D’ici 2025, on comptera plus d’un milliard de femmes dans le monde confrontées aux symptômes de la ménopause. Cela représente un marché potentiel de 600 milliards de dollars mais qui reste largement inexploité, car ce segment des soins semble peu considéré. A l’occasion de la journée internationale de la ménopause, le 18 octobre, Alcimed vous invite à vous pencher sur le sujet, ses défis et ses progrès.
Les symptômes et les complications de la ménopause nécessitent des solutions
Alors que dans environ un quart des cas, les femmes ne présentent aucun symptôme de ménopause, environ 75 % d’entre elles éprouvent des symptômes perturbateurs, qui entraînent souvent une dégradation de la qualité de vie et des problèmes de santé potentiellement à long-terme.
Par exemple les changements, qu’ils soient hormonaux ou d’autre nature, causés par la ménopause peuvent augmenter le risque de maladie cardiaque. En outre, les interactions avec le système reproducteur sont cruciales pour le vieillissement du cerveau. La baisse du taux d’œstrogènes chez la femme est le point de départ de nombreux symptômes neurologiques, par exemple les bouffées de chaleur, les frissons, les sueurs nocturnes, les problèmes de sommeil, le ralentissement du métabolisme, les trous de mémoire, les changements d’humeur et même la dépression. Les œstrogènes étant importants pour la production d’énergie dans le cerveau, une baisse du taux d’œstrogènes entraîne un vieillissement plus rapide des neurones et une augmentation possible des facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer, comme les plaques amyloïdes. Bien que les performances cognitives ne soient pas directement affectées par la ménopause, de nombreux symptômes indésirables nécessitent une attention et des solutions.
Après la ménopause, le risque pour les femmes de souffrir de certaines pathologies augmente. Citons par exemple les maladies cardiovasculaires, l’ostéoporose, l’incontinence urinaire, la sécheresse vaginale et la prise de poids.
La ménopause : un segment de soins peu considéré
Pendant des décennies, les traitements les plus couramment utilisés pour les symptômes de la ménopause étaient des médicaments sur ordonnance – le traitement hormonal substitutif (THS) qui peut notamment soulager les bouffées de chaleur. Preuve de son succès, le THS était le médicament le plus vendu aux États-Unis en 1992. Suite à la mise en lumière d’effets secondaires négatifs du THS, tels que l’augmentation du risque de cancer du sein invasif et de caillots sanguins, plus de 70 % des femmes ont déclaré qu’elles préféraient essayer des traitements non hormonaux avant d’utiliser des médicaments sur ordonnance pour traiter leurs symptômes de la ménopause.
Parallèlement, les THS utilisés en Europe sont différents des traitements anglo-saxons. Par exemple, des progestatifs biosimilaires et des patchs d’estradiol biosimilaires sont utilisés en France. Une étude appelée « E3N » a débuté dans les années 1990 rassemblant 80 000 femmes et a montré que ces hormones n’augmentent pas le risque de cancer du sein ou de maladies vasculaires. Néanmoins, ces alternatives sont contre-indiquées à certaines femmes, notamment celles ayant des antécédents de cancers gynécologiques et du sein, de phlébite, d’embolie pulmonaire et de certaines maladies rares du foie.
Les alternatives en vente libre sont souvent inefficaces, laissant les femmes vivre une ménopause désagréable sans solution efficace.
Défis découlant de la R&D et des investissements
L’absence d’alternatives découle du manque de connaissances sur la santé des femmes générée lors des phases cliniques de R&D. Historiquement, la FDA a recommandé d’exclure les femmes des essais cliniques en 1977 et n’est revenue sur cette position qu’en 1993. En 2018, seuls 56% des essais incluaient des femmes.
Les startups passent également à coté de cette opportunité : seulement 5 % des startups dites Femtech abordent la ménopause car la plupart des investissements visent les femmes en âge de procréer.
Innovation sur le segment de la ménopause : dispositifs connectés et applications mobiles
Néanmoins, 4 femmes sur 5 sont intéressées par des méthodes non invasives qui pourraient soulager leurs symptômes de la ménopause. Ainsi, la demande existe et l’offre se développe enfin et elle est portée par l’innovation.
Par exemple, EloCare, le gagnant du 2020 AARP* Hacking Menopause Challenge, a conçu un assistant de ménopause, composé de capteurs portables portés comme un collier ou un bracelet, qui est accompagné d’une application mobile. Les femmes peuvent surveiller sur l’application leurs symptômes comme les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, l’insomnie et les irrégularités du rythme cardiaque. L’application peut ensuite donner aux utilisatrices des suggestions d’intervention basées sur les données recueillies ou les mettre en relation avec un spécialiste de la ménopause pour un traitement disponible aux États-Unis.
Parmi les autres technologies notables, citons un dispositif portable (Pride Chill) qui aide à lutter contre les bouffées de chaleur en refroidissant l’air respiré par les femmes et un masque de sommeil (NYX Systems) qui suit le sommeil des femmes grâce à trois dispositifs, qui affiche les données et fournit ensuite des recommandations pour aider à retrouver un sommeil réparateur.
En outre, il existe des applications mobiles aux États-Unis, comme CurieMD, un service de télésanté par correspondance qui propose des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause. Genneve, un autre service de télésanté en ligne destiné aux femmes ménopausées, offre différents services allant du soutien en matière de nutrition et de remise en forme à un coach de santé personnel dédié. Genneve a levé 4 millions de dollars lors d’un tour de financement en 2019, ce qui représente en réalité une toute petite enveloppe dans le domaine pharmaceutique.
Cependant, même les startups les mieux établies luttent pour rester en activité : The Cusp a été fondée en 2018 et a obtenu une première levée de fonds de 4 millions de dollars, pourtant elle a brusquement cessé toutes ses activités en décembre 2020 après s’être retrouvée à court d’argent et faute d’avoir réussi à lever des fonds supplémentaires…
La ménopause n’est pas une maladie mais une partie naturelle du vieillissement et il est nécessaire de briser les tabous autour afin de trouver des solutions et d’améliorer la santé et la vie des femmes. Alcimed est prêt à soutenir les acteurs et les solutions orientés vers ce besoin médical non satisfait, n’hésitez pas à nous contacter !
A propos de l’auteur,
Christelle, Responsable de Mission dans l’équipe Santé d’Alcimed en France