions « naturelles » à base d’huile essentielles, les solutions thermiques, les solutions biologiques et enfin les solutions technologiques.
Ce sont des solutions particulièrement appréciées par les particuliers car généralement peu coûteuses, et plus respectueuses de l’environnement. De nombreuses actions peuvent en effet être entreprises en traitement préventif pour empêcher le développement de populations de rongeurs, notamment le bouchage des points d’entrée dans les habitations et/ou bâtiments, l’utilisation de matériaux bloquants spécifiques. Des pièges peuvent être utilisés comme alternatives, les rongeurs sont attirés sans utilisation d’appâts empoisonnés ni aucune substance chimique. Durables, ces pièges semblent être une bonne alternative pour répondre à la suppression de l’appâtage permanent. Pour les insectes nuisibles, parmi les solutions favorisées par les particuliers se trouvent les plaques de glu, utilisées pour le comptage des insectes.
Les techniciens hygiénistes, quant à eux, utilisent de plus en plus la terre de diatomée comme solution physique ; elle est peu chère et peut notamment être utilisée en présence d’animaux, par exemple au sein d’élevages. Se développe également le désinsectiseur électrique d’insectes volant (DEIV) utilisant des lampes LED au sein des industries, dont l’industrie agroalimentaire ; ces derniers permettent notamment d’éviter la contamination des denrées alimentaires par des substances toxiques.
Si les huiles essentielles, telles que la citronnelle et le géranium sont bien connues pour leurs effets répulsifs contre les insectes, elles peuvent également tenir éloignés les rongeurs des habitations. Il en est de même pour certaines plantes telles que la menthe, la sauge ou le laurier. Ce sont des solutions de plus en plus appréciées par les particuliers, abordables économiquement, elles sont respectueuses de la santé humaine et de celles des animaux de compagnie.
De nouvelles solutions innovantes se développent dans la lutte anti-rongeurs. Ces dispositifs peuvent reposer sur des ultrasons perturbant le système nerveux des rongeurs, entrainant leur fuite ou des solutions de monitoring de la présence de ceux-ci, avant d’engager un traitement curatif.
Les stockeurs, coopératives, agriculteurs se tournent également vers de nouvelles technologies de détection et d’analyse des insectes présents dans les silos de céréales, basés sur l’utilisation de caméra et de sonde thermique (exemple : technologie IoTrap, développée par Javelot).
Plus durables car n’utilisant pas de produit chimique, ces solutions permettent de maitriser la présence des nuisibles. Toutefois, ces techniques principalement utilisées par les techniciens hygiénistes dans l’industrie, restent aujourd’hui très couteuses, et leur utilisation par conséquent limitée.
Pour venir à bout de certains insectes, notamment les punaises de lit, les blattes ou les insectes de produits stockés, un traitement thermique peut être appliqué, permettant l’élimination de tous les stades de vie d’un insecte (de l’œuf à l’adulte). Très efficace, la désinsectisation thermique est plus respectueuse de l’environnement, car n’utilise pas de produit chimique, et se base sur la coagulation des protéines chez les insectes nuisibles. Toutefois, très couteux, les traitements thermiques sont peu employés par les techniciens hygiénistes.
Encore très rare, mais relativement efficace, la lutte biologique ne consiste pas à éradiquer l’ensemble des nuisibles, mais plutôt à réguler leur population, via l’utilisation de prédateurs dont le but est de tuer les insectes nuisibles, de parasitoïdes (entrainant la mort des larves des nuisibles), ou de pathogènes (virus, bactérie ; contaminant les nuisibles). Ces « auxiliaires » peuvent être déjà présents, il s’agira alors de faciliter leur développement, ou de les introduire de façon artificielle.
Le secteur de l’hygiène publique et rurale est en pleine transition, pour répondre à une forte demande sociétale sur l’utilisation de solutions plus respectueuses de la santé et de l’environnement. Ces besoins et attentes sont une opportunité pour les acteurs de ce secteur, à la fois de communiquer et valoriser des produits déjà existants dans leurs portefeuilles, mais également en développant de nouvelles gammes de produits répondant à cette tendance. Alcimed est prêt à soutenir les acteurs de cette transition, n’hésitez pas à nous contacter !
A propos de l’auteur,
Manon, Consultante et Claire, Responsable de Mission au sein de l’équipe Sciences de la Vie d’Alcimed en France
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