Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, chaque année, entre 15 et 17 millions de personnes sont victimes d’un AVC – Accident Vasculaire Cérébral – et 6 millions en meurent, en faisant ainsi la 2ème cause de mortalité mondiale. Au cours d’un AVC, 2 millions de neurones sont détruits chaque minute. Tout le monde peut être concerné : 31% des victimes ont moins de 65 ans et même les enfants sont touchés. La Société Française Neurovasculaire estime que l’AVC représente l’une des 10 principales causes de mortalité infantile. A l’occasion de la Journée Mondiale de l’AVC, journée de sensibilisation à sa prévention, l’équipe Santé d’Alcimed s’est intéressée à ce véritable problème de santé publique, qualifié de pandémie par l’OMS.
Quelles sont les deux catégories d’AVC ?
Lorsqu’un AVC survient, le manque d’oxygène et d’éléments nutritifs essentiels au fonctionnement des cellules nerveuses provoque leur mort. En réalité, il existe 2 catégories d’AVC :
L’AVC ischémique ou infarctus cérébral
L’AVC ischémique représente 80% des cas et survient lorsqu’une artère cérébrale ou des vaisseaux sanguins cérébraux se bouchent, soit par le fait d’un caillot sanguin qui s’est formé dans le reste du corps et déplacé ensuite dans le cerveau, – on parle alors d’AVC embolique -, soit par la formation d’un caillot dans le cerveau directement, – on parle alors d’AVC thrombotique -.
Les lésions cérébrales peuvent alors être temporaires, c’est un accident ischémique transitoire, ou permanentes qui entraînent la destruction d’une partie du tissu cérébral pour l’infarctus cérébral.
L’AVC hémorragique
L’AVC hémorragique survient dans les 20% de cas complémentaires lors de la rupture d’un vaisseau sanguin qui irrigue le cerveau. Si le saignement qui en résulte survient dans le cerveau, on parle d’hémorragie cérébrale. Si ce saignement survient entre le cerveau et les méninges (membranes entourant le système nerveux central), on parle d’hémorragie méningée.
Le pronostic d’un AVC hémorragique dépend de la taille de l’hématome, de l’âge du patient, ainsi que de son état général antérieur. En effet, il peut être responsable de troubles de la conscience, voire d’un coma et une rééducation, souvent prolongée, est nécessaire.
Les AVC : causes et facteurs de risques
- Etant responsable de 50% des AVC ischémiques, la fibrillation auriculaire, un trouble du rythme cardiaque qui entraîne un battement rapide et irrégulier du cœur, est un des facteurs de risque prépondérant de l’AVC.
- L’excès de cholestérol et le diabète peuvent également être des causes d’AVC. En effet, dans les deux cas, ils peuvent contribuer à l’apparition de caillots sanguins qui bloquent l’afflux sanguin au cerveau.
- L’hypertension artérielle est également un facteur de risque. En effet, la pression exercée sur les vaisseaux sanguins les prédispose à se bloquer ou même à se rompre.
- L’excès d’alcool qui a pour effet de favoriser l’hypertension, est aussi un facteur de risque.
- Le tabac, quant à lui, double le risque d’AVC. En effet, le monoxyde de carbone prend la place de l’oxygène en se fixant sur les globules rouges. Les organes se trouvant alors moins oxygénés, la fréquence cardiaque et la pression artérielle vont augmenter, pouvant provoquer une obstruction du système sanguin.
- Enfin, l’absence d’activité physique contribue au développement des maladies cardio-vasculaires telles que les AVC.
Pourquoi la sensibilisation et la prévention de l’AVC sont si importantes : les conséquences de l’AVC
Les conséquences des AVC sont majeures pour la victime. Dans un cas sur quatre, l’AVC entraîne le décès.
Il peut avoir d’autres lourdes conséquences :
- Provoquer une perte des capacités d’apprentissage
- Affecter le langage, la pensée et les émotions
- Ou encore être à l’origine d’aphasie ou d’hémiplégie. L’aphasie correspond à la perte totale ou partielle de la capacité de parler ou de comprendre. L’hémiplégie quant à elle correspond à une paralysie d’une ou plusieurs parties du corps de façon latéralisée. Si l’hémiplégie est totale, les membres inférieur et supérieur, le tronc et la moitié de la face sont touchés.
L’AVC a également de lourdes conséquences pour les proches des victimes. En effet, en cas de séquelles, il faut accepter que la personne que fût la victime n’est plus la même. Il faut aussi apprendre à vivre avec le regard des autres sur son proche malade.
La prise en charge des AVC est en évolution
Aujourd’hui, la solution la plus courante est l’administration de TPA – activateur tissulaire du plasminogène -, qui permet de décomposer les caillots sanguins à l’origine de l’AVC. Ce traitement est efficace dans le traitement de l’AVC ischémique à condition d’être administré dans les 4,5 heures qui suivent les premiers symptômes.
Depuis 2004, la thrombectomie mécanique, qui permet d’éliminer physiquement un caillot sanguin, représente une grande avancée dans la prise en charge de l’AVC ischémique. Cependant cette technique est confrontée à quelques barrières : encore trop peu de chirurgiens formés et un investissement en équipement très coûteux pour les hôpitaux, même si elle continue de gagner en popularité.
Concernant l’AVC hémorragique, le traitement peut être chirurgical pour vider la poche de sang qui compresse une partie du cerveau et des traitements à long terme, comme des anti-coagulants, peuvent être prescrits pour éviter les rechutes.
Cependant, de nouveaux traitements de l’AVC hémorragique s’ouvrent aux chirurgiens, comme la coupure chirurgicale (cela consiste à placer un clip à la base de la zone provoquant le saignement, pour arrêter le flux et empêcher la zone de saigner à nouveau), l’enroulement (cette opération consiste à guider un fil à travers l’aine et jusqu’au cerveau tout en insérant de petites bobines pour combler les zones de faiblesse et de saignement) ou encore l’ablation chirurgicale (le chirurgien peut déplacer une petite partie de la zone endommagée, mais ce type d’opération est un dernier recours car elle est considérée comme à très haut risque et ne peut pas être effectuée sur de nombreuses zones du cerveau).
La sensibilisation et la prévention de l’AVC pour sauver des vies : reconnaître les symptômes de l’AVC
La prévention, mais aussi la sensibilisation à l’AVC est importante car reconnaître les symptômes d’un AVC permet de réagir vite et peut donc permettre de réduire les lésions cérébrales et d’améliorer les chances de survie et de récupération.
Trois principaux symptômes doivent donner l’alerte :
- Le premier correspond à une paralysie brutale du visage ou parfois à la perte de sensibilité du visage.
- Le deuxième peut être un engourdissement, une faiblesse ou une paralysie brutale d’un bras ou d’une jambe.
- Le dernier correspond à des troubles soudains de la parole, comme des difficultés pour parler, pour articuler ou même pour comprendre ce qui est dit.
Dans le cas d’un AVC ischémique, il est important de noter que des symptômes qui se manifestent peuvent disparaître en moins de 24 heures. Cependant, ces symptômes peuvent être un signe avant-coureur d’un AVC plus grave. Les conséquences d’un AVC dépendent de la rapidité de la prise en charge. C’est pourquoi, il est important de mieux former la population à la détection des cas.
L’AVC est une cause importante de mortalité dans le monde, et c’est aussi la première cause de handicap acquis chez l’adulte. La vitesse de prise en charge médicale est clé : dès l’apparition d’un ou plusieurs symptômes de l’AVC, il faut absolument consulter les services médicaux afin de limiter au maximum les conséquences lourdes des AVC. Enfin, la prévention des facteurs de risque de l’AVC, sur la plupart desquels il est possible d’agir, demeure une priorité.
A propos de l’auteur,
Amaury, Consultant dans l’équipe Santé d’Alcimed en France